Les ouvrages les plus utiles pour faire la différence en ESH #1 L’enjeu de la soutenabilité environnementale
Dans la filière ECE, l’ESH est avec les maths la matière clé pour resurgir les concours. L’exercice roi de cette épreuve est bien évidemment la dissertation, redoutée de nombre d’étudiants.
Pour vous aider, à partir d’aujourd’hui, Mister Prépa vous propose une série d’articles sur les ouvrages les plus utiles à citer et maîtriser pour faire la différences dans vos dissertation d’ESH, découpée par grandes thématiques (marchés financiers, crises financières, développement…).
Vous trouverez une liste d’ouvrages. Chacun est accompagné de l’argument principal, d’une brève explication, parfois d’une citation et de compléments faisant référence à d’autres ouvrages, concepts ou théories qui sont en lien avec le premier ouvrage. Parfois nous ajoutons aussi des liens pour ceux qui veulent plus d’informations.
A la fin, nous vous proposons des exemples de sujets que vous pouvez réaliser afin de vous entrainer ainsi qu’un rappel des auteurs de référence que vous avez dû voir en cours (si ce n’est pas le cas faite des recherches car ils sont essentiels dans les dissertions).
Aujourd’hui, on commence avec les ouvrages sur la soutenabilité environnementale (thème peu traité en cours mais pourtant essentiel) !
« L’une des plus rudes leçons qu’enseigne le changement climatique, c’est que le modèle économique de la croissance et la consommation effrénés dans nations riches, sont écologiquement insoutenables » PNUE (Programme des Nation Unies pour l’environnement)
1)Prospérité sans croissance, les fondements de l’économie de demain de Tim Jackson, 2010
Argument : Il constate un « dilemme de la croissance » : l’objectif de poursuite de la croissance est incompatible avec la protection de l’environnement si le moteur de la croissance ne change pas et si l’on ne réfléchit pas sur une fin possible de la croissance.
« Dans une économie fondée sur la croissance, la croissance est essentielle pour la stabilité. Le modèle capitaliste ne propose aucune voie facile vers un état stationnaire. Sa dynamique naturelle le pousse vers deux états : l’expansion ou l’effondrement »
Explication : Il estime qu’il faut rapidement changer le moteur de la croissance tout en modifiant notre vision de la prospérité en sortant de l’obsession matérialiste. Il en appelle à un « New Deal vert keynésien » avec comme maître mot le bien-être écologique. Cela passe par des plans de relance verts comme des investissements massifs dans le renouvelable afin d’accélérer la transition énergétique et de stimuler l’activité économique et donc la croissance.
« La prospérité aujourd’hui ne signifie rien si elle sape les conditions dont dépend la prospérité de demain. Et le message le plus important de la crise financière de 2008, c’est que demain est déjà là. »
Complément : Gaël Giraud estime que l’énergie est le moteur des différentes révolutions industrielles et phases de croissance, et non l’innovation. Il faut donc investir massivement dans une nouvelle transition énergétique afin de s’assurer une croissance durable car depuis les années 50 il a constaté qu’il n’y a pas eu de nouvelle révolution énergétique.
« L’énergie ne produit donc pas la prospérité par magie : la technique, le capital et le travail lui sont complémentaires » Gaël Giraud
2) Ecologie de marché, un mythe dangereux de Jean Paul Maréchal, 1996
Argument : Il dresse un portrait préoccupant de la situation environnementale. En cause, une société de plus en plus productiviste donc l’unique mot d’ordre est la croissance et la production à tout prix.
Explication : Selon lui, le modèle économique actuel est insoutenable. Alors même que les sphères économiques et écologiques sont intrinsèquement liées (CF = même étymologie), la première progresse au détriment de la seconde ce qui n’est pas durable. Il critique aussi la primauté du marché qui est présentée par certains comme le remède miracle. Il s’agirait en réalité de l’option la plus facile à mettre en place car elle est en adéquation avec les politiques déjà existantes comme le principe de la rente de rareté pour les biens communs.
Complément : Ce principe de rente de la rareté fait déjà des dégâts en Australie avec l’eau. Des marchés de l’eau ont été mis en place afin de l’économiser ce qui de prime à bord paraît être une bonne initiative. Le problème est qu’un des spéculateurs achètent massivement des droits ce qui fait monter les cours. Par conséquent, les agriculteurs se retrouvent dans l’impossibilité d’acheter d’avantage d’eau car les cours sont artificiellement élevés.
3) Le développement soutenable de Vivien, 2005
Argument : Le terme durable dans « développement durable » n’est pas approprié car il ne renvoie qu’à la durée dans le temps. Il consisterait donc à faire durer le développement. Or, de quel développement voulons-nous ? D’autres questions sont oubliées comme la répartition. Dans son ouvrage il s’interroge sur la notion de développement soutenable, sur les problématique et opportunités qu’il suscite. Il invite à « revisiter l’histoire de la pensée économique ».
« le terme “durable” a tendance à renvoyer à la durée du phénomène auquel il s’applique, comme si le problème se résumait à vouloir faire durer le développement. Or la notion de soutenabilité permet de mettre l’accent sur d’autres questions relatives à la répartition des richesses entre les générations et à l’intérieur de chacune des générations »
4) Le contrat naturel de Michel Serres, 1990
Argument : Il dénonce un « acosmisme » à savoir l’oubli du milieu naturel dans lequel nous vivons ce qui n’est pas soutenable à long terme.
Explication : Il y dénonce l’impact des activités humaines sur l’équilibre global de la planète. Il en appelle à un contrat naturel entre l’Homme et le Monde (l’environnement) qui viendrait compléter le contrat social établit entre les Hommes afin de nous permettre de vivre en symbiose avec la nature en la respectant, en arrêtant de l’exploiter.
Complément : les mots « économie » et « écologie » ont la même racine à savoir « Oikos » qui signifie « l’habitat », « le foyer ».
5) Produire le monde, pour une croissance écologique d’Hervé Juvin, 2008
Argument : Puisque les biens naturels sont menacés, il faut inventer des moyens de les produire afin que l’industrie se substitue à la nature ce qui au passage représente un formidable levier de croissance.
Explication : Il fait le constat qu’il va être très difficile d’enrayer la disparition progressive dans biens commun et notamment de ceux qui sont utilisés pour la croissance. Il préconise donc de produire les biens communs comme l’eau et l’air au moyen de technologies propres. Cette solution pourrait même devenir un levier de croissance, une « nouvelle révolution industrielle » afin de produire le monde. Cette idée peut sembler plus qu’utopique mais n’oublions pas que les énergies renouvelables sont des substituts aux énergies fossiles. Elles pourraient donc être considérées comme les prémices de cette révolution industrielle.
« L’industrie va remplacer la nature dans la production du monde »
Complément : En lien avec la soutenabilité faible. Ici, la production industrielle va remplacer la production naturelle.
6) Economic Growth and the environnement de Grossman et Krueger, 1995
Argument : La courbe environnementale de Kuznets.
Explication : Ils ont repris la courbe de Kuznets (le développement s’accompagne d’une baisse des inégalités) afin de créer une courbe environnementale. Ils cherchent à prouver que le développement s’accompagne aussi d’une réduction de l’empreinte environnementale. Ils adoptent une vision évolutionniste sur le modèle de Rostow en plusieurs étapes. La dernière est « l’écoefficience ». La croissance nous amène donc vers une modèle économique soutenable. Selon eux, les techniques de production en devenant de plus en plus propres ont un « effet technique » et un « effet de composition » qui réduisent progressivement la quantité de pollution par unité de bien produits grâce à une spécialisation des économies développées vers des activités moins polluantes comme le tertiaire. Au début ces effets viennent compenser l’ « effet d’échelle » (hausse de la production) et lorsqu’ils deviennent assez importants ils permettent une réduction générale de l’empreinte environnementale.
Enjeux : Ce processus est-il naturel ? Avec la mondialisation économique, n’assiste-t-on pas à un déplacement des activités polluantes vers les nouveaux ateliers du monde ce qui donne l’illusion d’une diminution de la pollution dans certains pays comme en Europe ?
Complément : Cet analyse est en lien avec la Soutenabilité faible selon laquelle les capitaux naturels sont substituables par des capitaux créés par l’homme comme le capital humain ou technologique. C’est la règle d’Hartwick (1977) : la consommation de capital naturel permet d’investir aujourd’hui afin de développement des technologies qui viendront demain se substituer aux capitaux naturels consommés afin de maintenir une stock de capital suffisamment élevé pour les générations futurs. A cela s’ajoute la règle d’Hotteling : les ressources naturelles sont inépuisables car si l’on suit la loi de l’offre et de la demande, plus elles seront rares plus elles seront coûteuses. Elles finiront donc par être substituées par d’autres ressources (notamment artificielles).
On peut l’opposer à la Soutenabilité forte : les capitaux ne sont pas substituables. Ils font donc préserver autant que possible les capitaux naturels en changent de modèle économique.
7) Essai sur l’histoire humaine de la nature de Serge Moscovici, 1968
Argument : Chaque époque correspond à une grande question pour l’Homme. Question dont dépend sa survie.
–>La Question Politique au XVIIIème avec la Révolution.
–>La Question sociale au XIXème avec les révolutions industrielles.
–>La Question environnementale/naturelle depuis le milieu du XXème siècle.
8)La Tragédie des Communs de Garrett Hardin, 1968
Constat: Les biens communs sont rivaux et non excluables, très souvent gratuits et ils offrent des ressources limitées (ressources halieutique, pâturages…).
Tragédie : Chacun cherchant à tirer le plus possible profit de ces biens communs, cela conduit à leur surexploitation et à leur épuisement car ils ne se régénèrent pas assez vite. Il n’y a pas de solution facile à mettre en œuvre. Il faudrait une réglementation avec des quotas ou une solution de marché par le mise en place de droits de propriété même si cette dernière alternative reste difficile à mettre en place.
« L’Homme prend grand soin de ce qui lui est propre est néglige ce qui est commun »
Complément : En lien avec les pistes de recherche d’Elinor Ostrom sur la gestion locale des biens communs. Selon elle, ni une gestion centralisée par l’Etat ni le marché ne peuvent protéger efficacement les ressources. La solution se trouve dans les arrangements au sein même de communautés réduites qui sont directement concernées par les ressources et qui sont les plus à même d’organiser leur partage et leur préservation.
Complément : « La tragédie de l’horizon » du gouverneur de la Banque d’Angleterre, Mark Carney en 2015. Selon lui, le monde financer doit prendre en compte une nouveau genre risque, le risque climatique. Il peut se traduire par un risque physique (impact financier des catastrophes naturelles notamment pour les assureurs), le risque juridique (procès intentés par les victimes du changement climatique) et les coûts de la transition économique (dépréciation des actifs en lien avec les énergies fossiles…). Son constat et que les intérêts à court terme et de long terme de la finance sont incompatibles.
Pour plus d’informations : https://iris-recherche.qc.ca/blogue/quest-ce-que-la-tragedie-des-biens-communs
Exemples de sujets possibles :
Peut-on concilier croissance économique et développement soutenable ? Sont-ils compatibles ?
L’environnement, un bien collectif mondial
Soutenabilité faible et forte, entre utopie et nécessité
Doit-on repenser le moteur de la croissance afin de sauver notre environnement ?
Attention : Ne pas négliger les auteurs de référence dont…
- Serge Latouche et Georgescu-Roegen sur la décroissance.
- Elinor Ostrom (Nobel 2009) pour son travail sur les biens communs et la gestion locale des ressources.
- Stanley Jevons et l’effet rebond.
- Pigou et le principe du pollueur payeur.
- Ronald Coase sur les solutions de marchés à apporter aux externalités et notamment des droits de propriétés bien définis.
- William Nordhaus et les « fuites carbones » .
- Michel Aglietta et les green bonds.
- Eloi Laurent et Jacques Le Cacheux dans Economie de l’environnement et économie écologique, 2012