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Mythologie et culture générale #2 – Le mythe d’Icare

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Alors oui, la mythologie pour la plupart d’entre vous, ça rappelle surtout divers petits souvenirs comme des cours sur Ulysse et Hercule qui se transformaient en grandes séances de sieste collective pendant que le professeur comptait ces légendes somme toute bien sympathiques. Pour d’autres, c’est surtout le souvenir charmant de soirées devant la télévision avec vos parents où votre père ressortait fièrement une cassette d’un autre âge en vous expliquant vouloir agrandir votre culture et où vous découvriez mi-moqueur moi-ennuyé un vieux film des années 60 où les montres ressemblaient plus à de vulgaires marionnettes qu’aux horreurs que les héros semblaient avoir tant de mal à combattre. D’autres enfin ont découvert cet univers fantastique en se plongeant à l’intérieur de la célèbre saga romanesque de Rick Riordan Percy Jackson, avec le grand nombre de déformations que cela implique. Pourtant, il s’agit surtout de références réutilisables dans de nombreux sujets que ce soit dans une copie de Culture Générale aux concours ou encore dans un oral d’HEC. Second épisode aujourd’hui d’une série sur ces mythes trop souvent injustement méconnus avec l’exceptionnelle histoire d’Icare.

 

Présentation du mythe

Pour parler du mythe d’Icare, il faut revenir encore plus en amont et revenir sur le plus grand mythe de l’histoire de la Crète. Minos, roi de cette île de la mer Méditerranée avait offensé Poséidon. Celui-ci, pour se venger a rendu la femme de Minos, Pasiphaé, follement amoureuse d’un taureau. Elle eut un enfant de lui : le Minotaure, monstre à corps d’homme et à tête de taureau. Horrifié de cette situation, Minos demanda au plus grand architecte de la Grèce antique, Dédale, de construire une prison pour le monstre d’où personne ne devrait jamais pouvoir s’enfuir. Celui-ci s’exécuta et le Minotaure fut enfermé dans le labyrinthe. Problème, des années plus tard, Thésée, héros grec de la ville d’Athènes réussi à s’introduire dans le labyrinthe et à tuer le Minotaure, puis à s’en échapper. Il s’enfuit alors en emportant avec lui Ariane, la fille de Minos. Celui-ci, fou de rage, enfermé alors dans le labyrinthe Dédale et son fils Icare.

Piégés, le père et le fils doivent alors s’en remettre au génie du premier pour échapper au destin horrible qui les attend s’ils ne réussissent pas à s’échapper. Celui-ci crée des ailes en plumes reliées par de la cire qui leur permettent de s’envoler hors du labyrinthe. La liberté s’offre à eux, mais Icare, grisé par des sensations qu’il n’a jamais ressenties s’élève haut dans le ciel et s’approche trop près du soleil, la chaleur de celui-ci fait fondre la cire collant les plumes entre elles. Ses ailes se désagrègent, il tombe en piqué vers la mer, chute qui lui sera fatale.

 

Liens et analyses possibles

  • Ici aussi on retrouve finalement le thème de l’hybris finement développé à travers plusieurs personnages que nous avons passés en revue. Le péché d’orgueil qui conduit à perdre sa qualité d’humain est ici commis par plusieurs personnages. Le premier d’entre eux est Minos, qui défie le dieu des océans Poséidon. Suit ensuite Dédale, qui imagine pouvoir créer une prison infaillible à travers le labyrinthe. Enfin Icare qui s’approche trop prêt du soleil est devenu l’un des symboles les plus célèbres de l’hybris puisqu’il s’agit clairement d’un être humain qui veut s’élever (s’envoler serait ici plus juste ne pensez-vous pas ?) bien au-delà de sa propre fonction en allant vers le ciel qui est le royaume des dieux. Les trois le paient immédiatement : Minos voit sa femme s’accoupler et même avoir un enfant avec un taureau, Dédale finit enfermé dans sa propre création et perd son fils et Icare perd la vie dans sa tentative d’approche du soleil.
  • Il y a aussi un dilemme derrière la situation d’Icare : vaut-il mieux vivre enfermé au sein du labyrinthe, donc potentiellement privé de liberté pour le restant de ses jours (Minos n’était pas homme connu pour son pardon), ou tout risquer y compris sa vie dans une tentative qui finalement s’avèrera vaine pour retrouver sa liberté ? Ce dilemme se pose pour toute victime d’une oppression. Ici le mythe grec tente en faveur d’une course folle qui finit par être fatale vers la liberté. Mais d’autres pourraient avoir un avis contraire…
  • La tyrannie au sein d’un royaume le rend finalement mortifère. Attention, le tyran pouvait être un terme positif dans la Grèce antique. Il désignait un dirigeant à qui on donnait un temps les pleins pouvoirs pour résoudre une crise dans la société. Mais ici c’est à un sens plus moderne que l’on entend le mot « tyran » lorsque l’on désigne Minos. En effet, celui-ci oppresse clairement son royaume où la population perd toute liberté. Dès lors, les morts et les malheurs s’enchaînent autour de Créon : sa femme s’accouple avec un taureau, sa fille Ariane le trahit puis l’abandonne, les morts s’enchainent autour de lui (le minotaure, Icare…). Bref, la société qu’il oppresse devient mortifère.
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Julien Vacherot
Étudiant à HEC Paris en Stratégie fiscale et juridique internationale et responsable géopolitique, j'ai pour but de vous faire partager ma passion et de vous aider dans cette matière et partout où c'est possible