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L’agriculture, levier de puissance pour les Etats-Unis

Sommaire

L’utilisation toujours plus poussée des écosystèmes conduit à une détérioration à court terme et à long terme de l’environnement.

 

Surexploitations des terres 

Les conséquences écologiques néfastes de l’agriculture américaine ne sont pas un phénomène nouveau : la surexploitation des terres agricoles sans mise en jachère dans les années 1930 avait déjà entrainé l’érosion des sols, puis des tempêtes de sables destructrices – les Dust Bowls – ruinant ainsi des milliers d’exploitants et détruisant des milliers d’hectares de terres arables.

 

Problèmes de sécheresses 

Des problèmes de sécheresse touchent de plus en plus les Etats comme la Californie, alors que l’agriculture représente 80% de sa consommation en eau. La sécheresse fait augmenter le prix de l’eau tout en participant de la baisse des rendements agricoles, et elle provoque de grands incendies détruisant des vallées entières et de nombreux vignobles. Ces problèmes ont obligé les autorités californiennes à stopper l’irrigation en août 2021, une première dans l’Histoire de l’Etat.

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Utilisation d’OGM

De surcroît, s’ajoute aujourd’hui l’utilisation intensive d’intrants et d’OGM qui contribuent à réduire la biodiversité et qui sont pointés du doigt comme vecteurs de maladies pour l’Homme. Malgré cela, les grandes firmes défendent leur innocuité en finançant des études aux conclusions controversées.

 

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C’est pourquoi une contestation grandissante s’oppose à cette déprédation de l’environnement, à l’instar de la biologiste américaine Rachel Carson qui dénonce dans Silent Spring (1962) les effets sanitaires et écologiques des pesticides utilisés dans l’agriculture conventionnelle aux Etats-Unis. De son côté, l’agriculture biologique, si elle progresse, reste minoritaire avec seulement 1% des exploitations respectant les normes de l’organic food production act de 1990.

 

Une aide importante de l’Etat

 

Si la puissance du secteur agricole est en grande partie le fait d’un secteur privé moderne et compétitif, l’Etat joue lui aussi un rôle essentiel. En effet, l’Etat américain fait tout d’abord pression sur les autres pays pour obtenir l’ouverture de nouveaux marchés, assurant des débouchés pour la production agricole excédentaire du pays. De surcroît, par l’intermédiaire des « Farm bills », l’Etat opère une aide directe à la production et une revalorisation des revenus des agriculteurs pour soutenir le secteur agricole. Depuis 1938, les Farm bills sont votés par le Congrès tous les 5 ans afin d’adapter la politique agricole aux conjonctures nationales et internationales. Celui de 2019-2023 alloue 40% de son budget à la sécurisation des revenus des agriculteurs et au renforcement des assurances en cas de catastrophe climatique, un aléa de plus en plus menaçant. Le reste du budget (60%) est consacré au volet social, notamment pour financer les « Food Stamps », une aide alimentaire directe dont bénéficient 47 millions de personnes en situation de précarité à travers le pays (soit plus de 14% de la population).

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Une Aide alimentaire contestée

Enfin, la puissance agricole des Etats-Unis permet de faire de l’aide alimentaire internationale – dont le pays est le principal acteur – un véritable instrument au service de la politique étrangère : on parle alors de « food power ». Par une aide directe ou via les programmes d’aide alimentaire internationaux (PAM, FAO…), l’US Aid dispense une aide alimentaire extérieure aux pays nécessiteux et doit rendre des comptes au Congrès afin de justifier de son utilité pour les Etats-Unis. Cependant, de nombreux pays adverses y voit un outil au service de la puissance américaine permettant une forme d’ingérence dissimulée. C’est pourquoi la Russie a interdit la présence de l’US Aid sur son sol en septembre 2012, tout comme la Bolivie de Morales en mai 2013 jugeant que l’organisation poursuivait des objectifs politiques plus que des objectifs sociaux. De même, l’ONG « Les Amis de la Terre » a accusé les autorités américaines d’utiliser « la faim à des fins commerciales et politiques, au bénéfice des grosses industries agroalimentaires », notamment par le biais de l’US Aid en livrant au début des années 2000 du maïs transgénique dans les pays d’Afrique australe souffrant de famines chroniques (Zimbabwe, Mozambique…).

 

 

Ainsi, si elle n’est pas dénuée de fragilités internes, l’agriculture étatsunienne reste toutefois synonyme de puissance pour le pays, du fait d’un secteur privé dynamique et innovateur pouvant s’appuyer sur un soutient étatique solide. Cependant, les dérives de cette « puissance agricole » sont nombreuses et suscitent une contestation protéiforme grandissante.

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Auriane Ducherpozat