Six juges conservateurs de la Cour suprême des Etats-Unis ont voté en faveur de la fin de la discrimination positive dans les universités américaines, des mesures destinées à promouvoir la diversité et à réparer des décennies de ségrégation.
La discrimination positive dans les universités américaines, une mesure autorisée depuis 45 ans
Dans le courant des années 1960, sur fond de lutte pour les droits civiques, des universités américaines avaient commencé à lancer des programmes visant à améliorer la diversité des effectifs étudiants et à réparer des décennies de ségrégation.
En 1978, l’affaire Regents of the University of California v. Bakke a donné lieu à un arrêt de la Cour suprême sur le sujet de la discrimination positive. Celle-ci a décrété que l’identité raciale pouvait être prise en compte parmi d’autres critères dans les processus d’admission, mais qu’un système de quotas excluant des candidats sur la base de l’identité raciale constituait une discrimination et n’était de fait pas approuvé.
Entre 1976 et 2008, la part des étudiants noirs dans les inscriptions en premier cycle universitaire est passée de 10 à 13,9%, selon le Centre national de statistiques en matière d’éducation. La part d’étudiants hispaniques dans les inscriptions, sur cette même période, est passée de 3,7 à 12,9%, et celle des Amérindiens de 0,7% à 1,1%. Concrètement, avec cette abolition de la part de la Cour suprême, les étudiants noirs ou latinos ne pourront plus bénéficier d’une surpondération de leur candidature à l’admission au « college », après le bac.
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La Cour suprême américaine met un terme aux programmes universitaires de discrimination positive
Un an après avoir révoqué le droit constitutionnel à l’avortement institué par l’arrêt Roe v. Wade en 1973, la Cour suprême, acquise à l’idéologie conservatrice, a infligé un nouveau coup de boutoir historique et spectaculaire à un pilier de la société américaine en déclarant inconstitutionnelle la fameuse « affirmative action », soit la prise en compte dans l’admission à l’université de l’origine ethnique et raciale des candidats.
La Cour suprême se prononçait sur deux plaintes déposées en 2014 par l’organisation Students for Fair Admissions (Des étudiants pour des admissions équitables), à l’encontre des universités d’Harvard et de Caroline du Nord. Dans la plainte déposée, Students for Fair Admissions affirme qu’Harvard, du fait de ses politiques de sélection prenant en compte l’identité raciale des candidats, discrimine de jeunes Américains d’origine asiatique. Les allégations sont similaires à l’encontre de l’université de Caroline du Nord : pour l’organisation, il existe avec ces mesures une préférence pour certaines minorités, notamment en faveur des candidats noirs et hispaniques.
La plus haute instance judiciaire a donné raison à l’association en déclarant que “l’étudiant doit être traité selon son expérience en tant qu’individu, et non sur la base de l’identité raciale”, a déclaré le juge John Roberts, président de la Cour suprême. L’institution rappelle avoir autorisé des admissions sur la base de critères raciaux “dans le cadre de restrictions étroites”. Aux yeux des juges conservateurs, les mesures de discrimination positive des universités citées, même si elles étaient “bien intentionnées”, n’ont pas réussi à respecter ces restrictions et doivent être invalidées.
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Pour conclure, le jeudi 29 juin 2023, la Cour suprême a sonné le glas de la discrimination positive dans les universités américaines en répondant à une plainte de 2014. Le président américain, Joe Biden, a fait part de son “profond désaccord” et de sa “déception” face à l’arrêt de la Cour suprême.