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D’où vient et où va le capitalisme ?

Sommaire

Inspiré de l’ouvrage de Dany-Robert Dufour et Nicolas Postel, “De l’utopie à l’effondrement : d’où vient et où va le capitalisme ?”, 2024

Le capitalisme est le système économique de référence aujourd’hui. Il façonne nos vies, notre travail, et même la manière dont nous interagissons les uns avec les autres. Mais d’où vient-il, et surtout, où nous mène-t-il ? Aujourd’hui, avec les crises écologiques et sociales qui s’accumulent, ces questions sont plus urgentes que jamais selon Dufour et Pastel. Ainsi, il est primordial de revenir sur l’histoire du capitalisme, sur ce qui l’a rendu si puissant, et sur les limites qu’il rencontre aujourd’hui. Mister Prépa te propose de retracer le parcours du capitalisme, de ses débuts à son avenir incertain.

 

Qu’est-ce que le capitalisme ?

Pour comprendre le capitalisme, il faut d’abord en saisir les deux piliers essentiels : la propriété privée et l’accumulation des richesses. Concrètement, cela signifie que dans ce système, une petite partie de la société détient les moyens de production (les entreprises, les usines, etc.) tandis que la majorité doit vendre sa force de travail pour vivre. C’est aussi un système où l’idée est d’accumuler toujours plus, que ce soit de l’argent, des biens ou des ressources.

Le capitalisme ne s’est pas imposé du jour au lendemain. Il trouve son origine dans des réflexions qui remontent à Bernard de Mandeville, un penseur du XVIIIe siècle, avec son ouvrage La fable des abeilles. Dans cet ouvrage, il avance une idée paradoxale : les comportements égoïstes, comme chercher à devenir riche, peuvent en fait profiter à toute la société. Il appelle cela “les vices privés qui font la vertu publique”. Cette idée va être reprise par Adam Smith, un économiste écossais, avec son concept de la main invisible. Selon lui, quand chacun poursuit son propre intérêt, cela peut finalement profiter à tout le monde, comme si une main invisible guidait l’économie vers un équilibre.

Finalement, Smith pense que si chacun essaie de s’enrichir, cela aura des retombées positives sur l’ensemble de la société. C’est de là que vient l’idée selon laquelle l’accumulation des richesses des plus riches finirait par bénéficier aux plus pauvres (théorie du ruisselement).

 

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Comment expliquer le succès du capitalisme ?

Le capitalisme a conquis le monde pour deux raisons principales.

D’abord, il a offert une nouvelle forme de liberté. Auparavant, les gens devaient souvent suivre des règles strictes dictées par la religion ou des systèmes politiques rigides. Avec le capitalisme, chacun devient libre de poursuivre ses propres objectifs, de s’enrichir sans avoir à répondre à des contraintes morales imposées de l’extérieur.

Ensuite, ce système est particulièrement avantageux pour ceux qui détiennent le pouvoir. Les capitalistes, c’est-à-dire ceux qui possèdent les moyens de production, en sortent toujours gagnants. Ils prônent certaines valeurs, comme la réussite ou le mérite, mais en réalité, c’est souvent à leur avantage, car ceux qui travaillent pour eux n’ont d’autre choix que de se plier à leurs règles. Autrement dit, le capitalisme sert d’abord ceux qui sont au sommet de la pyramide.

Cette réalité est encore plus flagrante aujourd’hui pour Postel. 1% de la population mondiale détient 50% des richesses, et ce groupe a une empreinte écologique 30 fois supérieure à celle recommandée pour maintenir l’équilibre de la planète. Ces personnes polluent deux fois plus que l’ensemble de l’humanité. Ce déséquilibre entre les plus riches et les plus pauvres montre bien que, malgré ses promesses, le capitalisme ne profite pas à tout le monde de la même manière.

 

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Quel avenir pour le capitalisme ?

Pour comprendre vers où va le capitalisme, on peut se tourner vers les travaux de Karl Polanyi, un économiste et historien qui a vécu dans la première moitié du XXe siècle. Polanyi a cherché à comprendre pourquoi, dans les années 1930, le monde semblait s’effondrer, avec la montée du fascisme et la Seconde Guerre mondiale.

L’une de ses idées clés est que le capitalisme, laissé à lui-même, peut être dangereux. Quand les choses vont mal, comme lors d’une crise économique, les gens sont tentés de ne penser qu’à eux-mêmes et à leur propre survie. C’est ce qu’il appelle l’instrumentalité : on ne pense qu’à son intérêt personnel. Là où Mandeville voyait cela comme une bonne chose, Polanyi y voyait une menace. Selon lui, le capitalisme peut détruire le lien social et générer des réactions violentes comme le fascisme.

Polanyi et Mandeville sont opposés sur un point essentiel : pour Mandeville, le marché et le capitalisme sont naturels et spontanés, alors que pour Polanyi, ce sont des constructions artificielles. Le marché n’est pas une force naturelle, c’est un système que l’on a mis en place et qui pourrait très bien être remplacé par autre chose.

Polanyi pense qu’il existe plusieurs formes de liberté, et que celle proposée par le capitalisme (la liberté de faire des affaires et d’accumuler des richesses) n’est qu’une forme parmi d’autres. Par exemple, nous devrions aussi être libres de lutter contre le réchauffement climatique ou de préserver notre planète.

Pour Polanyi, il manque aujourd’hui une alternative philosophique au capitalisme néolibéral. Une nouvelle idée qui permettrait de mieux vivre ensemble et de répondre aux problèmes actuels, comme les crises écologiques et sociales. C’est là qu’entre en jeu le convivialisme.

 

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Qu’est-ce que le convivialisme ?

Le convivialisme est une nouvelle façon de penser la société. Il propose de recréer des espaces où les gens peuvent réellement se rencontrer et interagir en dehors des logiques de marché. Dans un monde où tout est marchandisé, du travail à la vie sociale, nous perdons notre capacité à “faire société”, c’est-à-dire à créer des liens authentiques entre les individus.

Le convivialisme va à l’encontre du capitalisme, qui, selon cette philosophie, rend la société malade. Il fait disparaître les espaces où l’on peut se retrouver et échanger en dehors du cadre économique. Il n’y a plus de communs, ces espaces ou biens partagés par tous, et même notre individualité s’efface dans la course à l’accumulation et à la consommation.

Cette philosophie propose donc de revenir à des valeurs humaines. Il s’agit de construire des relations sociales basées sur la coopération, l’entraide et le respect des autres. Le convivialisme ne nie pas les défis contemporains, comme la crise climatique ou les inégalités sociales. Au contraire, il les prend en compte et cherche à y apporter des solutions qui reposent sur l’intelligence collective et le respect des limites écologiques.

En résumé, si le capitalisme a permis une certaine liberté et une incroyable accumulation de richesses, il arrive aujourd’hui à un point où il menace les liens sociaux et l’équilibre de notre planète. Le convivialisme offre une piste intéressante pour reconstruire ces liens et imaginer une société plus juste et plus respectueuse des autres et de l’environnement.

 

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Jean Paviet