Dans cet article, je vais tenter de vous faire un cours synthétique sur les cycles économiques. Il existe de nombreux cycles d’une durée plus ou moins longue dans la littérature économique. Toutefois, ici, je vais me concentrer sur les trois cycles distingués par l’économiste autrichien Joseph Aloïs Schumpeter. En effet, il est l’un des auteurs majeurs des cycles économiques. Il est donc nécessaire de connaître les cycles présentés ci-dessous. Dans son ouvrage Business cycle, publié en 1939, Schumpeter regroupe plusieurs catégories de cycles distingués antérieurement par d’autres auteurs et les regroupe ensuite en fonction de leur durée.
Dans Le cycle de la conjoncture (1912), Schumpeter écrit : “Les cycles, comme les battements du cœur, relèvent de l’essence de l’organisme qui les manifeste”
Avant toute chose, les cycles économiques se définissent comme l’alternance entre des périodes de croissance puis de baisse de l’activité économique. On doit toutefois être capable de remarquer une certaine récurrence (les mouvements de hausse et de baisse doivent se reproduire avec plusieurs occurrences) ainsi que des amplitudes et des périodicités relativement constantes.
1- Cycles mineurs, ou KITCHIN
Découvert par l’économiste Joseph Kitchin dans Cycle and Trends in Economic Factors, 1923
Durée moyenne: 42 mois
Ces cycles concernent les variations de stock dans une économie qui entraînent des fluctuations de la production. Toutefois, bien que ces cycles aient bien marqué l’économie au XIXe siècle, ce n’est plus le cas dès le milieu du XXe siècle.
2- Cycles des affaires, ou JUGLAR
Découvert par l’économiste Clément Juglar, dans Des crises commerciales et de leur retour périodique en France, en Angleterre et aux États-Unis, 1862
Durée moyenne: 8 ans
« La principale cause de la dépression est la prospérité » (Juglar)
Dans ces cycles, les crises proviennent de la demande et agissent comme sont un “assainissement du système” : (Clément JUGLAR, Des crises commerciales et de leur retour périodique en France, en Angleterre et aux États-Unis, 1862).Ces cycles sont notamment visibles sur la période 1800-1860 en France, en Angleterre et aux USA. Ceux-ci se structurent autour de 4 phases principales :
1- Phase d’expansion : l’ensemble des indicateurs économiques croissent (le PIB, les salaires, les exportations, les prix…). Cela crée une atmosphère de confiance pour l’ensemble des agents économiques. Toutefois, c’est cette même confiance qui va conduire à la crise. En effet, dans ce climat de confiance en l’avenir, l’octroi de crédits va croissant, tout comme les comportements spéculatifs.
2- Phase de crise, de retournement : après cette période de spéculation, les banques commencent à s’inquiéter face à la baisse croissante de leurs encaissements en comparaison des crédits précédemment octroyés. Dès lors, elles augmentent leurs taux d’intérêt, ce qui aura pour conséquence de réduire les investissements des entreprises, ce qui entraînera le retournement de la conjoncture économique. Par conséquent, on observe une baisse des comportements spéculatifs et de la confiance des agents économiques.
3- Phase de dépression: On observe à présent une baisse généralisée de l’ensemble des indicateurs économiques.
4- Phase de reprise : phase de redémarrage de l’activité économique.
Juglar parle des crises comme d’un “assainissement du système” puisqu’elles permettent de faire disparaître les comportements spéculatifs et de ne faire subsister que les meilleures. Celles-ci sont inévitables et nécessaires :
« Les crises, comme les maladies, paraissent une des conditions de l’existence des sociétés où le commerce et l’industrie dominent. On peut les prévoir, les adoucir, s’en préserver jusqu’à un certain point, faciliter la reprise des affaires ; mais les supprimer, c’est ce qui jusqu’ici, malgré les combinaisons les plus diverses, n’a été donné à personne. »
3- Cycles longs, ou KONDRATIEV
Découvert par l’économiste Nikolaï Kondratiev, dans The Long Waves in Economic Life, 1926
Durée moyenne: 50 ans
Ce cycle débute par une innovation radicale (Schumpeter va jusqu’à parler de révolution industrielle). On rentre dans une phase d’accélération (phase A) où le nombre d’innovations s’intensifie. Ces grappes d’innovations se diffusent dans l’ensemble de l’économie. Toutefois, il arrive un moment où ce cercle vertueux s’épuise et commence alors un ralentissement durable des indicateurs économiques (phase B). Malgré tout, d’autres grappes d’innovation se diffusent à nouveau et préparent ainsi le retour à la croissance.
Par exemple, pour illustrer la phase A d’un cycle long, nous pouvons regarder à la fin du XVIIIe siècle. La machine à vapeur serait responsable du premier cycle identifié par Kondratiev.
Ces trois catégories de cycles restent les plus connues. Toutefois, il en existe encore de nombreux autres que nous allons pouvoir étudier dans un prochain article.
