À noter qu’il n’y existe pas de plan “type” et que nous proposons seulement un plan qui marcherait sur le sujet !
POUR VOIR LE SUJET DE CULTURE GÉNÉRALE EDHEC/ESSEC DU CONCOURS 2021
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Durant l’année nous avions traité deux sujets assez proches, grâce à Eric Cobast de l’INSEEC puis à Romain Treffel que vous pouvez retrouvez juste en dessous
Analyse du sujet
Pensez-vous, comme l’a écrit Montaigne, qu’il se trouve plus de différence de tel homme à tel homme que de tel animal à tel homme ?
Comme pour chaque sujet l’analyse des termes et de la formulation du sujet est décisive pour la problématisation.
Problématisation et analyse du sujet
⁃ « Il se trouve » c’est une forme impersonnelle qui renvoie donc à une objectivité. Il faudra questionner cela : est-ce qu’on peut été objectif d’affirmer ou pas ce que dit Montaigne alors que nous sommes nous-mêmes enfermés dans notre condition d’homme ? L’homme peut-il avoir un avis objectif sur ce sujet et peut-il juger objectivement de ce problème ?
⁃ « Plus de différence » : ici différence est au singulier et cela peut être intéressant de construire une certaine problematisation autour de cela. Y’a-t-il une seule différence ou plusieurs ? Pourquoi ? Ensuite, le plus est également intéressant : comme si cela était la même différence entre tel homme et tel homme et tel homme et tel animal, mais pas avec le même dosage en quelque sorte.
⁃ « Tel homme à tel homme » : particularité de l’homme, un homme x est différent d’un homme y, d’où le « tel » qui renforce cette singularité de l’homme. Chaque homme est unique. On peut questionner cela (cf les cours de l’année) : l’homme est-il différent de l’autre homme ou peut on parler d’une espèce humaine, y a t’il une essence commune ou pas ?
⁃ « Tel animal à tel homme » : intéressant car tel ou tel animal peut-être très différent de l’homme, par exemple il serait complètement différent de comparer l’homme et le vers de terre et l’homme et le tigre. Ensuite, s’interroger sur le tel : si on compare un animal à un homme particulier, ce n’est pas comme si on le compare à l’espèce humaine. Le contexte : Montaigne est un philosophe de la seconde moitié du XVIe siècle, de la période humaniste de la Renaissance. Cette période inscrit l’homme au cœur de sa réflexion, et veut pousser l’homme à se dépasser pour s’accomplir, notamment intellectuellement. Importance de l’être humain et des possibilités qu’il peut accomplir. Mais en réalité, Montaigne affirme également dans ses essais que l’animal possède une intelligence non négligeable, attention à ne pas faire un contre-sens en pensant qu’il place l’animal bien au dessous de l’homme. En effet, Montaigne considère que la raison humaine est faillible (cf sa lecture de Sextus Empiricus et son approche du scepticisme) et utilise des références aux animaux pour critiquer l’anthropocentrisme qui place l’homme au centre du monde en tant qu’espèce toute-puissante. Il peut donc être intéressant de réfléchir à la position des sceptiques sur l’homme et sa particularité.
I)Une unique différence fondamentale entre tel homme et tel animal : la raison
II) Mais une différence qui peut être nuancée, l’homme particulier n’étant finalement qu’un membre d’une espèce animale
III) Enfin, dans cette perspective la stabilité recherché par les hommes et les animaux tend à se diriger vers une forme d’unité chez les êtres vivants d’où une certaine ressemblance
En plus des références étudiées en cours, des pistes d’exemples (pas tout mettre en même temps, une liste d’idées) :
I)Une unique différence fondamentale entre tel homme et tel animal : la raison
– particularité de l’homme, « tel homme » sera différent de tel autre homme et unique alors que « tel animal » peut ressembler à tel autre.
- Pascal « l’homme est un roseau pensant », faible physiquement comme n’importe quel animal mais la raison lui donne une force
- Platon, mythe de Prométhée dans le Protagoras : supériorité de l’homme sur l’animal avec le feu
- Aristote et son « animal politique », l’homme est capable de vivre en société et de former des cités avec une organisation précise, pas les animaux. Rousseau et son Contrat social aussi, passage de l’état de nature à l’état de culture avec la fin de la loi du plus fort (loi qui règne parmi les animaux)
- Descartes : point commun entre homme et animal = leurs corps sont des machines, mais pour l’animal il manque l’âme, pure machine, contrairement à l’homme (pire encore, rumeurs sur Malebranche battant son chient et disant « regardez, réglé comme une pendule » quand il aboyait)
- Cf la Bible et la pensée chrétienne où Dieu a fait l’homme à son image, être doté d’une raison, pas comme les animaux
- Buffon et ses études scientifiques : l’animal imite l’homme, il le copie mais n’est pas doté des mêmes capacités que lui
- Exemple de La Fontaine où il y a dans ses Fables où des animaux apparaissent : « le loup », « l’homme », « le renard », « le lion » : chaque animal sert à souligner un trait de caractère propre à l’homme (la jalousie, l’envie, la colère, la ruse, etc) alors que les animaux sont toujours représentés de la même manière les hommes sont tous différents d’une fable à l’autre, cf la particularité de leur être
II) Mais une différence qui peut être nuancée, l’homme particulier n’étant finalement qu’un membre d’une espèce animale
- Mais progrès de la médecine et de la science soulignent l’appartenance de l’homme à une espèce animale, pas de différence entre « tel homme et tel animal » que « tel homme et tel homme » d’un point de vue anatomique et biologique : Exemple de Claude Bernard et les progrès de la médecine moderne par l’expérimentation
- Une essence de l’homme dès lors qu’on le considère comme une seule espèce : on pourrait regrouper les hommes sous la même espèce et arrêter de différencier tous les hommes particuliers (exemple des philosophes platoniciens)
- Exemple littéraire : Rousseau, dans la préface de ses Confessions veut se dépeindre pour servir d’exemple à l’ensemble des autres hommes, tous peuvent se reconnaître en lui == universalité de l’espèce humaine
- Darwin et autres scientifiques : l’homme reste une espèce qu’on peut placer parmi d’autres. Une immense différence entre l’homme et l’animal ? Plus vraiment, sous cet angle.
- Critique de l’anthropocentrisme de l’homme : se replacer en tant qu’homme parmi les autres animaux tout en reconnaissant être supérieur. Montaigne est d’ailleurs un philosophe qui pense cela, cf sa période sceptique où il reprend Sextus Empriricus