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Comment arriver à financer la transition écologique d’après Jézabel Couppey-Soubeyran ?

Sommaire

Théorie tirée du livre Le pouvoir de la monnaie publié par Jézabel Couppey-Soubeyran, 2024

Jézabel Couppey-Soubeyran, économiste renommée, souligne que « C’est par la transformation de l’État et de la monnaie que l’on pourrait se sauver du capitalisme et de sa logique mortifère » (Article du Monde du 6 Janvier 2024). Ces mots témoignent de son engagement à transformer la monnaie, à lui donner une forme plus utile qu’à l’heure actuelle. En effet, tout au long de sa carrière, Jézabel Couppey-Soubeyran s’est appliquée à trouver des moyens concrets afin d’adapter le système monétaire à une société respectueuse des limites planétaires et de l’humain. Mister Prepa te propose justement d’explorer une de ses théories, à savoir la « monnaie volontaire ».

 

Qui est Jézabel Couppey-Soubeyran ?

Jézabel Couppey-Soubeyran est une économiste française et maîtresse de conférences à l’université Paris 1 Sorbonne où elle enseigne l’économie monétaire et financière. Ses travaux portent principalement sur les banques, l’instabilité et la régulation financière. Elle a notamment écrit Le pouvoir de la monnaie (Transformons la monnaie pour transformer la société (2024) ou encore La transition monétaire. Pour une monnaie au service du bien commun (2021). Elle est aussi membre actif think-thank français « Institut Veblen » depuis 2020 où elle met en avant des propositions de réforme monétaire et financière.

 

Une nouvelle forme de monnaie nécessaire

Selon Jézabel Couppey-Soubeyran, il ne peut y avoir de changements sociétaux sans changements sur la monnaie. Cependant, une impasse se dresse aujourd’hui : les sociétés ont besoin d’investissements massifs pour relever les défis du changement climatique mais personne ne se porte volontaire pour cela.

En effet, avec la monnaie bancaire, on finance des projets de croissance, rentables, or la transition écologique a une part d’investissements qui ne sont pas rentables (rétablissement de la biodiversité par exemple) ou incertains (comme la rénovation thermique).

Nous pourrions penser à la dette publique comme solution avec le financement par l’endettement mais comment mobiliser ces fonds ?

 

  • En augmentant l’impôt ?

Ça ne suffira pas.

 

  • En augmentant la dette publique ?

Ce n’est sûrement pas l’investissement le plus approprié pour des investissements qui n’ont pas de retours financiers particuliers. En effet, on ne peut rembourser la dette que si la dépense est vectrice de croissance derrière or ici c’est un projet qui appelle à dépasser cette logique de croissance (sauf si l’on est persuadés d’une croissance verte).

 

De plus, il y a un problème de conception de la monnaie dans les grands courants de pensée économique selon elle :

  • Néoclassiques : monnaie comme technique, instrument de facilitation de l’échange.
  • Keynésiens : monnaie comme levier pour projet de croissance, véritable utilité.
  • Post-keynésiens : assez dynamiques mais restent sur la monnaie bancaire, qu’ils définissent comme une monnaie endogène qui répond aux besoins de l’économie à travers demande de crédit aux banques.

 

En effet, on constate que, souvent, cette réflexion est anhistorique. Il faut comprendre quelles transformations la monnaie doit subir pour le nouveau projet de transition.

Qu’est-ce que la « monnaie volontaire » présentée dans Le pouvoir de la monnaie ?

Jézabel Couppey-Soubeyran propose donc un véritable changement, un impératif démocratique selon elle : la société doit décider ce à quoi la monnaie doit être destinée.

Aujourd’hui, la monnaie est créée par les banques commerciales (et non l’État) pour les entreprises privées. Ainsi le pouvoir appartient aux banques. Or il faut le rendre à la société dans son ensemble pour pouvoir voir quelconque projet de transition écologique se concrétiser.

 

Objectif de la « monnaie volontaire » : assurer la transition écologique. Cela n’est pas un consensus. Il faut donc :

  • Inclure la société dans la récupération de la monnaie, les citoyens décideront à quoi elle est allouée.
  • Démocratiser la banque centrale qui participe à cette puissance afin de mettre en place un nouveau mode de création de la monnaie pour inclure les représentants de la société civile afin de laisser le pouvoir à des institutions décorrélées de la société. La monnaie doit être rendue aux citoyens.

 

Pour voir un tel projet se concrétiser, elle propose d’installer, en complément des modes de financement qui existent déjà, un mode de financement sans dette où un institut d’émission demanderait à la banque centrale d’émettre de la monnaie et de la mettre à disposition d’une caisse de développement durable organisée en réseau à différentes échelles. Cette caisse allouerait ensuite les subventions aux acteurs porteurs de projets socialement et écologiquement indispensables (non rentables donc non finançables traditionnellement).

 

Lire plus: Financer la transition écologique.

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Jean Paviet