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Claudia Goldin : Prix Nobel, parcours, économie

Sommaire

Claudia Goldin est une économiste américaine renommée, lauréate du Prix Nobel d’économie en 2023. Elle est particulièrement connue pour ses travaux sur l’histoire économique et les inégalités de genre sur le marché du travail. Née le 14 mai 1946 à New York, elle est l’une des figures les plus influentes dans l’étude des questions de genre, de travail et de famille à travers une perspective  à la fois historique et économique.

Après un brillant parcours académique, elle a rejoint faculté d’économie de Harvard en 1990, où elle est devenue la première femme titulaire dans ce département.

 

Lire plus :Esther Duflo 

 

Quelques informations clés sur Goldin  

  • Courant de pensée : économie institutionnelle et historique ; économie du travail ; économie féministe
  • Champ d’étude : changements historiques dans la participation des femmes au marché du travail et leurs déterminants économiques
  • Principaux ouvrages : Career and Family: Women’s Century-Long Journey Toward Equity (2021) ; The Race Between Education and Technology (2008) et Understanding the Gender Gap: An Economic History of American Women (1990)

L’apport de Goldin à la pensée économique 

À present, nous allons mettre en évidence trois de ses apports clés à la science économique. 

 

Compréhension historique de la participation féminine au marché du travail

Goldin a mis en évidence l’évolution des comportements des femmes sur le marché du travail à travers les siècles, en expliquant les facteurs économiques, sociaux et culturels derrière ces changements. 

Elle a développé la théorie des “trois phases” :

Elle identifie trois grandes phases dans l’histoire du travail féminin :

  • Fin du XIXe siècle et début du XXe : Faible participation des femmes, souvent limitée aux emplois agricoles ou domestiques. Les femmes sont réduites qu’à certaines fonctions.
  • Première moitié du XXe siècle : Participation accrue pendant les guerres mondiales, mais avec des interruptions liées au mariage et à la maternité.
  • Depuis les années 1970 : Hausse soutenue de la participation grâce à une meilleure éducation, un accès accru à la contraception, et une évolution des normes sociales.
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Analyse des inégalités de genre et des écarts salariaux

Goldin a étudié les facteurs historiques et structurels des écarts de salaire entre hommes et femmes, en montrant comment ces écarts ont évolué et pourquoi ils persistent encore aujourd’hui.

Elle a démontré que les différences salariales ne s’expliquent pas uniquement par la discrimination directe, mais aussi par des choix liés à la parentalité, aux horaires flexibles et aux secteurs d’activité.

De même, Goldin a largement étudié le rôle de l’éducation dans la montée en puissance des femmes sur le marché du travail. Dans les années 1970, elle observe un tournant majeur dans les aspirations des femmes. Contrairement aux générations précédentes, de plus en plus de femmes investissent dans des études supérieures avec une vision de carrière à long terme, et pas seulement comme un “complément” à leur rôle domestique.

Ses travaux ont influencé les débats sur les politiques publiques, notamment en matière de congé parental, d’équité salariale et de soutien aux familles.

 

Le lien entre éducation et marché du travail

Goldin a exploré l’impact de l’éducation sur les opportunités économiques et les inégalités. 

En partie grâce à sa théorie de la “course entre éducation et technologie” (avec Lawrence Katz) :
Elle a montré que l’accélération des progrès technologiques crée une demande accrue de travailleurs qualifiés, mais que les systèmes éducatifs ne s’adaptent pas toujours assez rapidement. Cela contribue à accroître les inégalités de revenus.

Ce qui la différencie des autres chercheurs, c’est qu’elle a une approche historique : Elle a étudié comment l’expansion de l’éducation secondaire aux États-Unis au début du XXe siècle (le “High School Movement”) a favorisé une croissance économique inclusive.

Elle a, de plus, mis en avant plusieurs théories concernant ce point. Elle a fait ses observations aux États-Unis mais elle a observé plus globalement que l‘augmentation de l’accès à l’éducation au XXe siècle a joué un rôle central dans la croissance économique. Le système éducatif américain a été précurseur en mettant en place des écoles secondaires gratuites dans les années 1910, ce qui a permis d’augmenter les compétences de la main-d’œuvre.

Une main-d’œuvre mieux éduquée a favorisé la productivité et soutenu l’industrialisation rapide des États-Unis. Selon Goldin, cette transition a aidé à réduire les inégalités initiales liées au capital humain.

L’héritage de Goldin  

Voici deux exemples d’économistes qui se sont inspirés des travaux de Claudia Goldin.

  • Esther Duflo : même ses recherches se concentrent principalement sur l’économie du développement, Esther Duflo partage avec Goldin un intérêt pour les questions de genre. Elle a exploré comment l’éducation des filles et leur inclusion économique impactent la croissance économique et le bien-être des sociétés.
  • Thomas Piketty : Dans ce cas, c’est plutôt l’intérêt pour les analyses historiques des inégalités qui rapproche les deux auteurs.

 

Pour conclure, les travaux de Claudia Goldin ont donc profondément transformé notre compréhension des liens entre l’éducation, le marché du travail et les inégalités, notamment celles de genre.

 

Lire plus : Inégalités de genre aux États-Unis

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Camille Huentz