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Analyse du coup d’Etat en Birmanie

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Le 1er février 2021, l’armée birmane, menée par le général Min Aung Hlaing, arrête Aung San Suu Kyi et les dirigeants de la Ligue Nationale pour la Démocratie. Alors que cette dernière avait renforcé sa majorité lors des élections de novembre 2020, elle est aujourd’hui remise en cause et réduite au silence. Ce coup d’Etat « inévitable », selon le général Min Aung Hlaing, ramène ce petit pays asiatique sur le devant de la scène internationale. Pourquoi l’armée a-t-elle décidé de reprendre le pouvoir après 5 ans de cohabitation ?

La vie politique en Birmanie

La Birmanie est très connue en Occident à travers la figure d’Aung San Suu Kyi. Cette dernière a reçu, en 1991, le prix Nobel de la paix pour récompenser son combat pour la démocratie et la paix. Lorsque, en 2012, elle reçoit enfin son prix Nobel, elle évoque l’Etat d’Arakan (où vit la communauté rohingya) et incarne alors l’espoir pour ces derniers d’être réintégrés à la Birmanie. Cependant, depuis son arrivée au pouvoir en tant que Présidente en 2016, Aung San Suu Kyi a dû se plier à la volonté de la junte militaire, très puissante en Birmanie, et n’a rien pu faire pour empêcher le génocide des Rohingyas. Cette communauté, entrée en disgrâce car accusée d’avoir servi aux côtés de l’armée britannique lors de la décolonisation du pays, est la preuve même que la Birmanie n’est pas une démocratie et qu’elle ne respecte pas les droits de l’Homme. En effet, l’ONU parle des Rohingyas comme du « peuple le plus persécuté au monde ». Face à cela, la communauté internationale tente d’agir, mais est constamment bloquée par Pékin qui empêche toute action et déclare que la Birmanie doit régler ce problème de l’intérieur. Aung San Suu Kyi, ne mettant rien en place pour défendre les Rohingyas depuis son arrivée au pouvoir, perd en popularité et va même jusqu’à se voir discuter son prix Nobel.

La situation actuelle nationale

Mais pourquoi faire un coup d’Etat maintenant ? Les militaires ayant toujours eu une forte influence en Birmanie, pourquoi se sont-ils sentis obligés de faire un coup d’Etat ? La réponse remonte aux élections législatives du 8 novembre dernier. Alors que l’armée avait créé un parti militaire pour s’imposer au sein de la vie politique birmane, ce dernier a été battu à plate couture par la Ligue Nationale pour la Démocratie de Aung San Suu Kyi (33 sièges sur 476 à l’Assemblée). L’armée a donc crié à la fraude et exigé un recompte des voix, refusé par Aung San Suu Kyi. A présent, le général Min Aung Hlaing, qui concentre les pleins pouvoirs, promet de nouvelles élections lundi 8 février et assure vouloir mettre en place « une véritable démocratie multipartite ». Cependant, tout le monde n’est pas d’accord avec l’armée. On assiste à des manifestations, dans les rues de Naypyidaw, de milliers de personnes qui crient « Vive Mère Suu » et demandent le retour et la libération d’Aung Sans Suu Kyi.

La Birmanie : théâtre d’un affrontement international

Après la Corée et Cuba, c’est au tour de la Birmanie de subir les affrontements silencieux des membres du conseil de sécurité de l’ONU. En effet, la communauté internationale condamne le coup d’Etat de l’armée, les Etats-Unis en tête, là où la Chine prône la non-ingérence et bloque donc toute décision du conseil de sécurité de l’ONU. La communauté rohingya étant de religion musulmane, le gouvernement chinois lui applique son « nettoyage ethnique », déjà administré aux Ouïghours à l’intérieur de son territoire national. C’est pour cela que la Chine soutient l’armée birmane, plus grand ennemi des Rohingyas. Cela se voit clairement puisque, quand la communauté rohingya a appris que le coup d’Etat avait été réalisé par l’armée, elle a déclaré « Nous avons tout perdu à cause de l’armée. Si les militaires sont aux responsabilités, nous ne pourrons pas rentrer au pays ». Les Rohingyas continuent donc de fuir vers le Bangladesh où ils sont parqués dans des camps. Tous les pays alentours à la Birmanie n’hésitent pas à les arrêter et les condamnés. En effet, dans le cadre de la « One Belt, One Road » chinoise (nouvelles routes de la soie chinoises qui ont pour objectif de relier la Chine à tous les continents), les pays alliés à la Chine ne veulent pas froisser le géant chinois et donc être exclus de cette nouvelle politique. Alors, comment imaginer le futur de la Birmanie ? Les élections promises du 8 février nous en diront peut-être plus.

Pour conclure

Le coup d’Etat exercé par l’armée en Birmanie nous rappelle que la démocratie est loin d’être acquise dans de nombreuses régions du monde et que, face à des crises, c’est toujours la force militaire qui l’emporte. Le général Min Aung Hlaing sera-t-il réellement prêt à se défaire des pleins pouvoirs qu’il s’est autoproclamé à peine une semaine auparavant ? Rendez-vous lundi 8 février pour le découvrir.

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Elise Casado
Etudiante en école après 2 ans de prépa ECS, j'ai à coeur de partager avec vous mon expérience "prépa" afin de vous aider à profiter à 100% de ces deux ou trois années inégalables de votre vie !