John Maynard Keynes a marqué l’histoire des théories économiques, reconnu aujourd’hui par les économistes comme le plus influent du XXème siècle en ayant insufflé un nouveau paradigme. Il remet en question le libéralisme comme étant une économie traditionnelle attachée au « Laisser faire, laisser passer. ». Il n’a pas confiance en les mécanismes de marché pour rétablir spontanément l’équilibre et préconise une prise en charge de l’économie par le politique de façon ponctuelle.
Son approche s’inscrit dans le cadre de la dépression des années 1930 où les taux de chômage sont forts et durables alors que les Néoclassiques prédisaient une autorégulation du marché. Keynes propose un nouveau libéralisme qui combine efficacité de la croissance, liberté politique et justice sociale. Il doit avant tout sa renommée à la révolution qu’il a opérée dans la théorie économique. Les travaux de Keynes ont influencé et continuent d’influencer la majorité des économistes ultérieurs.
Biographie de John Maynard Keynes
Keynes est né le 5 juin 1883 à Cambridge, au Royaume-Uni. Il a étudié les mathématiques à l’Université de Cambridge, où il a développé un intérêt pour l’économie.
Après la guerre, Keynes a écrit son ouvrage célèbre Les Conséquences économiques de la paix (1919), dans lequel il critiquait le traité de Versailles et prédisait que les réparations imposées à l’Allemagne conduiraient à une instabilité économique en Europe.
En 1936, Keynes a publié son ouvrage majeur, Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie, dans lequel il a présenté sa théorie révolutionnaire sur le fonctionnement de l’économie et a proposé des politiques gouvernementales pour lutter contre le chômage et stimuler la croissance économique. Il s’agit d’une nouveau paradigme qui va considérablement marquer le monde occidental d’après-guerre, c’est une approche macroéconomique où il étudie les relations entre les grandeurs et les données globales de l’économie (Investissement, épargne, consommation).
Keynes a été conseiller économique auprès du gouvernement britannique et a joué un rôle important dans la mise en place de politiques économiques pendant la Grande Dépression et la Seconde Guerre mondiale. Ses idées ont influencé la création de la Sécurité sociale au Royaume-Uni, il a également joué un rôle essentiel dans la mise en place des institutions de Bretton Woods en 1944 (la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International).
Les informations clés sur John Maynard Keynes
- Courant de pensée : Keynesianisme, Politique économique.
- Champ d’étude : Macroéconomie.
- Principaux ouvrages:
- Les Conséquences économiques de la paix(1919)
- Traité sur la monnaie (1930)
- Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie (1936).
L’apport de Keynes à la pensée économique
Keynes a profondément influencé la pensée économique moderne avec ses théories novatrices. Voici quelques-unes de ses contributions les plus importantes.
Remise en cause de la neutralité de la monnaie
“La possession de monnaie en tant que tel calme notre inquiétude est la prime que nous exigeons pour nous séparer de la monnaie et la mesure de notre degré d’inquiétude.“, Traité sur la monnaie, 1930.
Keynes remet en cause la théorie des débouchés de Say. En effet, les individus peuvent considérer l’argent en lui-même, les poussant ainsi à avoir une préférence pour la liquidité et donc thésauriser (conserver la monnaie pour elle-même). En effet, la monnaie réduit l’incertitude de l’avenir, c’est un lien entre le présent et le futur. Il existe 3 motifs de thésaurisation.
- Les individus sont amenés à thésauriser par spéculation (prix pour renoncer à la liquidité),
- précaution (pour faire face aux imprévus) ou
- transaction (pour saisir des opportunités).
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Théorie de la demande effective et équilibre de sous-emploi
Dans son ouvrage Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie (1936), Keynes y récuse l’idée alors dominante qu’une économie de marché se régule spontanément pour atteindre le plein emploi de ses ressources. Il réfute alors la loi de Say selon laquelle l’offre et la demande seraient toujours en équilibre parfait.
Pour Keynes, c’est la demande effective qui constitue le réel moteur de la production et de l’emploi. Il s’agit de la demande de biens de production et de biens de consommations telle qu’elle est anticipée par les producteurs, elle est composée de la demande d’investissement et de consommation.
Si cette demande est insuffisante, les entrepreneurs vont faire des anticipations pessimistes, on se retrouve alors avec un faible niveau d’investissement et d’emploi. On se retrouve alors dans un équilibre de sous-emploi qui peut devenir durable, il s’agit d’un chômage involontaire.
Politique de relance budgétaire
“Le problème politique de l’humanité consiste à combiner trois choses : l’efficacité économique, la justice sociale et la liberté politique.“, Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie, (1936).
Face aux urgences de la grande dépression des années 1930, Keynes recommande la mise en place de politiques budgétaires et monétaires qui sont efficaces à court terme dans un contexte d’équilibre de sous-emploi, de chômage persistant, et d’inflation. Il revient à l’État de relancer la croissance pour lutter contre le chômage, en particulier en faisant une politique budgétaire, financée par un déficit public « accepté ». Celle-ci peut être couplée à une politique monétaire pour relancer l’investissement, en modulant les taux d’intérêt.
L’enjeu ici est d’avoir un niveau de taux d’intérêt tel qu’il ne décourage pas les investisseurs. Trop faible, les agents préfèrent thésauriser : c’est la « trappe à liquidités », dénoncée par Keynes comme frein de la reprise économique.
L’héritage de Keynes
Keynes, père de l’analyse macroéconomique, a une filiation très riche qui va des modèles de croissance d’Harrod-Domar à la nouvelle macroéconomie keynésienne, avec G. AKERLOF, J. YELLEN…et l’école française de la régulation qui lui a emprunté un certain nombre de ses concepts. AKERLOF, par exemple, appartient au mouvement de la nouvelle école keynésienne. Il met en lumière la rationalité limitée des agents du fait d’une information imparfaite. Ainsi, l’absence d’une régulation institutionnelle extérieure crée un marché défaillant ce qui justifie l’intervention de l’État.
De manière générale, les travaux de Keynes ont influencé la majorité des économistes ultérieurs, qui furent nombreux à se réclamer du keynésianisme. Ainsi apparurent le néo-keynésianisme, la nouvelle économie keynésienne et le post-keynésianisme. Ces courants s’accordent généralement sur la nécessité de l’intervention, ponctuelle ou permanente, de l’État dans la vie économique, mais diffèrent néanmoins dans leurs approches.
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John Maynard Keynes reste une figure centrale dans l’histoire de la pensée économique qui s’est opposée au dogme déjà en place remettant en cause ses principes. Il a contribué à un changement de paradigme avec ces apports théoriques en termes de remise en cause de la neutralité de la monnaie, de l‘importance de la demande effective et de la nécessité d’une intervention ponctuelle de l’État. Keynes a une postérité importante, ses idées ont donné naissance à de nouveaux mouvements, néo-keynésianisme, nouvelle école keynésienne, post-keynésianisme… Ses idées continuent d’influencer les politiques économiques et les débats contemporains encore aujourd’hui.