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Analyse de sujet : Les frontières au cœur des enjeux géopolitiques et économiques

Sommaire
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« Les frontières sont du temps inscrit dans l’espace ; elles restent des buttes-témoins du passé ou des fronts vifs. » (Michel Foucher, L’obsession des frontières)

 

Analyse des termes du sujet :

Savoir définir avec précision le terme « frontière » est primordial pour se lancer dans le sujet et établir un plan solide. La « frontière » est un terme polysémique :

  • La frontière est une ligne, une ligne de « partage » au sens complet du terme, une interface, « la division et la mise en commun » (Karoline Postel-Vinay)
  • La frontière est une discontinuité géopolitique, ou mieux, « une discontinuité territoriale à fonction de marquage politique » (Michel Foucher)
  • Ici, le sens de frontière comme « Frontier » ou Front Pionnier est ici secondaire. Enfin, ne pas jouer sur les mots, il vaut mieux ici laisser de côté les frontières sociales (inégalités, fractures).

« Enjeux géopolitiques et économiques contemporains » : ce que l’on peut gagner ou perdre dans le contexte de la mondialisation, exacerbée « depuis le début des années 1990 ». En d’autres termes, comme s’articule les frontières dans ce processus d’extension du capitalisme mondial dans lequel les flux et les mobilités ne cessent de s’accroître.

 

Problématisation :

Il faut montrer les deux phénomènes, effacement et résurgence des frontières, sont concomitants depuis le début des années 1990 et s’expliquent par les fonctions dévolues aux frontières qui les rendent irremplaçables. Aujourd’hui, la pandémie de Covid-19 a fait ressurgir de manière spectaculaire les frontières comme signe d’une contestation à une mondialisation débridée et à l’origine de nombreux risques.

« Le monde actuel signifie-t-il la fin des frontières, effacées par la mondialisation libérale comme par la création d’une société civile mondiale ou bien, à l’instar du contexte actuel de la pandémie et des guerres, la frontière reste-t-elle un enjeu géopolitique fondamental du XXI siècle ? »

 

Plan détaillé :

I / La mondialisation par son essence libérale conduit à un abaissement des frontières.

A / La mondialisation se joue des frontières

Du fait de la libéralisation des échanges, des flux de toutes sortes (détaillez avec quelques chiffres), d’une mondialisation des risques (pandémies, réchauffement climatique, terrorisme) et d’une mondialisation informelle de plus en plus importante (drogues, armes, clandestins)

B / La remise en cause des frontières

De manière théorique par les penseurs libéraux depuis les années 1990, partisans d’un monde ouvert et dérégulé. Mais également par les entreprises, acteurs clés de la mondialisation (DIPP, 40% du commerce mondial est captif), et des courants altermondialistes, les « libertariens » (citez l’exemple de quelques ONG de renom)

C / L’espace frontalier devient un lieu de la mondialisation, une interface qui relie les territoires.

Pensez aux zones franches, aux zones transfrontalières et à leur dynamisme. Ces zones deviennent des lieux stratégiques pour les villes et les régions qu’elles côtoient.

 

II / Depuis le début des années 1990, la prolifération étatique, les contentieux frontaliers, les murs, les tensions protectionnistes et les régimes néo-nationalistes se multiplient démontrant que les frontières restent, malgré tout, bien vivantes.

A / Une multiplication des frontières depuis la fin de la guerre froide.

Le monde est structuré par 250 000 km de frontières politiques terrestres. Ceci est lié à la prolifération étatique et intra-étatique (pensez à l’URSS, aux Balkans, à la Corne de l’Afrique puis au séparatisme régional comme la Catalogne, l’Ecosse, l’Italie du Nord).

B / Les contentieux se multiplient de plus en plus allant de la contestation à la guerre.

Malgré les dispositifs de régulation (CNUDM à Montego Bay, Cour d’arbitrage de la Haye, ONU), le règlement des contentieux est parfois difficile : citez l’exemple des tensions en Méditerranée orientale, les revendications chinoises en mer de Chine méridionale et orientale et ses velléités dans l’Océan Glacial Arctique, la guerre dans le Haut-Karabakh, l’Ukraine. Il ne faut pas oublier les guerres commerciales qui sont une remise en cause du libre-échange dans le monde. Le protectionnisme est une autre forme de frontière.

C / Le murs signent le renforcement des frontières physiques dans le monde.

Bien retenir ceci : il y a aujourd’hui 75 murs dans le monde. Les plus connus reste sans aucun doute celui séparant les Etats-Unis du Mexique ou la DMZ intercoréenne. Le mur est la forme la plus extrême et la plus aboutie de la « frontière » dans son sens premier, ligne de front et de fracture.

 

III / Dans un monde de plus en plus néo-national et en proie à de nombreux dangers, la frontière est vue comme une protection, un outil de contrôle d’une mondialisation dérégulée et porteuse de risques exacerbés.

« Je soutiens que le monde, pour être vivable, a besoin de frontières, ce troisième élément entre les cultures et l’humanité, que l’on voudrait invisible et qui reste néanmoins nécessaire » (Michel Foucher, L’obsession des frontières)

A / La mondialisation telle qu’elle a été conçue depuis les années 1990 est fondamentalement inégalitaire, aliénante et asymétrique. Les frontières se multiplient, le néo-nationalisme progresse.

Citez l’ouvrage Vers un monde néo-national ? (Bertrand Badie & Michel Foucher) : l’époque est au repli et le monde se referme. Au nationalisme de protection clamé au Nord fait écho un nationalisme d’affirmation des pays émergents qui entendent affirmer haut et fort leur souveraineté.

B / Loin de disparaître, la frontière garde ses trois fonctions primaires.

Le contrôle des flux (biens, services, capitaux et personnes), la séparation (physique ou virtuelle) et la sécurité (contre le Covid-19, la frontière apparaît bien souvent comme le remède miracle).

 

Conclusion :

Le monde véritablement « sans frontière » reste une utopie. Au contraire, la frontière demeure le fondement des relations internationales. Comme le dit Michel Foucher, pour être vivable, le monde a besoin de frontières, et l’instabilité vient plutôt de la lenteur de l’arpentage.

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Raphael Romand Ferroni
FraÎchement sorti d'une prépa ECS au lycée Michelet de Vanves, j'ai intégré l'ESSEC et je souhaite transmettre mes passions que sont les maths et la géopolitique.