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Louis Gallois : « Souveraineté économique et mondialisation »

Sommaire

Dans le cadre du PGE de l’EM Lyon Business School nous avons eu la chance d’accueillir Louis Gallois pour une conférence sur le thème de la souveraineté économique et de la mondialisation. Premièrement, Louis Gallois met en avant la situation critique de la France vis-à-vis de sa souveraineté économique puis propose les différents canaux qu’elle doit utiliser pour rattraper son retard. Mais avant d’approfondir ces points, voyons qui est Louis Gallois. 

Louis Gallois : Le portrait 

Diplômé d’HEC Paris puis de l’ENA (promotion Charles De Gaulle) il rejoint premièrement la Direction du Trésor en 1972 puis devient directeur de cabinet de Jean-Pierre Chevènement en 1981 avant de s’orienter vers une carrière dans le privé. En 1989 il est nommé PDG de Snecma, puis en 1992 PDG d’Aérospatiale, il passera par la suite 10 ans à la direction de la SNCF de 1996 à 2006 avant de devenir PDG de Airbus jusqu’en 2012. Après une période en tant que Commissaire général de l’investissement, période pendant laquelle il écrira le célèbre « Rapport Gallois », il devient président du conseil de surveillance de PSA et participera aux prémices de la fusion PSA et Fiat Chrysler Automobiles. Aujourd’hui président du Fonds « territoires zéro chômeur longue durée », il oeuvre également à la défense de la souveraineté économique française et considère le patriotisme économique comme sa vertu cardinale. 

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La souveraineté économique française menacée

Pour débuter sa conférence, Louis Gallois nous livre une observation de l’état actuel de l’économie française et plus précisément du déficit commercial. En 2022, le déficit commercial français a atteint 159 milliards d’euros. Même si, ce déficit s’explique en partie par la hausse des prix des matières premières, il est aussi expliqué par le déficit de la balance des produits manufacturés (qui s’est encore dégradée de 300 millions d’euros entre octobre et novembre). Pourtant, comme le précise Monsieur Gallois celui-ci était équilibrée en 2000. La raison ? La désindustrialisation qui a eu lieu entre 1995 et 2010. Il existe deux autres pays développés qui connaissent un sous développement de leur tissu industriel : les Etats-Unis et la Grande-Bretagne. Or, l’un compense cela avec l’hégémonie du dollar et leur leadership dans le secteur de la technologie et l’autre compense grâce à l’activité de la City.

Second point, il met en avant la prise de conscience de l’importance de la souveraineté économique par de nombreux pays. Notamment, le repli de la Chine sur son marché intérieur, la proposition d’un « Inflation Réduction Act » (IRA) de 200 milliards par l’Allemagne ou plus évoquant l’IRA des Etats-Unis de près de 400 milliards de dollars. Ce plan a pour but d’aider à la fois les consommateurs et les entreprises pour le financement de leur transition écologique. Même s’il s’inscrit dans un contexte de hausse des prix soutenue, il s’apparente à un plan de subventions des entreprises afin de développer la souveraineté économique. Pour lui, la France et l’UE se doivent de mettre en place un plan équivalent afin de ne pas devenir le « champ clos » de l’affrontement sino-américain. 

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Les solutions pour la France pour défendre sa souveraineté économique

Pour Louis Gallois, les politiques de l’offre mises en place à partir des années 2010 ont permis de stabiliser la désindustrialisation voir même d’entrevoir une légère réindustrialisation. Néanmoins, il les considère comme insuffisantes et prône aujourd’hui de nouvelles mesures orientées notamment vers l’éducation, l’effort de recherche ou encore l’énergie. Comme exemple pour les politiques de l’offre nous pouvons citer par exemple le CICE, la réforme du travail ou encore plus récemment le plan France 2023.

Le premier point qu’il est nécessaire d’améliorer afin de garantir à la France sa souveraineté nationale est l’effort de recherche. L’effort de recherche est aujourd’hui insuffisant, 2,2% du PIB contre 2,5% en 1990. La recherche publique baisse or celle-ci est essentielle pour la maitrise des nouvelles technologies. A titre de comparaison l’Allemagne dépense près de 3,1% de son PIB dans la recherche (le PIB allemand est presque 1,5 fois supérieur au PIB français) et les champions dans ce domaine est la Corée du Sud avec 4,5% de son PIB consacré à la recherche. 

Second point celui lui, la réindustrialisation de notre pays ne se fera pas sans une augmentation des compétences dans le domaine de l’industrie. Il est nécessaire de faire du lycée professionnel une voie prestigieuse afin d’en extraire des étudiants avec des compétences industrielles poussées et qui pourront améliorer l’industrie française. Il pointe également du doigt la baisse du niveau des élèves français en mathématiques (le niveau des élèves français est le plus faible d’Europe). Les mathématiques sont essentielles pour les ingénieurs et les sciences dures, la baisse de niveau est donc préjudiciable à ces deux secteurs. Or, l’industrie est extrêmement dépendante de ces derniers.

Dernier point, l’énergie, il considère le développement de notre parc nucléaire ainsi que son amélioration comme indispensable pour la souveraineté économique de notre pays. Cette volonté s’inscrit dans sa vision future de l’industrie, pour lui l’industrie de demain sera électrique. Or, la production d’électricité de la France semble fléchir (500,1 TWh en 2020 contre 537,5 TWh en 2019). De plus, la disponibilité du parc nucléaire du fait des rénovations a été de 52% en 2022 contre 81% en 1998. Cette situation s’est améliorée aujourd’hui avec 44 des 56 réacteurs nucléaires disponibles.

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Conclusion

Pour Louis Gallois, l’industrie de demain sera technologique, numérisée, éco-responsable et électrique. Les entreprises doivent donc prendre ce tournant afin de ne pas être obsolètes et de voir l’ensemble du tissu industriel se délocaliser vers d’autres pays qui auront su prendre les mesures nécessaires. Mais cette transition vers l’industrie de demain ne sera pas sans coût et l’Etat se doit de financer cette transition sinon aucune entreprise n’acceptera de la financer avec ses propres moyens.

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Dorian Feaux