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Exemples d’ouverture sur L’Epreuve de l’Etranger de Berman (oral Approche des Sciences Humaines)

Sommaire
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Ton oral d’Approche des Sciences Humaines devra se conclure par une ouverture. Il s’agit ainsi pour toi, à partir de l’extrait que tu as dû étudier, de proposer un prolongement de la réflexion vers d’autres sciences humaines. Plusieurs choses sont possibles pour toi : revenir sur une notion utilisée par l’auteur, prolonger la réflexion offerte par un passage de l’extrait ou bien encore replacer l’extrait dans une perspective critique. L’ouverture doit toujours partir de l’extrait  que tu as eu, mais voici quelques œuvres qui peuvent faire écho à la réflexion menée par Berman dans L’épreuve de l’étranger qui pourront t’aider à le mettre en perspective.

 

Traduction et violence, Tiphaine Samoyault

Berman présente la traduction comme un enrichissement pour moi et l’Autre. Mais la traduction peut être aussi un outil de domination. Tiphaine Samoyault étudie les histoires de violence dans lesquelles la traduction a pu jouer un rôle (la domination coloniale, les camps d’extermination, les sociétés d’apartheid, les régimes totalitaires), ainsi que des cas littéraires qui illustrent les violences propres à l’espace de la traduction. Mais elle s’attache aussi à montrer comment la traduction peut réparer des crimes passés.

On peut penser à Si c’est un Homme de Primo Levi avec un usage souterrain de la traduction en contexte totalitaire, où il tente de traduire Dante depuis les camps d’Auschwitz, devenant dès lors le moyen d’une résistance contre la violence historique, permettant de substituer le chant dantesque à l’enfer des camps.

 

Le corps lesbien, Monique Wittig

Les lesbiennes sont pour Monique Wittig les incarnations de la remise en cause du système politique hétérosexuel, n’étant pas des femmes car «la-femme n’a de sens que dans les systèmes de pensée et les systèmes économiques hétérosexuels. » Cela se traduit au niveau du langage par une volonté de détruire toute référence au genre, par le sujet j/e qui indique dès lors une pratique politique du langage : l’exercice même du langage est un outil politique, qui peut porter en lui ou non la domination masculine.

 

Signes, I. « Le langage indirect et les voix du silence », Merleau-Ponty

Nous devons, selon Merleau-Ponty, admettre « une opacité du langage ». Les mots ne sont pas comme des fenêtres à travers lesquelles nous découvrons l’univers du sens, sans que rien en eux n’arrête notre regard. C’est dans la langue française elle-même, dans le lexique et la syntaxe du français, que pour un Français les choses prennent leur sens, c’est là que s’organisent tous leurs rapports, comme cela s’organise pour un Allemand dans la langue allemande, son lexique et sa syntaxe. 


Les hommes vivent dans le langage, les mots sont leur horizon indépassable.  Ainsi, chaque Français, où qu’il aille, arpente un monde structuré par la langue française,  la langue n’est qu’un instrument pour appréhender le monde tel qu’il est.

 

Poésies, Mallarmé

Le travail poétique de Mallarmé est profondément animé par une idéalisation du langage qui s’oppose à sa mise en discours. Par le rythme, la syntaxe et le vocabulaire rare, Mallarmé crée une langue qui ressuscite « l’absence de tous bouquets », disant le pouvoir sacré du Verbe qui peut construire un monde. Le poème devient un monde refermé sur lui-même dont le sens naît de la résonance. Mallarmé affirma ainsi un jour à Edgar Degas que « ce n’est point avec des idées […] que l’on fait des vers. C’est avec des mots. » Le vers se fait couleur, musique, richesse de la sensation, « concours de tous les arts suscitent le miracle ».

 

Les études de genre

Pour repenser les rapports de pouvoir existants au sein de la société patriarcale, l’analyse des rapports de force à l’œuvre dans le processus de traduction et dans l’évaluation et la réception du texte-cible, ainsi qu’aux tentatives de renversement du rapport de force qui s’établirait a été étudié par certaines féministes, s’efforçant en outre de redécouvrir, à travers la traduction, des textes non-traduits qui avaient été occultés, censurés ou négligés par l’idéologie dominante, et s’attachent à traduire les textes féministes et expérimentaux de leurs consœurs en développant des méthodes de traduction non-conventionnelles.


Par exemple, la traduction américaine du Deuxième Sexe, de Simone de Beauvoir, illustre bien cette problématique : depuis les années 1980 les choix opérés par H.M. Parshley, premier traducteur de l’ouvrage en 1953, répondaient plus à des impératifs d’ordre idéologique véhiculés par les maisons d’édition et ont ainsi contribué à prêter à l’auteure des intentions qu’elle n’a pas dans le texte original.

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Corentin Viault