Clever est partie du double constat que la mémoire est une science, mais aussi un art. En réalité, il n’y a pas de mauvaises mémoires, seulement des mémoires sous-entraînées. Savez vous comment tricher sans tricher ?
Entrer dans sa salle de DS et avoir toutes les réponses inscrites autour de soi. Sur les murs, sur les chaises, sur le sol, au plafond. Imagine pouvoir coller les réponses à tes questions partout dans la salle, sans jamais pouvoir te faire attraper. Non, on ne parle pas ici d’une formation de tagueur pro. On te parle d’inscrire mentalement les réponses dans ta salle de classe. Tricher sans tricher, en somme.
Je me souviens d’un devoir surveillé sur le chômage, en seconde année de classe prépa. J’avais projeté mentalement tout mon cours dans la salle de classe, en créant des images pour évoquer les concepts dont j’aurais besoin. Je savais que la salle parlait du chômage, car j’imaginais un immense panneau « Pôle emploi » devant la porte d’entrée. En entrant dans la salle, on tombait sur un dictionnaire empalé au mur. Il me signifiait que j’entrais dans mon introduction, avec les définitions du chômage. Sur la droite, sur une petite table, se trouvait le personnage du jeu Halo, fusil en main, qui tournait devant un four (84 en système majeur, voir l’article consacré). Celui-ci avait très froid (il faisait frais) – c’est ça : le halo du chômage avait été théorisé en 1984 par Freyssinet.
Au fur et à mesure que j’avançais dans la salle, je passais devant un meuble à 6 étages sur lequel étaient installées les définitions de 6 types de chômage. Puis j’arrivais dans ma première partie. Sur le bureau du prof étaient installées toutes les remarques possibles sur « chômage et progrès technique », les théories de Ricardo, Schumpeter, Marx, Fourastié, Sauvy, Baumol … Au plafond, je voyais celles sur « chômage et mondialisation ». J’y visualisais Krugman, Cohen, Brender, Giraud, Arthus … Plus j’avançais, plus mon cours était clair. Il tenait entièrement dans cette salle, qui prenait vie devant mes yeux, grâce à mon imagination.
Je n’ai jamais consommé de drogue. C’est la mise en place de techniques de mémorisation performantes, de l’Art de la mémoire, de méthodes rigoureuses et scientifiques. C’est ce que font des milliers de personnes pour mieux mémoriser. C’est ce que nous faisions en classe prépa. C’est une utilisation plus fine, plus habile, de sa mémoire.
Au fond de la salle, un meuble était sur le point de tomber. Il me signalait que j’entrais dans le II de mon cours sur le concept de chômage d’équilibre. Les théories de Clower, Malinvaud & Benassy, Salop, Akerlof, Stiglitz, Azariadis se succédaient. J’avais tout sous les yeux : les noms d’auteurs, l’explication de leur théorie, leurs ouvrages et leur date de parution respective, les éventuelles critiques faites par leurs pairs. J’avais en tête les graphiques, qui se dessinaient tous seuls : le fameux WS-PS par exemple !
Je finissais ma boucle en passant devant la dernière rangée, dans laquelle je visualisais mon grand III. L’oncle Sam se battait avec Europe. J’entrais donc dans ma partie sur la comparaison des taux de chômage entre les Etats-Unis et l’Europe.
Vous pouvez trouver cela bizarre, compliqué, voire contre-productif. Mais c’est justement parce que la méthode est extrêmement performante qu’elle est peu accessible au néophyte. Un illettré qui tomberait sur un livre, lui aussi, le trouverait étrange, et se demanderait pourquoi apprendre 26 signes alors qu’il peut dessiner. A l’instar de l’écriture, qui donne à l’être humain des pouvoirs incroyables, l’Art de la mémoire requiert la mise en place de conventions mentales particulières.
Pourquoi cette technique est-elle incroyable ?
Au lieu de répéter et répéter les infos jusqu’à ce qu’elles rentrent dans notre cerveau, on utilise les histoires, les lieux, les émotions, pour transformer les informations et les rendre plus “sexy” pour la mémoire. Ainsi, nous n’avons presque plus aucun effort à fournir pour apprendre, et les révisions ne sont qu’une partie de plaisir, ou presque. Le temps où je devais relire une fiche 5 fois pour voir si j’étais capable de la réciter par cœur est révolu. Je place désormais une projection de mes images dans les lieux que je connais. Je n’ai qu’à me balader mentalement dans ces lieux pour réviser mes cours. Je peux réviser sous ma douche ou dans mon lit, sans avoir besoin d’avoir mes cours sous la main. Je sais que je sais, et que je n’ai rien oublié. Et si j’ai oublié une image, un passage de mon cours, je le sais aussi, et je n’ai plus qu’à reprendre mon cours et trouver une image qui marquera plus mon esprit.
Ce devoir sur le chômage ne nous a posé aucun problème, à Yoann et moi. Nous avions non seulement nos connaissances à portée de main, mais aussi et surtout de quoi s’amuser pendant quatre heures ! Nous ne sortions pas épuisés, mais en pleine forme. Et pour cause : Keynes venait de s’accrocher au plafond, menacé par le personnage de Halo. Un four avait dabbé devant un paquet de jambon fleury michon pris au piège sous un caddie. Bref : bienvenue dans notre tête.
Je dois préciser un point : quand j’ai commencé à utiliser ces techniques, ma créativité était au point mort. Je n’avais jamais été créatif, mais toujours très cartésien. Pourtant, en me mettant au défi et en forçant un peu mon imagination, j’ai pu libérer ma créativité et être très rapidement opérationnel.
C’est aussi le retour que nous avons de la plupart de nos étudiants chez Clever. Une chose est certaine : après avoir enseigné ces techniques à plusieurs milliers d’étudiants, nous pouvons affirmer qu’elles fonctionnent pour tous ceux qui sont prêts à investir quelques heures et à ne pas brider leur créativité. Notre constat a été confirmé par plusieurs études scientifiques, dont celle de l’American Physiological Society, selon laquelle 93% des étudiants connaissent des améliorations dans leur apprentissage (+2,5/20 en moyenne) suite à la mise en place de ces techniques.
J’aime rappeler cette citation de Lincoln : “Si j’avais 6 heures pour abattre un arbre, je passerais les 4 premières à affûter ma hache”. Écoute honest Abe, et travaille ta méthodologie avant de foncer tête baissée en direction des concours.