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La rente foncière dans la pensée des Classiques

Sommaire

Dans cet article, découvrez ce que pensaient les classiques de la Terre. C’est toujours intéressant d’avoir du recul sur les auteurs que l’on cite en dissertation afin de mieux comprendre leur pensée.

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I/ Smith contredit la Physiocratie : La Rente Foncière en question 

Dans La Richesse des Nations (1776), A Smith expose que la rente est la différence entre le prix de la récolte, d’une part, et, d’autre part, la somme des salaires et de profits qui doivent être payés pour obtenir cette récolte, étant donné les quantités de travail et de capital que employées. Il indique que cette différence est payée au propriétaire parce que celui-ci donne sa terre en location au fermier le plus offrant. Comme il y a toujours des fermiers qui cherchent à louer de la terre et que la quantité de la terre est limitée, le propriétaire profite d’une situation de monopole. Cette idée est d’une grande importance parce qu’elle ruine définitivement la doctrine physiocratique sur la productivité exclusive de la terre. La rente du sol n’est pas un don de la nature puisqu’elle tient essentiellement à la situation de monopole dans laquelle se trouvent les propriétaires fonciers. Bien entendu, cela implique que la rente foncière est un prélèvement sur la valeur créée par le travail.

Smith a noté également les oppositions d’intérêts au sein de la société. A propos de la rente, il arrive à la conclusion que la valeur du prix du blé doit, si possible, rester stable, tandis que la valeur des biens industriels doit diminuer. Les salaires réels ne changeant guère, il conclut que les rentes augmentent avec le développement de la richesse nationale. Pour lui, l’intérêt des propriétaires et celui des salariés sont liés à l’intérêt général puisque leur revenu augmente en même temps que la richesse nationale, tandis que l’intérêt des industriels est opposé à cet intérêt général car les taux de profit diminuent quand la richesse augmente en raison de la concurrence. Pour Smith, l’Etat doit donc s’appuyer sur la classe des propriétaires fonciers.

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II/ Le Débat Malthus-Ricardo : Libéralisme Économique et Conflit d’Intérêts

Le succès de l’ouvrage de Malthus, Essai sur le principe de la population (1798), fut considérable. On y vit la réfutation définitive des attaques contre la propriété, c’est-à-dire avant tout une défense de la propriété des terres. Malthus est le grand défenseur des intérêts de la propriété foncière. Le sujet qui l’occupe est tout d’abord la hausse du prix du blé et pour expliquer cette hausse il fera appel à ce qu’on nommera après lui la « loi de la rente différentielle ». L’auteur fait une première explication de ce que nous appelons maintenant la fixation des prix sur la base du coût marginal car le prix du produit doit être égal au coût de production sur la terre de la moins bonne qualité effectivement utilisée. Cette application est très importante car elle permet de justifier la thèse de Smith selon laquelle la rente foncière est un prélèvement sur le fruit du travail dû à la situation de monopole dans laquelle se trouve la propriétaire. Toutefois ces conclusions ne sont pas celles qui retiennent l’attention de Malthus car la théorie de la rente différentielle est destinée à justifier le pris élevé du blé, quitte à diminuer les impôts qui pèsent sur l’agriculture et à protéger celle-ci de la concurrence étrangère. Ceci témoigne bien du désir de défendre ici les vues des propriétaires. Ricardo dans un Essai sur l’influence du bas prix du blé (1817), adopte les vues de Malthus sur la rente mais en tire des conclusions opposées. Si le progrès de la richesse tend à entraîner la hausse du prix du blé et l’augmentation des rentes, il faut, dira-t-il, contrecarrer cette tendance en laissant entrer les blés étrangers. Il est clair que Ricardo défend les intérêts, non des propriétaires fonciers mais des industriels qui souhaitent que le prix du blé diminue afin de pouvoir abaisser les salaires. Ricardo est convaincu que si les salaires ne baissent pas, les profits seront eux-mêmes trop faible pour inciter les capitalistes à investir. La croissance cessera et à terme, toute l’économie tendra vers l’état stationnaire.

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III/ Marx : La Rente Foncière et l’Exploitation du Travail 

Marx est appelé par certains auteurs le dernier des classiques. En fait cette dénomination n’est pas dénuée de tout fondement puisqu’il reprend, même s’il la modifie la théorie de la valeur de Ricardo. Mais, soucieux de faire une critique de l’économique politique, il ne peut être qu’un classique « hétérodoxe ».Marx pense que le travail est la source unique de la valeur mais il tire des conclusions qui vont bien au delà de celles des anglais. Les propriétaires fonciers obtiennent des revenus bien qu’ils ne travaillent pas. Smith et Ricardo l’admettent sauf que pour Marx aussi bien le profit que la rente foncière ne sont pas des éléments accidentels et appartiennent à l’essence même du capitalisme. Pour Marx, la force de travail fournit davantage de travail qu’elle n’en coûte. La différence entre la quantité de travail fournie par la main-d’œuvre et la quantité de travail représentée par le coût demeure entre les mains des capitalistes. Il la nomme la plus-value. Aussi le profit comme la rente foncière sont l’expression monétaire de cette plus-value. Capitalistes comme propriétaires fonciers cherchent constamment à augmenter leurs revenus en diminuant ceux des travailleurs, le prélèvement de la plus- value s’analyse comme une exploitation de la force de travail par le capital, quelque soit la forme de celui-ci.

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L’Héritage des Classiques : Un éclairage  sur l’Économie Moderne  

Dans cet article, nous avons plongé dans les profondeurs de la pensée économique des classiques et découvert comment leur vision a laissé une empreinte indélébile sur notre compréhension actuelle de l’économie. Les écrits d’Adam Smith ont ébranlé la conception physiocratique de la rente en démontrant que la rente foncière était un résultat de la situation de monopole des propriétaires fonciers, plutôt qu’un don de la nature. Smith a également souligné les intérêts communs entre les propriétaires et les travailleurs, offrant une perspective intéressante sur l’harmonie potentielle des classes économiques.

Le débat passionnant entre Malthus et Ricardo nous a montré que la défense du libéralisme économique pouvait prendre des formes différentes. Malthus a défendu les intérêts de la propriété foncière en justifiant le prix élevé du blé, tandis que Ricardo, bien que soutenant la théorie de la rente de Malthus, a préconisé l’ouverture aux blés étrangers pour favoriser les industriels et réduire les salaires.

Enfin, nous avons exploré la vision de Marx, le dernier des classiques. Marx a mis en lumière la nature essentiellement exploitative du capitalisme, où les propriétaires fonciers et les capitalistes cherchent à augmenter leurs revenus en réduisant ceux des travailleurs. Pour lui, la rente foncière et le profit étaient les résultats de cette exploitation de la force de travail.

En examinant ces idées classiques, nous gagnons un précieux recul sur les auteurs que nous citons souvent en dissertation. Leurs concepts et leurs débats continuent de résonner dans nos discussions économiques contemporaines, nous rappelant que la pensée économique est une discipline en constante évolution, façonnée par les générations passées et influençant notre avenir. Il est crucial de continuer à explorer ces classiques pour mieux comprendre les fondements de notre économie moderne et les défis auxquels nous sommes confrontés.

 
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