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Études de cas en géopolitique pour briller au concours #2

Sommaire

Place à la première étude de cas sur les investissements chinois dans l’Union européenne.

 

A. Les investissements chinois en UE : quelle place pour l’Europe dans la guerre commerciale sino-américaine ?

 

Thèmes : Division européenne X Expansionnisme chinois X Protectionnisme étatsunien X Investissements étrangers X Guerre

 

Définition indispensable « Chinamérique » : ce que Niall FERGUSON appelle la « Chinamérique » désigne le supposé « G2 » (un duopole dominant le monde en d’autres termes) entre les États-Unis et la Chine. Toutefois, si Valérie NIQUET dénonce cette appellation en parlant de « chimérique Chinamérique », il semble incontestable que États-Unis et Chine sont dépendants l’un de l’autre. En effet lorsqu’André GRJEBINE décrit le « équilibre des déséquilibres » entre la Chine et les États-Unis il souligne le fait que les Chinois épargnent ce que les Américains consomment.  

 

  • Une politique d’investissement chinoise visant l’expansion de son influence

En raison de son excédent commercial (350 milliards en 2018), Pékin possède des réserves financières considérables, qui lui permettent d’étendre son influence dans le monde. Et l’Europe apparaît à certains endroits être un très bon client pour ces investissements. Si la présence chinoise en Europe centrale et orientale n’est plus étonnante depuis le Forum « 16 + 1 » (aussi 17+1 depuis adhésion de la Grèce) créé en 2012, sa présence en Europe occidentale est beaucoup moins claire. Cela dit, la Chine parvient à trouver des pays d’Europe occidentale intéressés par ses investissements : c’est le cas de l’Italie qui possède des dettes souveraines colossales (135% du PIB) et des sous-investissements chroniques (effondrement du pont Morandi à Gênes en 2018). Ainsi, Rome cherche des capitaux pour rénover ses infrastructures et Pékin répond à ses attentes en développant les ports de Gênes et de Trieste qui deviennent des portes d’entrée vers l’Europe pour écouler les produits chinois.

 

  • L’exploitation et le creusement des divisions de l’UE

Il ne fait guère de doute que Pékin, en signant des accords bilatéraux avec plusieurs pays, cherche à exploiter les divisions de l’UE, qui ne parvient pas à adopter une position commune face à la question de l’expansionnisme chinois. Alors que l’Italie est le premier membre du G7 à avoir rejoint le programme des « nouvelles routes de la soie », la France et l’Allemagne restent méfiantes, par crainte que le développement des investissements chinois n’aboutisse à une perte de contrôle et de souveraineté des Européens sur les infrastructures.

 

  • Un jeu subtil pour la Chine et l’UE pour de grands enjeux

Pour la Chine, l’Europe représente un enjeu stratégique : non seulement deuxième partenaire économique de la Chine (après les États-Unis), mais en plus les dissensions et les intérêts divergents des Européens offrent à Pékin une certaine protection contre d’éventuelles mesures de rétention comparables à celles prises par Trump. 

Pour l’UE l’enjeu est de réussir à s’accorder pour profiter des opportunités qu’offrent les partenariats avec Pékin (les gros investissements) sans tomber pour autant dans une relation de dépendance (avec un risque de perte de souveraineté nationale sur des parties du territoires, comme cela a été le cas avec le port de Hambantota au Sri Lanka). Les investissements chinois seraient alors une opportunité si l’Europe parlait d’une seule voix.

 

B. Les « nouveaux » dirigeants de l’UE : quelles voix pour quelle voie ? 

 

Thèmes : Nouveaux discours européen X Illisibilité européenne X Couple féminin franco-allemand

 

Définition indispensable « boîte noire » : ce que Thierry CHOPIN désigne dans Le bal des hypocrites (2008) par « boîte noire » c’est l’illisibilité de l’UE, de ses institutions et de ses représentants (aussi bien pour les citoyens des pays membres que pour les pays étrangers), au point même que certains évoquent le terme d’eurocrates (mixte de Europe et technocrate).

 

  • Ursula VON DER LEYEN (Commission européenne)

Proche d’Angela, cette ancienne Ministre de la Défense a beaucoup été critiquée dans le passé. Aujourd’hui, elle soutient des idées fortes : un New Deal environnemental, un accord avec les dirigeants populistes d’Europe centrale, un doublement du projet Nord-Stream (Nord Stream 2 en projet, car dans les intérêts nationaux allemand). Elle reste toutefois très modérée sur la taxe GAFA, par peur des mesures de rétention sur les produits allemands.

 

  • Charles MICHEL (Conseil européen)

Le plus jeune Premier Ministre de l’histoire belge apparaît comme l’homme des réformes libérales, bien que sa coalition avec des nationalistes flamands a volé en éclat fin 2018.

 

  • Josep BORRELL (Haut représentant pour les Affaires étrangères)

Ce socialiste ouvrier espagnol de 73 ans se place en fervent défenseur de l’unité espagnole et partisan convaincu de l’Europe.

 

  • Christine LAGARDE (Banque centrale européenne)

Après ses 8 années à la tête du FMI, la Française a obtenu une réputation de grande diplomate. D’autant plus qu’elle n’a pas peur de prendre position sur des sujets tabous : politiques de réduction des inégalités sociales, de promotions des femmes ou encore la lutte contre le réchauffement climatique

 

  • David SASSOLI (Président du parlement européen)

Cet Italien du parti démocrate assurait que la crise entraînée par la pandémie de la covid-19 apparaissait comme la persistance d’anciens conflits non résolus. C’est en ce sens qu’il se place en faveur d’un partenariat euroméditerranéen comme il le signale dans une tribune au « Monde » : « L’Union européenne doit renforcer le dialogue et la coopération avec ses partenaires des rives orientales et méridionales de la Méditerranée ». 

 

 

C. Le double enjeux économique et sécuritaire du gaz naturel en Méditerranée orientale.

 

Thèmes : Énergie X Ressources maritimes X Instabilité des frontières maritimes X Méditerranée

 

Définition indispensable « thalassopolitique » : ce que Julien FREUND entend par là la nécessité de penser la mer comme un objet politique, c’est-à-dire un outil pour exposer sa puissance sur la scène internationale. 

 

  • Enjeux économiques

Pour l’Égypte, le gaz naturel en Méditerranée orientale c’est l’accès à l’indépendance énergétique au début du 21ème siècle, elle devient même exportatrice. En 2015, le champ d’exploitation nommé Zohr est lancé rapidement : il a rendu possible de répondre à la demande domestique forte (présence de centrale de liquéfaction : IDKU, DAMIETTE). En fait, la production de Zhor est l’un des facteurs principaux de la reprise économique du pays, avec une croissance du PIB réel pour l’année 2018 de 5,3% selon les estimations de la Banque Mondiale.

 

En Israël, le potentiel d’exploitation dépasse largement la consommation locale. D’un point de vue géopolitique, il est notable qu’il existe un accord entre Israël et la Palestine pour l’extraction du GN (gaz naturel). Aussi, Israël a des vues sur l’exportation vers l’Égypte : acquisition en 2018 d’une participation dans le capital du gazoduc EMG (East Mediterranean Gas – Egypte à Israël) par l’entreprise Noble Energy, principale actionnaire du consortium qui gère le champ Leviathan (au large d’Israël et découvert en 2010).

 

Pour Chypre, la question est plus complexe, car pour entamer une mise en production de ces champs (Aphrodite, Calypso-1 ou Glaucus-1), l’existence de marchés d’exportation est un prérequis. D’où deux hypothèses : 1° la construction d’un gazoduc vers l’Égypte pour utiliser les usines de liquéfaction de l’Égypte (IDKU, DAMIETTE) ; 2° la construire une usine de liquéfaction, car seul le GNL (gaz naturel liquéfié) donne accès au marché mondial, mais cela semble difficile à cause du coût et de la surcapacité actuelle sur le marché du GNL. Quant est-il alors du marché européen qui cherche à diversifier ses sources d’approvisionnent énergétique (bien que la dépendance à la Russie soit encore avérée) ? En effet, il existe le Projet Eastern Mediterranean Natural Gas Pipeline (Israël-Chypre-Grèce-Italie) pour donner l’accès au marché européen (approuvé par la Commission), mais ce projet reste coûteux, difficile et pourrait causer de sérieux problèmes politiques avec la Turquie en raison de différends sur la délimitation maritime.

 

  • Enjeux sécuritaires

Aphrodite est situé dans la ZEE de Chypre et se prolonge légèrement dans les eaux Israéliennes. Dans le cas de réservoirs à cheval entre différentes ZEE, il faudra envisager une exploitation conjointe du champ, mais des tensions entre les pays concernés sont aussi à attendre.

Ces mêmes risques d’attaques terroristes pèsent aussi sur les installations énergétiques en Égypte, pays qui connait de façon régulière des actions menées par les groupes islamistes, présents notamment dans le Sinaï (région par laquelle transit le gazoduc EMG). 

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Antoine Dalenconte
Étudiant à l'ESSEC en provenance du parcours ECS à la suite de deux années au Lycée Kléber à Strasbourg et d'un khûbe à Saint Jean de Douai. L'égalité des chances commence par avoir toutes les clés en sa disposition. Voici mon expérience : une méthode rigoureuse en mathématiques, une progression fulgurante en géopolitique et un raisonnement abouti en dissertation de culture générale.