Les relations entre l’Allemagne et la Chine sont très importantes, notamment dans le domaine économique. La Chine est le principal partenaire commercial de l’Allemagne. L’Allemagne investit aussi beaucoup en Chine. Cependant, ces relations s’accompagnent d’une dépendance accrue de l’Allemagne à l’égard de la Chine.
Relations commerciales et dépendances
Des relations économiques très développées entre l’Allemagne et la Chine
La Chine est le premier partenaire commercial de l’Allemagne selon l’Office fédéral de la statistique (Destatis). C’est le cas depuis plus de 8 ans aujourd’hui. Les échanges entre les deux pays représentent plus de 250 milliards d’euros en 2023. Mais on peut voir un recul de 15,5% du volume de marchandises échangées par rapport à 2022.
La Chine a acquis une influence mondiale grâce à des exportations massives, des investissements mais aussi des acquisitions d’entreprises. Cela s’est produit notamment dans le cadre de la stratégie des nouvelles routes de la soie. Celle est renforcée par la politique Made in China. On peut prendre l’exemple de Siemens qui double ses capacités de production en Chine et en Asie en cette année 2024 avec plus de 2 milliards d’euros d’investissements. Ceci montre donc l’importance des relations entre la Chine et les entreprises allemandes.
Les dangers de la dépendance économique
- Le port de Hambourg
Au sein même de la coalition, la question de la relation avec Pékin divise sur les investissements de l’armateur chinois Cosco dans le port de Hambourg. Cosco a souhaité rentrer à hauteur de près de 25% dans le capital dans le port allemand. Les Verts sont beaucoup plus méfiants vis-à-vis de Pékin que le chancelier Olaf Scholz. Le chancelier affirmait encore, lors de sa visite à Pékin en novembre, vouloir renforcer les liens entre les deux pays. Alors que Robert Habeck, Ministre de l’Economie, et Annalena Baerbock, Ministre des affaires étrangères, craignent cette dépendance économique.
- La Chine : un très grand marché de consommation pour les entreprises allemandes
« Nous sommes réalistes, mais pas naïfs », a souligné Annalena Baerbock. Or, le réalisme force à constater l‘importance des liens économiques entre les deux pays. Ainsi, la relation de dépendance économique de l’Allemagne à l’égard de la Chine s’accroît. Les géants BASF, Siemens ou Volkswagen, font des affaires florissantes en Chine (Cf exemple de Siemens). Ils ne peuvent donc pas se passer d’un marché de plus 1,4 milliard de consommateurs.
Cependant, malgré le risque de la dépendance, le gouvernement ne veut en aucun cas mettre fin aux relations commerciales. La Chine reste « un partenaire, un concurrent et un rival systémique ».
Toutefois, selon l’exécutif, il reste nécessaire de coopérer avec la Chine notamment dans le cadre du changement climatique.
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La stratégie de l’UE et du gouvernement allemand face à la puissance chinoise
Le choix de faire preuve de vigilance dans le cadre économique
Le gouvernement allemand par la voix de sa ministre des affaires étrangères, Annalena Baerbock, a adopté un texte sur sa stratégie nationale par rapport à la Chine. Ce texte invite à plus de vigilance, notamment dans les investissements dans les fleurons industriels allemands. Il doit alors servir de « boussole » pour les entreprises allemandes mais n’est pas un outil de contrôle du gouvernement. En effet, seuls les investissements dans l’industrie stratégique et les médias seront soumis à un examen. Cependant, Bearbock appelle à la prudence des PME.
Toutefois, le texte rappelle grandement la menace de l’espionnage dans le renseignement économique mais aussi militaire. Ainsi en avril 2024, plusieurs députés allemands ont été accusés d’espionner pour le compte de la Chine. Celle-ci utilise l’espionnage notamment pour acquérir de nouvelles technologies, l’Allemagne étant pionnière dans de nombreuses technologies stratégiques.
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Des tensions croissantes sur le plan politique
Depuis quelques années, les sujets de dissensions sont de plus en plus vifs entre les deux gouvernement. Elles ont notamment été exacerbées par la crise énergétique et la crise sanitaire. De plus, Berlin commence à prendre peur de l’ascension politique de la Chine sur la scène internationale.
La Chine « met délibérément sa puissance économique au service de ses objectifs politiques », dénonce le texte, dans lequel Berlin se dit même « préoccupé » par les efforts de Pékin pour « influencer l’ordre international dans le sens des intérêts de son système de parti unique » et l’accuse de relativiser les droits de l’homme.
De plus, les violences à l’égard de la minorité ouïghoure renforcent le ressentiment de la population allemande à l’encontre du régime chinois. Ceci est renforcé par la résurgence des tensions autour de Taïwan et le soutien de la Chine à la Russie après l’invasion de l’Ukraine.
Une prise de conscience au sein du gouvernement face aux tristes exemples de l’Europe centrale et de l’Europe du Sud
Nombres pays d’Europe balkanique renforcent leurs relations avec la Chine mais surtout leur dépendance.
Par exemple, la Grèce et le Monténégro ont vu leur dépendance s’accroître ces dernières années. La Chine rachète et investit dans de nombreuses infrastructures, notamment dans le domaine des transports. Le Monténégro s’est notamment endetté pour le siècle à venir pour la construction d’une autoroute. Le Port du Pirée à Athènes a été racheté par Cosco pour diminuer la dette grecque.
Face à ces quelques exemples, l’Allemagne mais aussi les autres pays européens prennent des mesures protectionnistes pour se protéger des investissements chinois. Comme on a pu le voir ci-dessus, le gouvernement allemand cherche donc à limiter ces investissements dans les secteurs stratégiques.
Mais l’UE cherche aussi à limiter les importations chinoises qui affluent en Europe. Ainsi, elle souhaite donc imposer des taxes sur les importations de voitures électriques chinoises. Ceci dans le but de réduire sa dépendance mais surtout promouvoir les fleurons européens et notamment allemands de l’automobile.