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Fiche François Quesnay : physiocratie, livre, théories

Sommaire

François Quesnay, éminent économiste du XVIIIe siècle, a révolutionné la pensée occidentale, avec sa théorie physiocratique. Son « Tableau économique » redéfinit les flux économiques, jetant les bases de l’économie moderne et influençant des générations d’économistes.

Qui est François Quesnay ?

François Quesnay (1694-1774) était un médecin et économiste français du XVIIIe siècle, célèbre pour être le fondateur de la physiocratie, une école de pensée économique qui mettait en avant le rôle primordial de l’agriculture dans la création de richesse nationale. 

Son œuvre majeure, le « Tableau économique », représente une avancée révolutionnaire dans la modélisation économique en présentant graphiquement les flux économiques dans une économie agricole. Quesnay a exercé une influence significative sur la pensée économique de son époque et inspiré des économistes majeurs tels qu’Adam Smith.

 

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La physiocratie

Le physiocratisme est un courant de pensée économique qui émergea au XVIIIe siècle en France, sous l’impulsion notamment de François Quesnay. Les physiocrates prônaient une approche fondée sur l’idée que la richesse d’une nation découle principalement de son secteur agricole

Pour eux, l’agriculture était la seule activité productive capable de créer un surplus net de richesse, appelé « produit net ». Ainsi, ils préconisaient une politique économique axée sur la libéralisation de l’agriculture, la suppression des entraves au commerce et la réduction de l’intervention gouvernementale dans l’économie. Leur vision était en opposition avec le mercantilisme dominant à l’époque, qui prônait l’accumulation de métaux précieux comme source de richesse nationale, et leur influence a jeté les bases du libéralisme économique moderne.

 

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Les grandes théories de François Quesnay

L’ordre naturel

Pour Quesnay, l’ordre naturel était le fondement même de son système de pensée économique. Il croyait fermement en l’existence d’un ordre inhérent à la société, régi par des lois naturelles qui déterminaient les flux économiques et les niveaux de richesse. Selon lui, ces lois naturelles étaient semblables aux lois de la physique ou de la biologie, agissant de manière prévisible et régulière.

Quesnay soutenait que les gouvernements ne devaient pas tenter d’interférer avec cet ordre naturel. Au lieu de cela, il préconisait une approche de non-intervention, dans laquelle les autorités laisseraient libre cours aux mécanismes naturels du marché pour réguler l’économie. Selon sa vision, cette politique de laissez-faire permettrait à l’économie de fonctionner de manière optimale, favorisant la croissance, l’efficacité et la prospérité de la société dans son ensemble.

Finalement, pour Quesnay, l’ordre naturel était la clé de voûte de sa théorie économique et il considérait que respecter ces lois naturelles était essentiel pour assurer le bien-être économique et social. Sa conviction en la primauté de cet ordre naturel a profondément influencé sa vision du rôle de l’État et de la politique économique, faisant de lui l’un des premiers partisans du laissez-faire et du libéralisme économique.

 

La primauté de l’agriculture

Pour Quesnay, la primauté de l’agriculture était un principe fondamental de sa doctrine économique. Il soutenait ardemment que l’agriculture était la seule activité véritablement productive, capable de créer une richesse réelle et durable pour la société. Selon lui, les agriculteurs étaient les seuls agents économiques capables de transformer la nature et de produire un surplus net de richesse, appelé « produit net ».

Cette conviction reposait sur l’idée que l’agriculture était le secteur économique primordial, fournissant les matières premières essentielles à la subsistance et au fonctionnement de l’ensemble de l’économie. Quesnay considérait que les autres secteurs, tels que l’industrie et le commerce, étaient en quelque sorte dérivés de l’activité agricole et ne pouvaient pas générer de richesse de manière autonome.

Pour Quesnay, l’agriculture était le pilier de l’économie nationale, fournissant non seulement des denrées alimentaires mais également des matières premières pour l’industrie naissante. Ainsi, il préconisait une politique économique axée sur le soutien et la promotion de l’agriculture, considérant que c’était là le véritable moteur de la croissance économique et de la prospérité nationale.

 

Le laissez-faire

Quesnay défendait ardemment la liberté du commerce et plaidait pour une intervention minimale, voire inexistante, de l’État dans les affaires économiques. Selon lui, l’interventionnisme étatique risquait de perturber les lois naturelles qui régissaient l’économie et d’entraver le fonctionnement optimal du marché.

Quesnay soutenait que l’État devait se limiter à un rôle de garant des droits de propriété et de maintien de l’ordre, sans s’immiscer dans les processus de production, de distribution ou de consommation de la richesse. Il estimait que la libre concurrence et l’autorégulation du marché étaient les mécanismes les plus efficaces pour assurer l’allocation optimale des ressources et favoriser la prospérité économique.

Pour Quesnay, le laissez-faire économique permettait également de préserver les libertés individuelles et d’encourager l’initiative privée. En limitant l’intervention gouvernementale, il croyait que les individus seraient libres de poursuivre leurs intérêts économiques de manière autonome, ce qui stimulerait l’innovation, la croissance et le progrès économique.

Le Tableau économique

Le Tableau économique, publié par François Quesnay en 1758, demeure l’une des contributions les plus significatives de l’économiste français à la pensée économique. Ce document novateur représente une représentation graphique des flux économiques au sein d’une économie agricole.

Au cœur du Tableau économique se trouve la notion de « cercle économique », qui illustre la circulation de la richesse entre les différentes classes sociales. Quesnay divise la société en trois classes principales : 

  • les propriétaires fonciers
  • les agriculteurs
  • les artisans 

Il montre comment la valeur ajoutée produite par l’agriculture, appelée « produit net », circule à travers ces classes sociales sous forme de revenus, de dépenses et d’épargne.

Le Tableau économique permet également de comprendre la manière dont le produit net est réparti entre les différentes classes sociales. Quesnay met en évidence le rôle central de l’agriculture dans la création de richesse nationale et montre comment les autres secteurs de l’économie dépendent de l’activité agricole pour leur subsistance. Cette représentation schématique des flux économiques offre une perspective nouvelle sur les mécanismes de l’économie. 

L’impôt unique

L’une des propositions les plus radicales de François Quesnay était celle de substituer tous les impôts existants par un impôt unique sur la terre, appelé la « taille proportionnelle ». Pour Quesnay, cette forme d’impôt avait l’avantage de simplifier considérablement le système fiscal, en remplaçant la multitude de taxes et de prélèvements par un seul impôt. Cette simplicité était vue comme un élément crucial pour garantir l’efficacité et la transparence du système fiscal.

La « taille proportionnelle » était conçue pour être juste et équitable, dans la mesure où elle était basée sur la valeur de la terre. Quesnay considérait que la terre était la principale source de richesse et que taxer sa valeur permettrait de prélever un impôt proportionnel à la capacité contributive de chaque individu. De plus, en taxant uniquement la terre, Quesnay pensait que cela encouragerait la productivité agricole, car les propriétaires fonciers chercheraient à maximiser les rendements de leurs terres pour compenser le coût de l’impôt.

En proposant l’impôt unique sur la terre, Quesnay visait à créer un système fiscal plus efficient et plus juste, qui favoriserait la croissance économique et réduirait les inégalités. Bien que cette proposition n’ait jamais été pleinement mise en œuvre de son vivant, elle a influencé les réflexions ultérieures sur la réforme fiscale et continue de susciter l’intérêt dans les débats contemporains sur la politique fiscale et la justice sociale.

Héritage et influence actuelle

L’héritage de François Quesnay demeure significatif dans le domaine de l’économie politique et de la pensée économique. Ses idées ont laissé une empreinte durable qui continue d’influencer les débats contemporains sur les politiques économiques et fiscales. Par exemple, la notion de l’importance de l’agriculture dans la création de richesse, promue par Quesnay, a inspiré des politiques visant à soutenir le secteur agricole dans de nombreux pays. Des politiques telles que les subventions agricoles, les incitations à l’investissement dans l’agriculture et les politiques de développement rural reflètent en partie l’importance accordée à ce secteur économique. Nous pouvons notamment citer la Politique Agricole Commune (PAC) mise en place par l’Union européenne et qui vise à accorder des subventions aux agriculteurs pour soutenir la production agricole et maintenir un niveau de vie décent, ainsi que la mise en place de mesures de développement rural pour améliorer les infrastructures et les services dans les zones rurales.

De plus, l’idée de Quesnay selon laquelle l’intervention de l’État dans l’économie devrait être limitée, voire inexistante, continue de résonner dans les discussions contemporaines sur le rôle du gouvernement dans l’économie. Les politiques de libéralisation économique, la déréglementation et la promotion du libre-échange s’inspirent en partie de cette philosophie du laissez-faire, qui prône une intervention minimale de l’État dans les affaires économiques.

Enfin, l’approche de Quesnay en matière de politique fiscale, notamment sa proposition d’un impôt unique sur la terre, a influencé les réflexions sur la réforme fiscale et la conception de systèmes fiscaux plus efficaces et équitables. Bien que ses idées n’aient pas été pleinement mises en œuvre de son vivant, elles continuent d’alimenter les débats sur la manière de concevoir des politiques fiscales qui favorisent la croissance économique tout en réduisant les inégalités.

 

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En conclusion, l’œuvre de François Quesnay demeure une pierre angulaire de la pensée économique moderne. Sa théorie physiocratique, fondée sur la primauté de l’agriculture et le principe du laissez-faire, continue d’influencer les politiques économiques et fiscales contemporaines. De la politique agricole à la réforme fiscale, l’héritage de Quesnay résonne encore aujourd’hui, soulignant l’importance de ses idées novatrices pour façonner une économie prospère et équilibrée.

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Amanda Jouhandin