Ancien élève du Lycée du Parc, Baptiste a obtenu 20/20 en philosophie à l’écrit de l’ENS Ulm sur le sujet “Quand y-a-t’il art ?”. Voici l’entretien que j’ai pu avoir avec lui !
Peux-tu te présenter ?
Je m’appelle Baptiste, j’ai 21 ans. J’ai fait trois ans de prépa A/L, après un Baccalauréat Littéraire. J’ai préparé les concours de l’ENS Ulm en khâgne et en khûbe en option philosophie. Maintenant, je suis en M1 Histoire de la philosophie, un master général de recherche en vue de passer l’Agrégation de philosophie.
Comment t’es-tu préparé pour les écrits ?
L’essentiel est de travailler régulièrement. Apprendre son cours est la première étape. Chacun a sa propre méthode. Moi, hors période de révisions, j’essayais de relire mon cours le soir même, puis une fois dans la semaine, puis une fois dans le mois. Je relisais aussi le cours de la dernière séance la veille d’une nouvelle séance pour garder en tête la progression.
Je prenais mes cours à la main. Écrire sur le papier c’est la meilleure méthode d’apprentissage en termes de synthétisation et de tri des informations. Lorsqu’on fait ça pendant le cours, on est directement dans une démarche active d’apprentissage. Mais tous les cours ne s’y prêtent pas forcément.
Je fonctionne avec des stabilos par code couleur : le jaune pour ce qui est important, le vert pour une citation, etc… Le but est de trier les données et d’avoir l’organisation de mon cours en un coup d’œil, pour avoir une vue d’ensemble.
En période de révisions, je ne fiche pas mais j’ai toujours un crayon de papier à la main pour rester dans une démarche active (résumer un paragraphe dans la marge, faire entrer cette partie du cours avec une référence, etc.), c’est aussi important de travailler avec le plan rédigé du cours à côté, pour pouvoir toujours situer ce que j’apprends dans un contexte.
En amont, je travaille aussi beaucoup la bibliographie : je fichais ce qui m’intéressait le plus, et pour les références trop difficiles ou trop longues, je me contentais de la littérature secondaire à leur propos, plus synthétique. — d’où l’importance de travailler avec un petit groupe pour se partager le travail de fichage !
Je ne saurais estimer le temps que je consacrais à la philo, un petit peu plus élevé que les autres matières, mais j’avais le souci de garder un équilibre entre toutes.
Ne manque pas la JPO d’HEC Paris le 18 Mars prochain ! Clique ici pour t’inscrire (et nous retrouver là-bas le jour-J !)
Lis-tu beaucoup de philosophie ? et depuis longtemps ?
Je lis de la philo seulement pour les cours ! J’ai découvert la philosophie en Terminale, et je me contentais des connaissances du cours sans aller approfondir en lisant de mon côté. En prépa c’était pareil, je ne lisais que ce que le professeur nous donnait à lire.
C’est quoi le plus important : la méthodologie ou les connaissances ?
La méthodologie est ce qui importe le plus. Il vaut mieux avoir une copie avec un raisonnement construit, justifié du début à la fin, plutôt qu’une copie qui se contente de réciter la doctrine générale d’un.e philosophe (souvent avec des erreurs). Mais en même temps, avoir un bagage philosophique aide beaucoup à mieux voir les enjeux et le problème que pose un sujet. Les connaissances sont toujours un appui essentiel, mais elles restent un appui : l’enjeu est de montrer qu’on sait produire un raisonnement qui tienne la route.
En prépa, quelles notes avais-tu en philo ?
Sans être le meilleur, j’avais de bonnes notes. Je me situais dans le premier tiers et parfois le premier quart de la classe. En khûbe, mes notes ont un peu baissé parce que je me suis concentré sur mes matières faibles. Mais il faut garder à l’esprit que la seule note qui compte, ce sera toujours celle du concours.
T’attendais-tu à avoir une telle note ?
Pas du tout ! Ne serait-ce que parce qu’en prépa, on ne sait plus à quoi ressemble une excellente note. Je savais que j’avais cerné tous les enjeux du sujet, mais j’avais peur de ne pas l’avoir assez problématisé. Je savais que j’avais une bonne note puisque je suis allé aux oraux, mais je ne m’attendais pas à la note maximale, j’étais très fier.
Saurais-tu expliquer cette note ? Qu’as-tu fait de différent par rapport à d’habitude ?
J’ai été plus rigoureux sur la méthode, en me posant réellement sur ma copie pour être sûr que tout était là. Le fait que ce soit un jury inconnu et pas ton.a professeur.e qui te corrige, ça aide à supprimer ce rapport de connivence qui peut être latent dans les copies : on sait que tel raisonnement provient du cours, donc on a moins tendance à travailler ce passage, etc.
La philo au concours de l’ENS : du bullshit ou un vrai exercice de pensée ?
Je trouve que ça reste un exercice très artificiel, surtout à l’ENS où il suffit de remplir le moule qu’ils attendent (d’où l’importance de la méthode), ce qui ne démontre parfois pas une réelle pensée philosophique. Et pourtant, ça reste aussi un exercice assez libre (plus que d’autres matières) et intéressant.
Quels conseils donnerais-tu pour réussir les écrits de philo ?
Travaillez en groupe ! Un petit, entre 4 et 5, pour vous motiver, partager le fichage des livres, faire des sujets ensemble (laissez-vous 30min pour problématiser chacun de votre côté, puis comparez). Aussi, triez efficacement vos auteur.trices. Il faut choisir celui ou celle-ci pour la spécificité de sa pensée, pas besoin d’emmagasiner une dizaine de définitions du beau ou une dizaine de typologies des régimes politiques, on n’a certainement pas le temps de tout lire en prépa et de s’encombrer la mémoire, alors on va à l’essentiel. Les manuels généraux de philosophie sont hyper intéressants à travailler pour problématiser des notions.