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La Finlande : un pays nordique entre OTAN et finlandisation

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La Finlande, souvent louée pour ses mille lacs et son modèle de société, se trouve à un tournant de son histoire. Découvrez pourquoi l’adhésion récente de ce pays aux 5,5 millions d’habitants (selon la Banque mondiale) à l’OTAN, marque un revirement radical dans sa stratégie diplomatique.

 

La Finlande : un pays jeune mais modèle de développement

En 2023, pour la quatrième année consécutive, la Finlande est élue le pays le plus heureux au monde selon le Rapport sur le Bonheur des Nations Unies. Cette reconnaissance découle en partie du modèle sociétal finlandais, reconnu comme l’un des meilleurs au monde, notamment grâce à son système de santé et d’éducation performant.

Sur la scène internationale, bien que la Finlande ne soit pas une puissance majeure, elle obtient son indépendance en 1919 après plus d’un siècle sous domination de l’Empire russe en tant que grand-duché autonome. 

La Finlandisation : un concept de neutralité contrainte

Le terme finlandisation, largement utilisé en géopolitique, désigne la pression qu’un État puissant peut exercer sur un pays voisin plus petit. Il tire son origine de la pression exercée par l’Union soviétique puis par la Russie sur la Finlande après les accords de Yya en 1948. Et ce jusqu’au changement de position du gouvernement finlandais en 2022, consécutivement à l’agression de l’Ukraine par la Russie de Vladimir Poutine.

La Finlandisation implique le maintien d’une neutralité afin de préserver la souveraineté nationale face à un voisin puissant et potentiellement menaçant. Bien que la Charte des Nations Unies garantisse le droit des peuples à l’autodétermination, la réalité géopolitique mondiale est souvent bien plus complexe, avec des États de puissances et d’allégeances différentes, parfois au détriment du droit international. Ce concept a été souvent utilisé pour décrire les relations entre des pays, comme la situation actuelle entre la Chine et Taiwan.

Pendant la guerre froide, la Finlande a toujours refusé de se joindre au bloc occidental, tant pour des raisons idéologiques que politiques, en rejetant l’adhésion à l’OTAN. L’objectif était de préserver sa souveraineté tout en cultivant de bonnes relations avec la Russie. Et cela afin de maintenir un important niveau de commerce avec ce voisin influent. Cependant, au sein même du pays, le terme « finlandisation » est perçu comme offensant, reflétant la difficulté de la Finlande à agir autrement sans risquer de perdre sa souveraineté, en particulier après l’attaque de l’URSS contre le pays en 1939, un événement qui a marqué les générations suivantes.

La Finlandisation est considérée comme un choix fructueux pour la Finlande, qui a connu une période de paix et de prospérité, car le pays a pu concentrer ses ressources sur le développement de sa société plutôt que sur des dépenses militaires importantes. En utilisant l’énergie provenant de la Russie, la Finlande a pu diversifier ses sources d’approvisionnement. Ce qui a contribué à une croissance économique significative, lui permettant de résister aux chocs pétroliers de 1973 et 1979, entre autres.

 

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Adhésion à l'OTAN et fin de la Finlandisation

La première pierre à mettre sur l’édifice de la défiance envers la Russie est l’adhésion de la Finlande à l’Union Européenne le 1er Janvier 1995. Une première rupture dans sa politique de neutralité qui fait suite à la chute de l’union soviétique et la possibilité pour la Finlande de s’allier à l’occident pour obtenir des avantages économiques et une option de défense en cas d’attaque.

« La guerre russo-ukrainienne marque un tournant pour toute l’Europe, transformant profondément le paysage sécuritaire européen ainsi que notre perception de la Russie. La confiance est perdue pour des générations. » – Sanna Marin, Première ministre finlandaise.

Après l’agression de l’Ukraine par la Russie en février 2022, les craintes finlandaises se ravivent face à une pression croissante de la Russie pour restaurer la puissance de l’Union soviétique. Avec ses 1309 kilomètres de frontière, la Finlande est le deuxième pays partageant la plus longue frontière avec la Russie, après l’Ukraine. Ce qui en fait une cible potentielle directe pour la Russie, surtout compte tenu de la faible puissance militaire finlandaise.

Malgré la pression russe, c’est le 15 mai 2022 que la Finlande demande conjointement avec la Suède son adhésion à l’OTAN. Une démarche qui avait été longtemps écartée en Finlande, malgré le rapprochement avec les puissances occidentales après la chute de l’URSS. La Russie a rapidement réagi en dénonçant cette « nouvelle atteinte à ses intérêts »

Contrairement aux États membres de l’OTAN qui ont salué cette demande, la Hongrie et la Turquie se sont montrées réticentes. La Turquie, en particulier, a évoqué deux raisons : d’une part, le président Erdogan accuse la Finlande d’accueillir des militants kurdes du PKK, considéré comme une organisation terroriste en Turquie ; d’autre part, les relations diplomatiques de la Turquie avec la Russie mettent le pays dans une situation délicate entre l’Europe et la Russie. Ce n’est que le 18 mars 2023 que la Turquie a levé son veto, permettant ainsi à la Finlande de devenir le 31e pays à rejoindre l’OTAN le 4 mai 2023.

 

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Un futur trouble

La récente adhésion de la Finlande à l’OTAN et le conflit encore en cours en Ukraine ne permettent pas de prendre du recul et de juger objectivement de la situation. Une chose est sûre, ce que la Russie redoute le plus, c’est la pression occidentale aux portes de son territoire. Et ce sens, l’adhésion de la Finlande dans l’OTAN constitue selon les dires russes des dernières années une ligne rouge qu’il ne faut pas franchir. 

Pour autant l’engagement russe dans le conflit ukrainien, et la relation plutôt saine qu’entretiennent actuellement la Russie et la Finlande laisse présager une acceptation de la situation actuelle par Moscou. Ce qui d’un point de vue diplomatique constituerait un tournant sur la relation entre la Russie et ses proches voisins, au point de remettre en question le principe de finlandisation

Pour conclure, la relation Russie-Finlande a beaucoup évoluée depuis l’indépendance du pays. Si la relation a longtemps été celle d’un dominant à un dominé créant ainsi le principe de finlandisation, elle est aujourd’hui en train de changer. La récente entrée dans l’OTAN du pays aux milles lacs remet en cause les relations internationales et renforce plus que jamais l’OTAN et l’unité occidentale

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