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La question du droit à l’euthanasie dans le monde hispanique

Sommaire

Découvrez dans cet article, la question du droit à l’euthanasie dans le monde hispanique et surtout en Espagne et en Colombie !

 

Qu’est-ce que le droit à l’euthanasie ? 

Il s’agit d’un suicide assisté par un tiers, souvent un personnel médical. Ce droit permet à une personne de contrôler sa fin de vie et mettre fin à ses souffrances.

 

Quels sont les types d’euthanasie ?

  • Il existe tout d’abord l’euthanasie active qui relève de l’action de provoquer la mort d’une personne. Cette pratique est aujourd’hui autorisée dans 5 pays dans le monde : aux Pays-Bas (depuis 2002 avec le suicide assisté), au Canada, au Luxembourg, en Colombie et en Belgique
  • L’euthanasie passive qui consiste à arrêter de prodiguer des soins, des actions et des traitements qui prolongent la vie d’un patient. L’euthanasie passive est autorisée au Chili, au Pérou ainsi qu’en Argentine
  • Le suicide assisté : autorisé en Allemagne et en Suisse, le suicide assisté consiste en la prise d’une pilule prescrite par un professionnel médical afin de mettre fin à ses jours.

En 2002, 1882 personnes ont eu recours à l’euthanasie active, contre 6 306 personnes en 2017.

 

L’euthanasie en Espagne : une avancée qui subit des controverses

L’Espagne a montré une avancée majeure dans la quête de droits et libertés en autorisant l’euthanasie active. La loi a été approuvée le 18 mars 2020 par le Parlement espagnol avec une large majorité portée par des votes de gauche et de centre (202 députés en faveur de la loi sur 350 députés). L’Espagne est ainsi devenue le quatrième pays européen ainsi que le sixième pays du monde à autoriser un patient atteint d’une maladie incurable, à mettre fin à ses jours. Il s’agit d’un véritable changement dans la société espagnole, changement salué et approuvé par le Premier ministre espagnol, qui a tweeté à la suite du vote de la loi : « pays plus humain, plus juste, plus libre ».

L’euthanasie autorisée en Espagne donne donc le droit à un médecin de donner la mort à un patient en procédant à un suicide médicalement assisté, mais le patient peut aussi prendre par lui-même une dose prescrite par un membre du personnel médical.

Ce nouveau droit est tout de même très réglementé et doit respecter nombres de critères :

Tout d’abord, l’euthanasie est réservée à une certaine catégorie de personnes, souffrantes de maladies incurables. Des conditions strictes ont été mises en place : la personne qui souhaite mettre fin à ses jours à l’aide de l’euthanasie doit être de nationalité espagnole ou doit résider dans le pays. La personne doit être consciente de sa démarche et aucun avis extérieur ne doit prendre position dans son choix. Le droit à l’euthanasie doit être validé par deux médecins, d’abord par un premier, puis par un second lors du renouvellement de la demande qui aura été faite 15 jours après la première. Le personnel médical doit absolument valider la demande et est en capacité de refuser le protocole s’il estime que le patient ne répond pas aux critères exigés.

Il persiste tout de même beaucoup d’opinions mitigées vis-à-vis de la mise en vigueur de cette loi. Les partis d’extrêmes droites comme notamment Vox ainsi que l’Eglise catholique espagnole ont fortement critiqué cette loi. 

Voici des exemples d’arguments en faveur, et contre la loi :

Arguments contre la loi : 

  • argument religieux : opposition de l’Eglise catholique 
  • manque de consentement 
  • erreur de diagnostique médical (la maladie peut évoluer)
  • le patient est influencé par la douleur 

Arguments en faveur de la loi : 

  • mettre fin à la douleur perpétuelle 
  • liberté de disposer de son propre corps 
  • l’euthanasie est déjà pratiquée dans d’autres pays 
  • offrir de nouvelles perspectives pour les conjoints de personnes souffrantes de maladies incurables.

 

Le droit à l’euthanasie en Colombie : un pays pionnier 

La Colombie est un pays pionnier dans l’adoption du droit à l’euthanasie active. Depuis 1997, un médecin ne peut pas être condamné pour euthanasie s’il a aidé une personne en phase terminale à mourir avec son consentement. La loi de 2014 a régulé la pratique qui était déjà possible depuis 1997. La Colombie est le premier pays d’Amérique latine à avoir légaliser l’euthanasie. Jusqu’à aujourd’hui en Colombie, pour avoir droit à l’euthanasie, il fallait répondre à quatre conditions : être en phase terminale, avoir des douleurs intenses, demander volontairement la procédure et que la procédure soit mise en place par un médecin. Or un changement s’est opéré le 22 juillet dernier : le gouvernement colombien n’exige plus au patient d’être en phase terminale, en fin de vie.

Voici en plus l’histoire d’une colombienne qui a souhaité avoir recours à l’euthanasie mais qui a renoncé : l’histoire de Consuela Córdoba. Cette femme a été attaquée à l’acide par son mari jaloux et a subi par la suite 87 opérations. La vie lui était impossible et sa maladie lui coûte chaque jour beaucoup d’argent. Elle a ainsi demandé à être euthanasiée. Sa demande a été acceptée et l’euthanasie avait été programmée au 29 septembre 2017. Néanmoins, Consuela Córdoba, qui s’est battue contre sa maladie pendant des années, a changé d’avis après un échange avec le Pape François lors d’un voyage en Colombie, dans lequel il ne lui donnait pas son approbation pour être euthanasiée.

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Manon Dahan