Lorsque tu dissertes en littérature, il devient beaucoup plus simple d’analyser un sujet et de structurer ton plan si tu as bien en tête les thèses importantes et leur auteur associés. Cet article a pour but de te rappeler brièvement les concepts dont tu as certainement déjà entendu parler, sans distinction de genre ni de période. Nous verrons prochainement plus en détails les sujets les plus courants et les auteurs les plus directement mobilisables.
Dans un ordre chronologique, voici une partie des thèses les plus importantes en littérature.
Les règles fondamentales de l’écriture selon Nicolas Boileau (dans L’Art poétique)
Nicolas Boileau étudie la manière de s’approcher au plus près de la perfection dans l’écriture, et en conclut que le beau dérive du vrai. En ce sens, tout bon poète doit avoir pour objectif le vrai et doit produire une œuvre régie par le naturel. Sont à rechercher la clarté, la simplicité, et plus globalement une adéquation entre forme et sujet, et au contraire sont à bannir les postures telles que la pédanterie, le burlesque ou encore la préciosité.
Selon lui l’écriture poétique ne peut se faire sans un talent inné, néanmoins il est nécessaire par la suite de se soumettre à certaines règles sans quoi le talent ne peut suffire. La poésie est un art qui requiert un apprentissage rigoureux.
Il établit également une classification des genres, les grands genres étant la tragédie, l’épopée et la comédie, qui par leur charge émotionnelle suscitent l’émerveillement du lecteur ou spectateur.
Denis Diderot et le Paradoxe du comédien
Nous pourrions penser que le meilleur comédien est celui qui ressent les émotions du personnage qu’il joue, or pour Diderot c’est au contraire celui qui joue de sang-froid.
Le grand acteur ne se confond pas avec celui qu’il joue, il ne joue pas directement son rôle ni cherche à s’identifier au personnage. Il l’étudie afin de pouvoir se l’imaginer et s’en forger un modèle en restant toutefois lui-même. C’est cette distance qui garantit un bon jeu.
La théorie linguistique de Ferdinand de Saussure
Saussure est le premier à mettre en lumière la différence qui existe entre les mots utilisés et leur sens, et c’est principalement pour cette théorie qu’on se souvient de lui.
Le langage est un ensemble de signes avec un lien arbitraire entre un signifiant (l’aspect matériel du signe, le mot en lui-même) et un signifié (la représentation mentale associée au signe, sa signification). Ainsi, rien ne justifie à priori l’association entre les mots et leur sens.
L’horizon d’attente de Hans-Robert Jauss (dans Pour une esthétique de la réception)
Jauss a développé le concept d’horizon d’attente qui correspond à une sorte de guide de lecture, programmé par l’auteur. En bref, c’est l’idée que se fait le lecteur du livre avant de le lire.
Par ailleurs pour Jauss, une grande œuvre est celle qui rompt avec cet horizon d’attente et laisse le public dérouté.
La rencontre de l’auteur et du lecteur selon Wolfang Iser
L’œuvre ne se définit pas uniquement par son texte mais par la rencontre qui se produit entre le pôle artistique (c’est-à-dire l’auteur et ses stratégies d’écriture) et le pôle esthétique (le lecteur et ce qui influence sa réception du texte, sa culture par exemple).
La distanciation de Bertol Brecht
La distanciation s’oppose au principe d’identification et a pour but de susciter une conscience politique chez le spectateur. En effet, la distanciation conteste l’illusion théâtrale qui permet à ce dernier de s’évader et par là même d’oublier que ce qu’il voit sur scène n’est pas qu’une histoire. Si le public ne cède pas à l’illusion alors il peut prendre conscience de ce qu’il voit et réagir.
Roland Barthes et La Mort de l’auteur
“La naissance du lecteur doit se payer de la mort de l’Auteur” écrivait Barthes. Il entend par là que l’écriture est destruction de toute voix et que le texte écrit peut être interprété d’une multiplicité de façons. Toute identité vient se perdre dans le livre, à commencer par l’écrivain lui-même.
Barthes s’oppose ici à l’empire de l’Auteur en donnant le dernier mot au lecteur : la lecture serait le véritable lieu de l’écriture.
Les pouvoirs de la littérature selon Antoine Compagnon
Antoine Compagnon reprend l’idée selon laquelle la littérature instruit : la fiction éduque moralement par exemple. Mais c’est loin d’être son seul pouvoir.
La littérature peut être d’opposition, en contestant la soumission au pouvoir, et devient ainsi un remède qui libère l’individu des autorités (c’est notamment le cas de l’obscurantisme religieux). Or, elle peut aussi s’avérer dangereuse et n’a pas toujours servi de justes causes.
Elle sert également de source d’inspiration et aide au développement de notre personnalité en devenant même une expérimentation : il écrit par exemple “la littérature nous apprend à mieux sentir”, faisant de nous des individus plus sensibles et sages.
Ce résumé de quelques thèses littéraires incontournables doit t’aider à associer auteur et thèse importante le plus facilement possible. Toutefois garde bien en tête que cette liste est loin d’être exhaustive et que tu dois t’intéresser à une large période de l’histoire de la littérature. Le mieux serait de lier chaque thèse à un exemple exploitable dans une dissertation afin de t’assurer que tu l’as bien comprise et que tu pourras l’utiliser facilement.