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L’entrepreneur, héroïque puis socialisé

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Dès son apparition, l’entrepreneur a révolutionné la façon dont l’économie fonctionne, en créant une entité différente de l’entreprise traditionnelle. L’appellation « entrepreneur héroïque » renvoie à sa capacité de changer radicalement la production. L’entrepreneur pouvait être assimilée à un entrepreneur gestionnaire. Mais depuis les années 80, les actionnaires ont pris le pouvoir. Quelle est la place de l’entrepreneur dans les entreprises industrielles aujourd’hui ?

 

L’entrepreneur héroïque structure l’industrie et la société capitalistes

Pour les libéraux, comme Say ou Schumpeter, l’entrepreneur est vu comme le moteur de l’évolution économique. Ceux-ci ont su combiner les compétences des uns et des autres pour réaliser leur projet. Ils sont donc des innovateurs selon la définition de Schumpeter (les innovations possibles sont un nouveau produit, un nouveau procédé, un nouveau marché, une nouvelle matière, une nouvelle organisation du travail). Les entrepreneurs les plus marquants sont H Ford, A Citroën, L Renault, J Rockefeller, E Schneider, S Honda…

Avec l’arrivée du capitalisme français (colbertisme), l’Etat s’est mis à intervenir dans l’économie. Il incite à investir et finance notamment les chemins de fer qui demandent de grands capitaux. Les entreprises sont d’abord sous tutelle de l’Etat puis sous celle des grandes banques d’affaire au début de l’industrialisation, qui financent et contrôlent le développement des chemins de fer).

Dans les Etats Unis post-civil war, les businessmen font pression sur l’Etat pour qu’il agisse selon leurs intérêts : que la fiscalité épargne les industriels, que le progrès atteigne toutes les contrées grâce au chemin de fer, ports, télégrammes, que les barrières douanières fortes permettent de protéger les industries naissantes, que des immigrés représentant de la main d’œuvre bon marché puissent entrer, que l’Etat utilise l’emprunt et la planche à billet pour financer l’industrie. Cette politique a été appliquée, avec l’aide de la guerre, et les hommes d’affaire contrôlant le pouvoir politique ont pu s’enrichir (par exemple Vanderbilt).

Les entrepreneurs capitalistes veulent créer un travailleur nouveau, dans une société industrielle où chacun a une place et une fonction. Dans les grandes firmes, le logement, l’éducation, la santé, la retraite, le culte et les activités ludiques des salariés sont pris en charge pour leur montre que c’est à elles et pas aux syndicats de défendre leurs intérêts.

En France, les entrepreneurs veulent moraliser, éduquer et protéger la classe ouvrière. Michelin et Schneider créent une vraie société prenant en charge les salariés toute leur vie (logements, hôpitaux, écoles, maisons de retraite, caisse de prévoyance). Citroën crée des crèches pendant la guerre car les femmes participent plus à l’activité économique. Ces entrepreneurs contribuent donc à créer de nouvelles valeurs (ils ne créent pas seulement de nouveaux produits mais ils ont aussi favorisé la diffusion du salariat et la discipline stricte de l’usine).

 

L’entrepreneur socialisé et assouplissement du capitalisme monopoliste

Selon Schumpeter, l’entrepreneur tend à disparaitre à cause de la domination des grandes entreprises. Le capitalisme doit alors être poussé vers le socialisme, accompagné d’une réforme politique. Les petites entreprises, en plus d’innover, créent des emplois, faisant redevenir l’entrepreneur individuel un héros.

Aujourd’hui, une société de l’information se développe, qui change la façon de travailler, alors qu’avant (au XIXème siècle), l’entrepreneur devait inventer de nouvelles règles agraires. Les entreprises se développent indépendamment des personnes qui les financent et qui les gèrent. Peter Drucker parle même de « capitalisme sans capitalistes ». Alfred Chandler, historien américain, remarque que la mort du PDG d’une grande entreprise ne remet pas en cause sa survie, contrairement aux petites entreprises familiales.

Aujourd’hui, il est difficile de fonder une entreprise. On différencie l’entrepreneur lié à la grande entreprise de l’entrepreneur qui ne veut pas tomber dans la pauvreté. A cause du désengagement de l’Etat Providence, le revenu principal des individus est le revenu du travail. Alors, si l’entrepreneur ne trouve pas de travail, il le crée. Ainsi, il maintient la cohérence du système économique et social. C’est l’entrepreneur socialisé.

Aux Etats-Unis, la politique publique favorise la création d’emploi, et l’environnement est favorable à l’entreprenariat. Les politiques peuvent être des programmes de recherche dans le domaine des technologies de pointe, la baisse des coûts des facteurs de production en augmentant l’offre de capital et de la main d’œuvre qualifiée (en développant l’éducation par exemple). Il y a beaucoup de fermetures mais c’est souvent parce que l’entrepreneur ferme son entreprise dans un secteur pour en rouvrir dans un autre. Ainsi, l’entrepreneur crée de la richesse, distribue des revenus, et crée des emploi, favorisant la cohérence du tissu social.

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Coline Bernard