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Synthèse de textes ESCP BS 2021 – Analyse du sujet

Sommaire

Découvre sans plus attendre l’analyse du sujet de synthèse de textes ESCP BS 2021. C’est une épreuve qui demande beaucoup de rigueur du point de vue de l’orthographe, de la grammaire et de la syntaxe. 

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Analyse du sujet 

Pour rappel, ce sujet vous invitait à confronter 3 textes dont un de Montaigne (1595) issu de ses Essais, et deux textes très récents (2020) écrits par Pierre-Henri Travoillot et Cynthia Fleury.

Montaigne fait ici l’éloge de débat d’opinion éclairé en rappelant qu’historiquement c’était un pilier de la vie politique (Grèce, Italie). L’exercice est parfois redoutable car il est difficile d’accepter l’opinion d’autrui mais c’est pourtant une activité hautement bénéfique. Se confronter aux idées adverses permet à la fois une tolérance mais également de s’enrichir du point de vue l’autre pour l’intégrer à sa propre perception des choses. Cela requiert néanmoins une certaine tolérance et des esprits développés, capables d’exprimer des idées réfléchies. Le discours consensuel et lisse quant à lui est à mourir d’ennui car l’intérêt du débat se trouve dans l’opposition, la confrontation.

Pierre-Henri Travoillot reprend également le thème de la confrontation d’idées en évoquant également les dérives de celle-ci. La confrontation directe n’est plus gage d’un échange constructif (comme pour Montaigne) mais plutôt de passions et de haine. Au fond, le débat d’idées constructif ne semble même pas possible soit car les théories conspirationnistes fleurissent, soit car les individus sur les réseaux sociaux se retrouvent dans une bulle, entourés de personnes partageant les mêmes opinions. Ces réseaux sont le lieu d’expression de l’indignation et de frustrations (passions). Il plaide pour un retour à un débat constructif qui permettrait de repenser la complexité des enjeux et éviter de s’enfermer dans des schémas simplistes et fatalistes de la société (complotistes, fatalistes ou au contraire idéalistes).

Enfin, Cynthia Fleury décrit avec regret l’usage du langage pour exprimer le ressentiment, la rancœur. Le langage n’est plus utilisé pour exprimer des idées novatrices et constructives mais pour salir l’autre, pour l’attaquer. Cela est symptomatique d’un sentiment partagé par l’individu moderne (ressentiment, frustration) et que Travaillot constate aussi. L’auteure mène une vraie réflexion sur l’utilisation actuelle du langage. Il perd sa capacité à exprimer une rationalité et à sublimer la brutalité des idées pour faire émerger le mépris et le ressentiment de l’autre. Pourquoi cela ? Car en critiquant l’autre, on s’auto-valorise. Les réseaux sociaux participent pleinement de cette expression publique du ressentiment et de la haine d’autrui. L’auteure, comme Travoillot, souligne le rôle des réseaux sociaux dans la détérioration du débat public, pas comme lui pour l’homogéneisation des opinions mais plutôt pour l’expression publique du mépris et du ressentiment qu’ils permettent.

Le thème de la synthèse tourne autour du débat d’idées et de la vie publique. Il ne fallait pas s’enfermer dans le thème du langage mais bien faire résonner la qualité du débat d’opinion (ou plutôt d’idées) et des échanges éclairés et qualité des institutions, climat politique, sens de la citoyenneté, civisme. Dans l’ensemble le sujet est tout à fait accessible. Les textes sont clairs et n’introduisent pas de concepts difficiles. Il faut néanmoins redoubler de vigilance quand les textes sont compréhensibles car la tentation peut être forte chez certains candidats de retranscrire ce qu’ils ont compris et d’énumérer des points de vue au lieu de s’efforcer à trouver les points de confrontation entre les textes.

 

Voici une suggestion de problématique :

Un débat éclairé est-il encore possible dans une société animée par des passions tristes ? (Référence à l’ouvrage de F. Dubet – Le temps des passions tristes – qui évoque de nombreux thèmes évoqués dans les deux textes de 2020)

Rassurez-vous: 

  1. L’exercice de synthèse de textes laisse aux candidats une très grande liberté dans le choix des problématiques et du plan. Il y a donc une myriade de problématiques intéressantes et celle-ci n’est qu’une possibilité parmi tant d’autres !
  2. La forme est très valorisée et une copie bien rédigée, sans fautes, agréable à lire peut déjà obtenir une note honorable, d’autant plus si le fond est bon. 

L’essentiel est d’avoir saisi la finesse des idées évoquées ainsi que les singularités de chaque auteur (notamment entre les deux auteurs contemporains) et de savoir faire dialoguer les auteurs entre eux.   

En espérant que l’épreuve se soit bien passée pour vous, il ne nous reste plus qu’à vous souhaiter bonne chance pour les épreuves à venir ! On croit en vous !

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Julia Cantaragiu