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La mondialisation n’est pas coupable : Paul Krugman (Fiche de lecture)

Sommaire
bateau rempli de containers

« La mondialisation n’est pas coupable », ouvrage du Nobel d’économie Paul Krugman, paraît en 1996 aux États-Unis (Sa version française sort elle en 2000). Voici une petite remise en contexte de la situation économique de cette époque : l’euro n’existe pas encore, les États-Unis bénéficient d’une croissance vigoureuse, la mondialisation commence à devenir un phénomène de plus en plus important et certains pays semblent se développer à un bon rythme, à l’image de l’Argentine. Bien que les deux décennies qui se sont écoulées entre la publication de ce livre et la situation actuelle semblent rendre obsolète l’usage de cet ouvrage, notamment en copie d’ESH, il peut toutefois rester très pertinent sur des sujets portant sur la mondialisation et ses effets.

La mondialisation : une coupable toute trouvée ? 

Le phénomène de croissance des échanges internationaux et d’interdépendance des économies à travers le globe a souvent été accusé d’être responsable de nombreux maux qui touchent les pays insérés dans celui-ci : chômage, ralentissement de la croissance dans les pays riches, désindustrialisation et tertiarisation des économies. De plus, les travailleurs aux rémunérations faibles des pays comme la Chine ou le Mexique sont souvent jugés eux aussi  comme responsables de ces effets négatifs. Ici, Paul Krugman va tenter de démonter l’ensemble des arguments utilisés par nombre de journalistes, d’économistes ou de politiciens pour rejeter la faute sur la mondialisation et sur ces travailleurs sous-payés.

La « théorie pop du commerce international »

Dans son ouvrage, le prix Nobel va s’attaquer directement à ce qu’il dénomme  « la théorie pop du commerce international ». Il utilise ce terme pour désigner la croyance selon laquelle l’ensemble des pays inscrits dans la mondialisation seraient en réalité en concurrence les uns contre les autres. Cela reviendrait à considérer ces pays-là comme des sortes d’entreprises dont la croissance dépendra avant tout de leur compétitivité.

Selon cette théorie, nous vivrions dans  « un monde dans lequel les États, comme les entreprises, sont engagés dans une compétition sauvage sur les marchés mondiaux ».

Toutefois, pour Paul Krugman, il serait erroné de considérer que la croissance de ces pays dépendrait avant tout de leur compétitivité. En effet, pour lui, cette croissance serait engrangée par la productivité du pays. On pourrait se demander de prime abord en quoi la distinction qu’il opère entre productivité et compétitivité est pertinente. Pour Friedman, tandis que la compétitivité ne concerne que l’ensemble des biens et services échangeables, marchand, la productivité, elle, s’applique à l’économie dans son ensemble. Or, les biens et services marchands ne représentent qu’une petite partie de l’économie. Dès lors, mettre en place une politique économique qui n’aurait pour objectif que le seul accroissement de la compétitivité mettrait de côté celui de la productivité.  Pour le Nobel, il est absurde de considérer un État de la même manière qu’une entreprise. Prenons un exemple : Coca Cola© et Pepsi© peuvent être considérées comme deux marques rivales. En effet, la réussite de Coca Cola© se fera au dépend de Pepsi©. Mais mettons nous à présent à l’échelle d’un pays. Bien que des pays industrialisés peuvent vendre des produits qui se font concurrence, il faut garder en mémoire que ces mêmes pays représentent aussi un marché d’exportation et une source d’importation.

“Le commerce international n’est donc pas un jeu à somme nulle”

Pourquoi cette théorie est-elle pourtant autant répandue ?

La popularité de cette théorie qui place la compétitivité comme facteur de réussite des pays dans le commerce international aurait plusieurs causes selon l’économiste. Tout d’abord, elle est très facilement abordable et compréhensible. Ensuite, il y aurait une certaine excitation à l’idée que l’on se fait de la compétition :  “le frisson fait vendre”. Enfin, politiquement parlant, il est plus aisé d’expliquer les difficultés de son pays en remettant la faute sur les pays étrangers et sur la pression que leur compétitivité exerce. En effet, il est plus facile d’user de subvention dans un secteur en particulier plutôt que d’envisager une réforme complète afin d’accroître la productivité interne du pays.

“La compétitivité est un mot vide de sens lorsqu’il est appliqué aux économies nationales. Et l’obsession de la compétitivité est à la fois fausse et dangereuse”

Les dangers de l« théorie pop du commerce international »

Krugman souligne 3 dangers potentiels que pourraient entraîner l’obsession croissante pour la compétitivité. Tout d’abord, cette obsession aurait pour conséquence de détériorer la qualité des débats économiques ainsi que celle des décisions en termes de politique économique. Deuxièmement , cela pourrait mener à un gaspillage des fonds publics. En effet, en voulant user de subventions qui favorisent les entreprises industrielles plutôt que les prestataires de services, l’État oublie que les PDEM sont majoritairement des économies tertiarisées. Toutefois, on observe un ralentissement de la productivité dans ce secteur, ce qui selon Krugman “est le facteur déterminant dans la faible croissance du niveau de vie aux Etats-Unis » Enfin, remettre la faute des échecs d’un pays sur d’autre pays pourrait être à l’origine de conflits ou même de véritable guerre commerciale mondiale:

“Le diagnostic sur la compétitivité invite inévitablement à fermer les frontières plutôt que de courir le risque que de voir des étrangers vous prendre les emplois bien rémunérés”

À savoir: Paul Krugman a reçu le prix Nobel en 2008 pour ses travaux sur « les effets des économies d’échelle sur les modèles du commerce international et la localisation de l’activité économique ».

 

En plus:

La compétitivité est elle source de croissance ?

 

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Laura Bertal
Actuellement étudiante en 1ère année à l'ESSEC et après deux années de classe préparatoire au lycée Ampère à Lyon en ECE, j'espère pouvoir contribuer à votre réussite !