« La crise, d’abord sanitaire, puis industrielle, est devenue financière ». Comme l’histoire le montre, une crise apparemment détachée de tout système économique ou financier ne peut y être indifférente.
La crise du covid 19, une crise sanitaire, une pandémie qui à toucher des millions de personnes. Alors, elle à toucher des millions de personnes physiquement, mais pas que.
La crise du covid 19 est une catastrophe mondiale pour l’économie et les marchés financiers. Cela se traduit aujourd’hui par de l’inflation, par des secteurs de l’économie en chute totale, l’accroissement des inégalités de revenus, une chute de la croissance économique et du pouvoir d’achat au niveau mondial.
Sur les marchés financiers, pour Le monde, c’est un « parfum de déjà-vu » : traders à cran, hedge funds en embuscade, acrobates de l’investissement pris en défaut, chute du prix des actifs, crise de liquidité, de solvabilité, jusqu’aux agences de notation qui reviennent dans la lumière… Bref, apparemment des conséquences sans précedent.
Mais, en réalité, La crise du covid a-t-elle entachée la stabilité financière ? Si on pourrait penser au premier abord que les conséquences de la crise sanitaire ont mis à défaut la stabilité financière. Les efforts des banques centrales ont permis de garder un système financier sain, bien que plus vulnérable. L’ambition est que ces vulnérabilités nouvelles ne deviennent ni structurelles, ni systémiques.
Cet article décrit les conséquences, les actions, les solutions et les défis des marchés financiers face à cette crise sanitaire.
Bonne lecture !
Les marchés financiers sont cas contact.
Le résultat est arrivé… les marchés financiers sont positif au covid. Et ce par des mécanismes économiques de base ; Un choc d’offre et de demande et un endettement massif, mettant à mal la stabilité financière.
Un choc d’offre et de demande entachant la stabilité financière
En résumé, la crise du covid c’est une baisse massive de l’offre de biens et services, une chute de la consommation, une baisse de l’investissement, une chute des profits et des marges, une balance commerciale dégradée…
Mais dans la sphère financière, comment se traduisent ces chocs ? La crise sanitaire à entrainé une chute du prix des actifs sur les marchés financiers, -32 % de l’activité sur le bilan des entreprises françaises. Au Canada et aux États-Unis, les marchés boursiers ont rapidement perdu plus de 30 %, effaçant la plupart des gains réalisés au cours des dernières années.
Même l’or qui est généralement considéré comme un actif sûr, a enregistré une baisse de 4 % au cours de la même période.
Le choc le plus important pour les marchés financiers à été la baisse de l’investissement, qui a mené à une crise de liquidité. En fait, pendant la crise il y avait davantage de sorties de capitaux que d’entrées de capitaux.
Des conséquences en quantité, mais en qualité aussi. Le bilan des entreprises et des banques ont largement été entachés. Des « junk bonds », des bilans toxiques, bref une crise de solvabilité avec des débiteurs en incapacité de paiement et des créditeurs en incapacité de réaction.
Pour des graphiques passionnants sur les effets de la crise sur les marchés financiers.
Une sphère économique endettée et incertaine fragilisant les marchés financiers
La crise du covid a montré l’indépendance et l’interconnexion croissante entre le secteur économique et le secteur financier.
Les investisseurs, les analystes financiers et les banques d’investissement sont devenus trop nerveux en raison de l’avenir incertain du secteur des affaires. Cette peur de l’inconnu a ouvert la porte à une augmentation de la volatilité des marchés boursiers. L’incertitude étant d’autant la cause principale de toutes les crises financières et la raison de l’inefficience des marchés au sens d’Eugène Fama.
Le gouvernement français, tout au long de cette crise à engagé 180 milliards d’euros de ce qui est communément appelé, la « dette covid ».
Cette politique de « quoi qu’il en coûte » à l’image du « whatever it takes » en 2008 à entrainer un effet d’éviction de taille sur les marchés financiers. C’est-à-dire que l’état en engrangeant ces dépenses, et donc en empruntant massivement a capté toute l’épargne disponible en France, ne laissant plus aucune place aux investissements privés et à l’épargne des ménages.
Au niveau de l’épargne mondial, c’est les Etats-Unis qui captent 80 % de l’épargne mondial pendant la crise selon Robert Boyer dans les capitalismes à l’épreuve de la pandémie.
Les efforts des gouvernements et les banques centrales : un vaccin pour les marchés financiers ?
Heureusement, même si les marchés financiers sont positifs au covid, ce n’est pas une maladie incurable. Voire plus, c’est une maladie qui se soigne par l’action des gouvernements et des banques centrales. Bien qu’en réalité, les marchés financiers n’en resteront pas moins affaiblis…
L’action des gouvernements et des banques centrales
Déjà à l’abord de la pandémie, les banques centrales disposaient de volumes élevés de fonds propres et de liquidité puisqu’ils ont resserré leurs contrôle macro et micro prudentiel depuis la crise de 2008.
Les 6 principales banques françaises ont presque triplé le montant de leurs fonds propres entre fin 2008 et septembre 2021, et leur ratio de solvabilité est passé en moyenne sur cette période de 5,8 % à15,3 %
Les coussins de liquidité des 6 principales banques françaises est passé de 133% à fin 2019 à 164% à fin 2020.
Un contrôle resserré mais hors de question de faire de la rigueur. La crise du covid est marquée par des politiques d’achat massive de dette publique pour les banques centrales (500 milliards d’euros). Une politique de quantitativ easing qui n’échappe pas aujourd’hui à ses effets secondaires, une inflation galopante.
L’état n’est pas resté non plus inactif et son soutien à été d’une grande utilité. Le développement de ratio d’endettement des entreprises à par exemple servi à contrôler la crise.
Des marchés financiers vulnérables
Déjà le constat est assez alarmant. La probabilité que l’économie mondiale se contracte de 7,4 % est maintenant de 5 %. À des fins de comparaison, ce seuil était supérieur à 2,6 % en octobre 2019. (Rapport sur la stabilité financière mondiale FMI avril 2021).
Sur les marchés financiers, les agents sont de plus en plus dépendants des aides d’états et des banques centrales, 70 % du financement se fait par le crédit en union européenne contre 40 % aux USA. (Laurence Boone, L’économie et la finance après le covid).
Le problème c’est qu’encore une fois, ce sont les marchés des pays émergents qui vont payer le plus lourd tribut. Ils ont connu la plus forte inversion de flux d’investissements de portefeuille jamais enregistrée (environ 100 milliards de dollars, soit 0,4 % de leur PIB). Ce qui cause de grandes difficultés aux pays les plus vulnérables.
Ce qui n’est en principe pas logique. Le fait que les pays riches en capital aient une forte dotation en capitaux devrait conduire à des taux de profit faibles par rapport aux salaires. Inversement dans les pays émergents. Si le capital est abondant dans les pays riches, alors sa valeur baisse. aurait alors tout intérêt à aller dans les pays du Sud où, plus rare, il gagne en valeur.
En économie, ce phénomène s’appelle le « paradoxe de Lucas » (Why doesn’t Capital flew from rich to poor countries, Robert Lucas).
Plusieurs explications peuvent être apportées. La fragilité des institutions, l’incapacité d’engranger une dynamique de consommation, les asymétries d’informations dans les pays émergents désincitent les investissements. Une étude de 2008 pointe notamment du doigt la corruption, l’insécurité et le manque d’infrastructures dans les pays en développement, qui réduisent la rentabilité anticipée des capitaux investis.
Des marchés financiers sur le fil de rasoir : solutions et défis
Le bilan pour les marchés financiers n’est donc pas catastrophique. Néanmoins, ils ont un pied dans le vide. Etant affaiblis, le risque est que cela découle en une instabilité systémique et structurelle…
Les solutions
Des solutions ont été proposées, certaines déjà entamées par les gouvernements et banques centrales, d’autres de plus long terme. D’abord reconstituer les coussins contracycliques pour éviter les fluctuations trop rapides et faire fonctionner les stabilisateurs automatiques.
Il faut continuer le soutien jusqu’à ce qu’une reprise durable et inclusive n’ait lieu. Il faut durcir encore plus les outils macroprudentiels et en concevoir des nouveaux sans entacher sur la politique monétaire qui doit rester accommodante. Cela passe par des politiques actives (fonds propres, ratio d’endettement, coussins) mais aussi passives (forward guidance, promouvoir l’assainissement des bilans…)
Au niveau international le maître mot est coopération. Afin de limiter les risques, rétablir la confiance et établir un cadre sein pour les marchés financiers à long terme.
A l’échelle microéconomique, la transparence des entreprises est très importante.
Par exemple, de nombreuses entreprises ont été et sont confrontées à une perturbation de leurs activités en raison de la distanciation physique, de la restriction de voyage ou de problèmes liés à la rupture de leur chaîne d’approvisionnement.
Les entreprises devraient considérer la possibilité de publier des communiqués de presse plus régulièrement sinon de recourir à d’autres outils de communication, comme les médias et réseaux sociaux.
Le rapport avec les marchés financiers ? Ces efforts de communication pourraient aider les agents sur les marchés financiers (investisseurs, analystes…) à mieux comprendre toute la mesure des effets de la pandémie sur les activités des entreprises. Cela dissipant ainsi les préoccupations et les doutes que les investisseurs peuvent avoir au sujet de la viabilité et des perspectives de leurs placements.
Les défis
Il n’y a pas seulement des solutions, mais aussi des défis à long terme.
- Sur les marchés financiers, le numérique à pris une énorme place durant le covid.
Pour les politiques, il s’agit d’accompagner les entreprises technologiques, fintech et bigtech.
Sans parler de l’apparition et du développement de nouveaux cryptoactifs. A titre d’exemple, durant le covid la cryptomonnaie Omicron a pris +500%.
Des efforts ont déjà commencé avec le règlement Mica, le digital market et service act. Aux politiques maintenant de se concentrer sur les marchés financiers.
- Qui dit défi numérique dit aussi risque Cyber et donc cyber défi.
La surface d’exposition des institutions financières aux attaques s’est accrue. De même que leurs interconnexions à l’intérieur et à l’extérieur du système financier. La pandémie a renforcé la problématique en mettant à l’épreuve les capacités de résilience opérationnelle du secteur financier. Le recours massif au télétravail ne s’étant pas toujours accompagné d’une sécurisation adéquate des systèmes d’information des entreprises.
De même, des efforts ont déjà été faits, avec le Mécanisme de Supervision Unique (MSU) de la BCE notamment.
- Enfin, le défi écologique pour les marchés financiers. Quand on parle de santé des marchés financiers, on ne peut éviter le risque écologique qui n’est absolument pas indifférent aux agents financiers. Et ce par deux canaux de transmission.
Le Canal des risques physiques. Il représente les coûts économiques et les pertes financières résultant de la gravité et de la fréquence accrues des phénomènes météorologiques extrêmes liés au changement climatique. Sur les marchés financiers, notamment dans l’assurance s’est posé la question de l’assurabilité de certains actifs pour cause climatique.
Le Canal des risques de transition. Il désigne les conséquences économiques et financières d’une transition brutale vers une économie bas-carbone. Sur les marchés financiers, les conséquences de cette transition c’est par exemple une révision de la qualité de crédit de sociétés exposées à des secteurs polluants et donc à des défauts de remboursement des prêts ou encore à une accumulation d’actifs dits échoués dans les bilans des institutions financières.
Conclusion
Finalement, les marchés financiers sont en bonne santé après la crise du covid contrairement aux autres pans des écosystèmes internationaux (économie, santé…). Ils ont non seulement résisté mais se sont aussi renforcés.
D’ailleurs, en réalité malheureusement il n’y a pas ou peu de croissance sans crise. Les crises permettent l’apprentissage, l’évolution et les marchés financiers en sont le parfait exemple.
Détruits en 2008, sauvés en 2020, les marchés financiers n’en sont pas moins très faibles, au bord de l’implosion. D’où la nécessité de continuer les efforts et d’inventer toujours de nouveaux instruments pour de nouveaux défis.
Pour un article sur le comportement des marchés financiers après la crise covid.