Misterprepa

Raymond Aron : parcours, théories, ouvrages

Sommaire

Raymond Aron est un des penseurs les plus influents du XXe siècle dans le domaine des relations internationales et des sciences politiques. Ses œuvres sont devenues des classiques de la géopolitique. Voici une fiche sur cet auteur !

 

Biographie de Raymond Aron  

Raymond Claude Ferdinand Aron est un philosophe, sociologue, politologue, historien et journaliste français, né en 1905 et mort en 1983.

Après avoir fait une khâgne au lycée Condorcet à Paris, il intègre l’École normale supérieure, rue d’Ulm, en 1924. En 1928, il passe l’agrégation de philosophie et finit premier au concours. Il se rend ensuite à l’université de Berlin, puis il revient en France en 1933. Il publie alors son premier ouvrage de sociologie, La sociologie allemande contemporaine (1935). Durant la Seconde Guerre mondiale, il se rend à Londres et s’engage dans les Forces françaises libres, en rédigeant des articles pour la France Libre.

Après la guerre, il retourne à Paris et exerce en tant que professeur dans différents instituts. On compte parmi eux l’École nationale d’administration ou l’Institut d’études politiques. En 1970, il est nommé titulaire de la chaire “Sociologie de la civilisation moderne” au Collège de France.

La dissuasion nucléaire analysée par Raymond Aron

La dissuasion nucléaire correspond à une stratégie militaire, qui repose sur la capacité d’un État à menacer d’utiliser des armes nucléaires afin d’empêcher une attaque adverse. Ce phénomène est apparu pendant la Guerre froide. Raymond Aron a analysé ce phénomène. Voici les idées clé qu’il a théorisées sur ce thème.

  • La nature des armes importe plus que la quantité de ces dernières, ce qui différencie la dissuasion nucléaire d’une situation de conflit armé conventionnelle. En effet, à partir du moment où un Etat possède une arme nucléaire, son adversaire sera dissuadé.
  • Le nucléaire militaire n’est pas un moyen d’agression, mais un moyen de défense. Son but est d’empêcher l’adversaire d’agir, et non pas de l’attaquer directement.
  • La menace nucléaire est dissuasive, mais peu crédible. De fait, au vu des dégâts qu’elle provoque, il serait suicidaire de l’utiliser. La menace passant par les armes conventionnelles est, quant à elle, crédible, puisqu’elles sont souvent utilisées. Cependant, elle est moins dissuasive, car ces armes provoquent moins de dégâts.

Trois œuvres majeures de Raymond Aron

L’Opium des intellectuels, 1955

Dans ce livre, Aron expose un point de vue anti-communiste. Il critique notamment l’engagement des intellectuels de gauche qui ont rejoint la mouvance communiste. Il estime qu’ils sont trop complaisants à l’égard des régimes communistes. Aron considère que l’égalité sociale vers laquelle tend ce type de régime empêche les individus d’exprimer leur liberté.

Il soutient donc fortement l’alliance franco-américaine, afin de s’opposer à l’expansion du communisme. De plus, selon lui, cette alliance permet à la France d’être protégée par l’OTAN.

Cet essai lui vaut un grand nombre de critiques. Ses positions libérales l’opposent aux intellectuels de gauche, tandis que ses positions atlantistes lui valent des frictions avec le général De Gaulle.

 

Paix et guerres entre les nations, 1962

 

Cet essai est considéré comme l’un des plus importants du XXe siècle dans le domaine de la géopolitique. En effet, on considère que cet ouvrage a permis d’introduire les relations internationales comme une science politique en France

L’auteur y analyse les relations entre les différents acteurs qui font partie du “système international”. Ce dernier peut se définir comme l’espace au sein duquel les Etats entretiennent des relations, qu’elles soient amicales, cordiales ou hostiles.

Aron place l’Etat au centre des relations internationales. Il défend l’idée que l’Etat devrait avoir l’exclusivité en ce qui concerne la gestion des affaires militaires. Il part du constat que “toute unité politique aspire à survivre“. Or, selon Aron, la survie d’une unité politique (soit d’une nation) passe par son expansion.

Ainsi, la guerre devient un élément central dans les relations entre nations. Etant donné que chaque Etat veut s’étendre, une confrontation armée est inévitable. La stratégie, définie comme la conduite d’opération militaire, et la diplomatie sont donc des formes d’action inséparables. Les deux sont utilisés afin de régir les relations entre Etats. Aron ne défend donc pas le pacifisme absolu. Il considère que certaines guerres peuvent être justifiées et qu’elles sont donc destinées à éclater.

Au sein des relations internationales, l’essayiste différencie deux types de système. Le système homogène correspond à un environnement dans lequel les Etats qui y évoluent partagent le même système de valeurs. Au contraire, un système hétérogène est constitué d’Etats qui ont des idéologies et visions du monde différentes, à l’image des Etats-Unis et de l’URSS pendant la Guerre froide. Cette configuration provoque des antagonismes entre les Etats et donc une instabilité au niveau international.

C’est également dans cet ouvrage que l’on retrouve la formule la plus célèbre d’Aron : “paix impossible, guerre improbable“. Elle décrit les relations entre les Etats-Unis et l’URSS durant la période de la Guerre froide. D’une part, la paix apparaissait comme impossible, car l’opposition idéologique entre le libéralisme américain et le communisme soviétique était trop forte pour que les deux super-puissances s’entendent. Cependant, la menace nucléaire empêchait toute guerre armée d’éclater. La guerre était donc improbable, puisqu’une guerre nucléaire pourrait amener à l’anéantissement des deux Etats.  

 

La République impériale. Les Etats-Unis dans le monde, 1945-1972, 1972

Aron analyse dans cet essai la manière dont les Etats-Unis sont devenus une super-puissance dans la deuxième moitié du XXe siècle. Il décrit cet Etat comme un “empire sans frontière et sans souveraineté, invisible et omniprésent“. De fait, les Etats-Unis ont exercé une influence dans tous les domaines au niveau mondial, que ce soit l’économie, la culture ou encore les sciences.

Cette omniprésence sur la scène mondiale explique leur victoire sur l’URSS, qui est restée dans une logique territoriale. L’influence des Etats-Unis s’est appuyée avant tout sur un réseau solide d’alliances et de bases militaires, ainsi que sur le contrôle des réseaux du commerce mondial.

 

Les critiques adressées à l’œuvre de Raymond Aron

Certaines critiques ont été relevées quant aux idées exposées par Aron dans ses essais. Par exemple, on lui a reproché de se concentrer de manière exclusive sur les Etats comme uniques acteurs des relations internationales. Or, les dynamiques sociales et économiques peuvent aussi être des facteurs d’explication des bouleversements sur la scène mondiale. De plus, il oublie également les acteurs non-conventionnels, qui ont pourtant eu une influence grandissante à partir du XXe siècle (ONG, firmes transnationales, citoyens, guérillas). De plus, en restant dans une logique étatique, il exclut la possibilité de former un système supranational, à l’image de l’ONU.

 

Lire plus : Quelques références pour briller en HGG 

Newsletter
Image de Estelle Guyot
Estelle Guyot
Après deux années de prépa ECG, j’intègre l’ESCP. J’ai à cœur d’aider un maximum d’étudiants à progresser et à atteindre leurs objectifs !