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Petit topo sur « One Belt One Road » (les nouvelles routes de la soie)

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Petit topo sur "One Belt One Road" (les nouvelles routes de la soie)

De quoi s’agit-il ?

Le projet OBOR a été lancé en 2013 par Xi Jinping au cours d’un discours à Astana, au Kazakhstan. Qualifié par ce dernier de « projet du siècle », l’idée est de renforcer la présence de la Chine sur le plan mondial en investissant massivement dans la construction d’infrastructures du Pacifique jusqu’à la mer baltique. Budget approximatif : 1000 milliards de $.

Le projet concernerait pas moins d’une centaine de pays à travers le monde (Afrique, Asie, Moyen Orient, Europe centrale).

Globalement, la Chine affiche 3 objectifs : 

1. Favoriser la montée en gamme (devenir un des acteurs incontournables des industrie de pointe)

2. Développer les régions en retard (ex : désenclaver certaines régions de l’ouest du pays, notamment le Xinjiang en créant un corridor avec le Pakistan pour atteindre la mer d’Arabie)

3. Exporter les surcapacités (acier, ciment etc)

Mais penser que ce projet n’est que d’ordre économique serait une erreur. La Chine déploie plutôt depuis le lancement de l’opération une vaste stratégie de communication bien ficelée censée faire d’elle la première puissance mondiale. Du seul secteur des transports, le projet s’est élargi aux secteurs culturels et touristiques et s’étend depuis 3 ans à de nouvelles régions du monde comme l’Arctique, l’Afrique ou encore l’Amérique du Sud. L’initiative devrait permettre de relier environ 65% de la population mondiale et 1/4 du PIB mondial avec la Chine, selon McKinsey.

Quelques exemples concrets de diffusion du soft power chinois : harmonisation des systèmes éducatifs à travers tous les pays concernés par la Nouvelle route de la soie (à l’avantage de la Chine évidemment), diffusion de la médecine chinoise au reste du monde.

 

Une ambition politique

Derrière ce plan se cache bien évidemment un enjeu plus gros. Il y a de claires ambitions diplomatiques et politiques en fond. C’est en effet l’opportunité pour Xi Jinping de remettre en question les systèmes politiques qui se sont imposés internationalement et de défendre son propre modèle. En diffusant habilement un certain modèle idéologique, Xi Jinping nous présente une alternative à nos démocraties occidentales, sujettes à de nombreux maux. Ce qui est mis en avant est un Etat fort, très centralisé, sans bureaucratie, qui serait bien plus efficace que nos propres modèles. Ce « Rêve chinois » s’inscrit dans un objectif de long terme, qui imagine la Chine comme le pays socialiste idéal d’ici à 2049 (centenaire de la République Populaire de Chine).

 

Les réactions des grandes puissances 

Le moins que l’on puisse dire est que l’initiative de Xi Jinping fait couler beaucoup d’encre depuis son annonce. Christine Lagarde (FMI) met en garde contre les risques de dérapages financiers et d’endettement des pays concernés par le projet. Si les pays sont officiellement censés investir ensemble, dans les faits c’est surtout la Chine qui met la main à la poche. Il en résulte donc qu’un grand nombre de ces chantiers sont en réalité financés par des prêts d’institutions chinoises. Ce risque est au centre des critiques. Ainsi, le Sri Lanka, qui s’était lourdement endetté auprès de la Chine pour l’aménagement d’un port en eaux profondes, s’est vu contraint de céder le contrôle de l’infrastructure à Pékin pour éviter une spirale d’endettement (se pose alors la question d’une perte de souveraineté des pays partenaires de la Chine).

Les Etats-Unis restent méfiants et avancent que cette initiative est avant tout « un stratagème politique et géostratégique de la part du gouvernement chinois qui consiste à s’immiscer dans la politique des pays et à faire progresser les options d’implantations de bases militaires sous couvert de l’aide au développement », selon le haut responsable de la Maison Blanche.

Le continent européen demeure plutôt divisé sur la question du projet chinois. Certains pays (Hongrie, Grèce, Roumanie, République Tchèque) le soutiennent formellement en ayant signé un MoU (Memorandum of Understanding – Mémorandum d’Entente) avec les institutions chinoises. D’autres pays, comme le Royaume-Uni, la France, l’Italie ou l’Allemagne restent sur la réserve et n’ont pas encore signé ce type d’accord.

Cette réserve de l’UE s’est développée dans un contexte plus large de relatives dégradations des relations UE-Chine depuis 2016 (refus de l’UE d’accorder le statut d’économie de marché à la Chine, négociations tendues concernant un accord global sur les investissements avec la Chine, problème récurrent du non respect des droits de propriété intellectuelle etc)

 

D’abord méfiante de l’initiative chinoise (la Russie avait ses propres projets d’extension de la zone eurasienne depuis 2015), la Russie semble se rallier au projet chinois. En cette même année 2015, la Russie et la Chine annoncent un raccordement entre leurs deux initiatives. Un rapprochement lié à des motifs économiques (volonté pour la Russie de profiter du développement chinois, opportunité pour la Russie liée à l’expansion de la Chine vers l’Ouest, complémentarité énergétique pour les hydrocarbures etc) mais également (géo)politiques avec l’occasion pour la Russie de développer de saines relations avec la Chine (aucun différend frontalier ou d’autre type n’assombrit plus leurs rapports) et d’affirmer conjointement leur principe de non-ingérence dans les affaires intérieures.

 

 Pour approfondir davantage le sujet, nous vous recommandons la lecture de ce rapport de l’IFRI Centre Asie (Institut Français des Relations Internationales).

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Benjamin Hautin
Etudiant en Finance, Stratégie et Médias, je gère principalement des relations avec les Grandes Ecoles et du contenu en culture générale. En parallèle étudiant à Sciences Po Paris et à emlyon business school.