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Le lobbying en Allemagne et dans l’UE

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Les lobbies tentent d’exercer une influence sur la politique et la société. Il s’agit d’une composante élémentaire de la médiation démocratique des intérêts.

Dans l’opinion publique, le lobbying a toutefois mauvaise réputation. Beaucoup de gens craignent par exemple que le lobbying conduise à la corruption. De plus, on critique le fait que certaines grandes entreprises et associations économiques disposent de ressources très importantes et donc d’une trop grande influence. La mauvaise image du lobbying a encore été renforcée ces dernières années par une série de scandales relativement spectaculaires (Wirecard, « l’affaire des masques » au sein de l’Union européenne et le cas Philipp Amthor).

 

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Lutte pour des règles plus strictes quant aux lobbies en Allemagne

Des organisations comme Lobbycontrol, elle-même une association de lobbying, militent depuis longtemps pour des règles plus strictes.

En mars 2021, le Bundestag a répondu, du moins en partie, à la demande de plus de contrôle et de transparence : il a adopté la loi sur le registre des lobbies, qui est entrée en vigueur le 1er janvier 2022. Jusqu’à cette date, les montants des activités de lobbying des groupes d’intérêts en Allemagne n’étaient mentionnés nulle part. L’accord de coalition du gouvernement prévoit en outre un nouveau durcissement des règles : à l’exemple de la réglementation obligatoire du sponsoring des partis. En outre, le nouveau registre des lobbies sera complété par ce que l’on appelle l’empreinte des lobbies sur les lois.

 

Les plus grandes organisations de lobbying allemandes à Bruxelles

Alors que les chiffres pour l’Allemagne ont longtemps fait défaut, la Commission européenne et le Parlement européen ont introduit dès 2011 un registre de transparence pour les institutions européennes. Selon les statistiques ainsi obtenues, les entreprises et organisations de lobbying ayant les dépenses annuelles les plus élevées pour le lobbying dans l’UE sont allemandes (situation en septembre 2021; en millions d’euros). Selon statista les entreprises et organisations de lobbying ayant les dépenses annuelles les plus élevées pour le lobbying dans l’UE sont :

  • Bayer AG (qui s’engage notamment pour que les engrais chimiques ne soient pas interdits) est l’entreprise qui consacre le plus d’argent au lobbying ;
  • l’agence de lobbying allemande EUROP Europe ;
  • la fédération de l’industrie chimique ;

Bayer AG, Bosch, BASF, Volkswagen et Siemens font partie du top cinq des lobbyistes de l’UE.

Les organisations allemandes ne sont pas les seules à s’efforcer de se faire entendre dans la politique européenne :

Bien que les représentants d’intérêts allemands soient particulièrement nombreux à Bruxelles, Qatar Airways et l’University College London se trouvaient récemment parmi les plus grands lobbyistes de l’UE en termes de budget. Les deux organisations avaient estimé leurs dépenses annuelles de lobbying envers les institutions européennes à dix millions d’euros. Si l’on ne considère que les entreprises individuelles, Qatar Airways, Bayer et Apple sont actuellement les lobbyistes les plus puissants à Bruxelles. (Situation en septembre 2021; en millions d’euros).

 

Les big tech à Bruxelles

Apple, Google et Meta ont récemment dépensé chacun au moins six millions d’euros par an pour avoir accès à la politique de l’UE.

Depuis le 1er décembre 2014, la Commission européenne publie toutes les réunions que les commissaires, les membres de leurs cabinets et les directeurs généraux ont avec les lobbyistes. Google est ici un précurseur : depuis 2014, 287 rencontres entre des collaborateurs de Google et des fonctionnaires européens de premier plan ont été enregistrées.

Ces entreprises ont essayé et en partie réussi, à faire en sorte que la loi sur la protection des données privées de 2018 ne soit pas aussi tranchante.

 

Etudes de cas à utiliser comme exemples

En Allemagne

L’affaire Volkswagen, également appelée « Dieselgate », est un scandale industriel et sanitaire lié à l’utilisation par le groupe Volkswagen, entre 2009 et 2015, de différentes techniques visant à réduire frauduleusement les émissions polluantes de certains de ses moteurs diesel et essence lors des tests d’homologation. Selon le groupe, plus de 11 millions de véhicules de ses marques Volkswagen, Audi, Seat, Škoda et Porsche sont concernés dans le monde. L’affaire, qui n’a pas d’équivalent dans l’histoire de l’automobile, a été révélée en septembre 2015 par l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA) et a conduit à la démission du président du directoire du groupe Martin Winterkorn. Plusieurs pays enquêtent actuellement afin de déterminer les faits exacts.

 

Dans l’Union européenne

L’affaire du Mediator est une affaire sanitaire et judiciaire qui concerne des personnes victimes de l’éviction du Mediator des laboratoires Servier de 1976 à 2009. Le Mediator est accusé d’avoir causé la mort de 1.500 à 2.100 personnes, sans compter celles qui souffrent des conséquences de ses effets secondaires. L’affaire a été dénoncée en juin 2010 par la pneumologue Irène Frachon (Centre Hospitalier Universitaire de Brest), elle devient ainsi la lanceuse d’alerte de ce scandale de santé publique.

Pour conclure, le lobbying reste un sujet de préoccupation majeur dans nos sociétés contemporaines, comme en témoigne le récent scandale de lobbying du ministre allemand des Finances envers Wirecard.

 

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Ludivine Challier