Le neuvième Sommet des Amériques, qui s’est tenu le 8 juin à Los Angeles, a mis en évidence les divergences persistantes concernant l’intégration stratégique et multilatérale au sein du continent. Malgré ces désaccords, ce sommet a également été marqué par la signature d’accords significatifs relatifs aux questions migratoires.
Problématique générale : quel bilan peut-on tirer de la relation entre les États-Unis et l’Amérique Latine ?
I- Une coexistence qui n’a pas toujours été harmonieuse
A) Tensions diplomatiques
- La pauvreté et l’instabilité politique dans de nombreux pays latino-américains ont poussé de nombreux citoyens à traverser la frontière avec les États-Unis, une zone devenue militarisée au fil du temps. Cette migration a régulièrement suscité des tensions diplomatiques entre les deux régions. Les caravanes de migrants traversant l’Amérique centrale en direction des États-Unis ont créé des problèmes migratoires et sociaux complexes.
- Une controverse majeure a éclaté lorsque des milliers d’enfants ont été séparés de leurs parents qui avaient immigré illégalement aux États-Unis. Cette politique de séparation familiale a été largement documentée par des médias nationaux et internationaux, notamment par des reportages diffusés sur des chaînes de télévision, des articles de journaux tels que le New York Times et le Washington Post, ainsi que des rapports d’organisations humanitaires telles qu’Amnesty International et Human Rights Watch.
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B) Hostilités politiques
Les tensions politiques ont été manifestes lors du Sommet des Amériques, où les États-Unis ont exclu la participation de Cuba, du Nicaragua et du Venezuela en invoquant leur non-respect des principes démocratiques. Cette décision a suscité des protestations au sein de la région, avec des pays tels que le Mexique et la Bolivie annonçant qu’ils refuseraient de participer si Washington persistait dans cette politique d’exclusion.
En réaction à cette exclusion, Cuba a organisé un contre-sommet de dernière minute à La Havane en compagnie de ses alliés, démontrant ainsi sa capacité à rassembler des forces et à faire entendre sa voix malgré l’exclusion du sommet principal. Cette initiative a accentué les tensions politiques et les dissensions au sein du continent américain.
II- Cependant, les États-Unis montrent une volonté de consolider leurs relations avec l’Amérique latine
A) Intérêts économiques
Le gouvernement de Joe Biden a pris des mesures pour assouplir les sanctions pétrolières contre le Venezuela, conditionnant cela à la reprise du dialogue avec l’opposition. De même, des signes d’apaisement ont été observés à l’égard de Cuba, avec le rétablissement des vols commerciaux vers l’île, la suppression des limites aux envois de fonds et la mise en place d’un programme de regroupement familial. Ces actions visent à soutenir le peuple cubain et encourager une relation plus constructive.
Ces initiatives montrent que les États-Unis cherchent à consolider leurs liens économiques avec la région. Cette démarche s’inscrit dans une stratégie visant à contrer l’influence croissante de la Chine en Amérique latine, tout en se présentant comme des acteurs engagés dans la promotion de la stabilité et de la prospérité dans la région.
B) Influence des États-Unis en Amérique latine
Les États-Unis cherchent à réduire leur dépendance envers les produits chinois, ce qui pourrait avoir des avantages pour l’Amérique latine. Cette région pourrait devenir une alternative attrayante pour délocaliser une partie de la production, en tirant parti de relations privilégiées avec des pays voisins et alliés.
Par ailleurs, les États-Unis jouissent d’une influence significative au sein d’organismes internationaux tels que le FMI (Fonds monétaire international), la Banque mondiale et la BID (Banque interaméricaine de développement). Ils peuvent utiliser cette influence pour renforcer leurs liens avec l’Amérique latine, en favorisant la coopération économique et le développement dans la région.
C) Volonté de rompre avec la politique migratoire de Trump
La nouvelle administration américaine a opéré un changement significatif par rapport à la politique migratoire de l’ère Trump. L’abandon de la construction du mur frontalier en est un exemple concret, signalant une rupture avec cette approche controversée.
Dans les premiers jours de son mandat, le président Joe Biden a présenté un projet visant à « moderniser le système d’immigration américain » au Congrès. Ce projet propose une régularisation potentielle pour les 11 millions d’immigrants illégaux présents sur le territoire américain, marquant ainsi une nouvelle orientation vers une politique plus inclusive et réformatrice en matière d’immigration.
Conclusion
Les liens étroits que Donald Trump a tissés avec l’Amérique latine pourraient compliquer les efforts de Biden pour consolider les relations. Il devra apaiser les tensions avec l’Amérique latine, sur des sujets sensibles comme l’immigration, et redéfinir des alliances et stratégies avec des leaders populistes tels qu’Andrés Manuel López Obrador ou Jair Bolsonaro, qui sympathisent davantage avec les opinions de Trump.
Pour aller plus loin
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