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Des classes préparatoires ECG menacées de fermeture !

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Alors que les premiers étudiants de classes préparatoires ECG viennent de faire leur rentrée en août dernier, des décisions incomprises par l’écosystème prépas viennent d’être prises menaçant des classes préparatoires ECG de fermeture. Elles sont actuellement au titre de 4 : Camille Vernet (Valence), Rodin (Paris), Montgazon (Angers) et Dumont d’Urville (Toulon). 

Soutenir : Pétition qui encourage les prépas de proximité

Pour la plupart il s’agit de la fermeture d’une filière, pour d’autres d’une spécialité (à l’instar des maths approfondies par exemple). Ce qui demeure problématique non seulement pour les étudiants du fait du changement de recrutement de ces prépas mais aussi pour les professeurs qui se retrouvent mutés dans d’autres établissements.

Des prépas ECG scindées en deux groupes

Selon une enquête menée par l’APHEC auprès de plus de 120 lycées, deux tendances très claires semblent se dégager après le passage à la filière ECG :

  • Les grands lycées des centres des grandes métropoles ont bien ou très bien recruté, parfois mieux que l’année précédente ;
  • Les « prépas de proximité » où celles qui se trouvent dans des territoires où plusieurs CPGE ECG sont présentes ont souffert avec des chutes d’effectifs parfois brutales. Dans le détail, ces prépas ont eu plus de difficultés à recruter lorsqu’elles proposent le parcours avec mathématiques approfondies. Les parcours avec mathématiques appliquées ont été mieux remplis, malgré des exceptions.

Il s’avère qu’avec le contexte sanitaire, les modifications de la prépa et la concurrence accrue d’autres filières, le recrutement en prépa voie économique et commerciale a été drastiquement différent des années précédentes.


Trois requêtes faites par l’APHEC pour soutenir les prépas ECG

Du fait de la menace déjà présente dans de nombreuses académies au sujet des classes préparatoires en octobre dernier, l’APHEC avait fait trois propositions fortes :

  • « Qu’aucune classe des CPGE ECG ne soit fermée sur la seule base des effectifs à la rentrée 2021. Il est nécessaire de laisser s’installer cette nouvelle filière sur une durée de 3 ans. Il en va du maintien du maillage territorial des CPGE, moyen irremplaçable pour œuvrer en faveur de la diversité sociale du recrutement dans cette voie sélective ; »
  • « Qu’un cadrage national soit établi pour que la stabilité de la carte scolaire des CPGE ECG soit réellement assurée dans toutes les académies ; »
  • « Que vous puissiez faciliter et impulser la mobilisation de l’ensemble des acteurs de l’orientation, y compris les grandes écoles de management, pour expliquer aux lycéens dans des conditions, espérons-le, redevenues normales cette réforme et en valoriser les quatre parcours proposés. Notre association est déjà pleinement mobilisée et se tient prête à participer à toute action d’envergure pour promouvoir les CPGE ECG, mais aussi ECT, D1 et D2. »

Cependant, au vu des récentes décisions planant sur la tête de certains établissements, les académies n’auraient pas toutes prises en compte les requêtes proposées par l’APHEC, ce qui est regrettable pour une filière qui est vectrice d’ascension sociale, de méritocratie, et d’épanouissement intellectuel. Une récente étude du NewGen Talent centre de l’EDHEC montre justement, que plus de 81% des étudiants referaient une classe préparatoire s’il avait le choix. Nous pouvons encore souligner le fait que 97% des élèves de CPGE jugent leur expérience de prépa enrichissante.

Pourquoi les étudiants font une classe préparatoire ECG ?

Cette étude menée sous la direction de Manuelle Malot révèle notamment que « pour les élèves qui ont fait le choix d’un établissement public la localisation et le montant des frais de scolarité ont été plus déterminants ».

Les raisons de faire une prépa ECG

Or rappelons que les différentes prépas actuellement menacées se trouvent dans des zones bien distinctes et sont publiques pour trois d’entre elles.

 

Zoom sur le cas de Camille Vernet (CPGE de Valence)

En ce sens, nous sommes rentrés en contact avec les étudiants et les professeurs de l’une d’elles, à Camille Vernet, pour mettre en lumière leur stupeur face à cette décision pour le moins inappropriée et incompréhensible.

Soutenir la prépa Camille Vernet : Pétition qui encourage les prépas de proximité

 

L’historique de la prépa Camille Vernet

Le lycée est l’un des 4 lycées publics de l’agglomération valentinoise et est le seul à avoir des classes prépas : MPSI, PCSI et PSI côté ingénieurs et ECE-ECS côté commercial, soit au total environ 220 étudiants. Les voies commerciales ont une trentaine d’années et c’est la voie équivalente à la ECG « maths approfondies », celle-là même qui pourrait disparaître en septembre, alors que la classe historique de Camille Vernet était une ECS (le même équivalent que celle menacée).

La prépa Camille Vernet possède actuellement une ECG-ESH et une ECG-HGG, avec chacune option « maths appliquées » et « maths approfondies » (les étudiants étant regroupées pour ces disciplines).

 

Une prépa de « proximité » aux résultats ambitieux !

Les CPGE voie EC permettent ainsi à des jeunes de Drôme-Ardèche de présenter les écoles de commerce les plus prestigieuses. L’an dernier, sur 43 étudiants ayant passé les concours, 2 étudiants ont été admis dans le Top 3 (ESCP), 6 dans le Top 5, 16 dans le Top 8, et aucun échec a été souligné lors des concours. Parmi les étudiants admis dans le TOP 3, l’un a été admissible à HEC et l’autre à l’ESSEC. « C’est la preuve, s’il en fallait une, que nos classes sont un vecteur de mobilité sociale et qu’il est possible d’intégrer les plus grandes écoles supérieures de commerce en étudiant à Valence. » explique Laurence Briday, professeure d’ESH à Camille Vernet.

 

L’importance de soutenir des prépas de province

Les CPGE de proximité comme celle de Camille Vernet jouent en effet un rôle essentiel dans le maillage territorial, moyen irremplaçable pour œuvrer en faveur de la diversité sociale du recrutement dans cette voie sélective. « Nous sommes pleinement dans l’axe que prétendent vouloir favoriser les pouvoirs publics, que cela soit dans sa politique de formation des jeunes générations, dans sa volonté d’ouverture sociale des formations de prestige mais aussi dans celle de la proximité : les 2/3 de nos étudiants viennent de Drôme-Ardèche, et le tiers restant des départements limitrophes. » soutient la professeure. Pourtant, le Rectorat envisage de fermer une classe et une des options de mathématiques à la rentrée 2022, projet qui a suscité la stupeur du corps professoral. Malgré une baisse d’effectif en partie justifiée par rapport au contexte évoqué précédemment, la décision est très dure et parait inappropriée.

La réforme du baccalauréat a rendu moins lisibles ces parcours de formation. Plus encore, la crise sanitaire a empêché une information correcte des lycéens : ils sont pourtant nombreux à décider de rejoindre l’établissement après une rencontre dans les différents salons d’orientation ou directement dans les établissements scolaires de l’Ardèche et de la Drôme explique les professeurs de Camille Vernet.

 

Pour les parents de la région, Valence semble un premier pas, déjà parfois coûteux sur beaucoup de plans, avant les métropoles lyonnaise ou grenobloise ou même au-delà. Le lycée Camille Vernet, dans une ville moyenne, réduit aussi la fracture sociale, contribue au maillage territorial à l’heure de la quête de proximité et des mobilités douces. La prudence conseillerait plutôt de conserver l’offre de formation en l’état avant de pouvoir faire un bilan objectif de la situation, une fois les choses stabilisées

 

« Une décision injuste et sans concertation »

« La décision du Rectorat nous semble particulièrement brutale et injuste, sans aucun avertissement, ni concertation. Tout d’abord, compte tenu du contexte socio-économique compliqué, les pouvoirs publics soutiennent très largement le secteur privé, en lui apportant aides et subventions, alors que, nous devrions être des victimes collatérales, nos CPGE coûtant trop cher (enfin c’est ce qu’on suppose car la Rectrice n’a pas motivé sa décision). » confient les professeurs de la prépa. En ce sens, l’établissement s’aligne parfaitement à la première des trois propositions faites par l’APHEC au Ministère de l’Enseignement Supérieur à savoir « qu’aucune classe des CPGE ECG ne soit fermée sur la seule base des effectifs à la rentrée 2021 ».

En effet, les conséquences du projet du Rectorat seraient lourdes pour la proposition de cette voie d’excellence à Valence : une forme réduite et une perte d’attractivité globale fragilisant toute la filière ECG (et peut-être même au-delà, en impactant les voies ingénieurs, par un effet de ricochet, avec la suspicion qui pourrait dans l’esprit des familles, sur un lycée dont on ferme des classes).

 

Une fermeture qui entrainerait des effets cascades pour le territoire

Les classes préparatoires dites « de proximité » comme celle de Valence jouent pourtant un rôle essentiel dans ce maillage territorial, garant d’une plus grande égalité des chances, sociale comme territoriale. « Nous sommes fiers d’avoir permis à tous nos jeunes, Drômois-Ardéchois et bien au-delà puisque nous avions l’an dernier un Mahorais et deux Marocaines, d’atteindre leurs rêves, de pousser leurs ambitions plus avant. Il serait souhaitable que cela puisse encore être possible demain. » souligne Laurence Briday.

Qui plus est, une telle fermeture entraînerait une perte de dynamisme du territoire, pour beaucoup ruraux, qui ont un besoin fondamental de formations de proximité : perdre une centaine d’étudiants, alors obligés de partir à Lyon, Grenoble ou Avignon, aurait un impact non négligeable sur l’activité économique locale et sur l’attractivité du Sud Rhône-Alpes. Et de tels déplacements pourraient aussi brider les ambitions de jeunes bacheliers, les privant de l’appui familial pourtant indispensable dans des formations dont l’âpreté est souvent source d’appréhension.

 

Une prépa déterminée à se faire entendre !

C’est pourquoi l’équipe enseignante se bat contre ce projet de fermeture de classe. Plusieurs élus de Drôme-Ardèche soutiennent la prépa et contestent cette décision. Certains ont personnellement écrit au rectorat pour lui faire part de leur désapprobation, d’autres ont même contacté Jean-Michel Blanquer et Frédérique Vidal.

Les préparationnaires, parents d’élèves ou anciens élèves se mobilisent pour lutter face une telle décision, dont certains témoignages sont présents ci-dessous :

 

LISTE DES TEMOIGNAGES D’ÉTUDIANTS

 

Plutôt que de brider cette filière ou de fermer des classes, il faudrait plutôt songer à soutenir la prépa ECG en présentant davantage les opportunités découlant de cette filière d’excellence dès le lycée. Les prépas sont une spécificité française qui permet chaque année, à de nombreux étudiants de s’épanouir, de se découvrir et d’intégrer des établissements parmi les meilleurs sur la scène nationale et internationale !

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Dorian Zerroudi
Co-fondateur d'elevenact (Mister Prépa, Planète Grandes Ecoles...), j'ai à coeur d'accompagner un maximum d'étudiants vers la réussite !