L’Amérique latine est un continent composé de 666 millions d’habitants, selon les Nations unies (8,3% de la population mondiale). Pour autant, le continent a attiré en 2022, 16,06% des flux d’IDE mondiaux, d’après le rapport annuel de la conférence des nations unies sur le commerce (CNUCED).
Souvent relégué au second plan, l’Amérique latine est en plein essor tiré par son grand voisin Brésilien et par le Mexique, dans l’ombre des États-Unis.
Le contexte économique
Selon le rapport de la CNUCED, datant de Juillet 2023, les flux d’investissements directs étrangers (IDE), à destination des pays d’Amérique latine, ont atteint un record en 2022 avec le montant historique de 208 milliards de dollars, soit une augmentation de 51 % par rapport à l’année précédente. L’Amérique latine attire 4 fois plus d’investissements que l’Afrique.
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La Chine : une quête d’extension d’influence
Au XXe siècle, la Chine est devenue l’un des premiers partenaires commerciaux des pays d’Amérique latine (selon la Banque mondiale), devançant même les États-Unis dans des pays tels que le Chili ou le Brésil. L’objectif de la Chine est de renforcer sa présence diplomatique et économique pour s’imposer comme le principal opposant aux États-Unis dans un contexte de rivalité exacerbée.
Si dans un premier temps les investissements chinois ont été bénéfiques au développement du continent, il existe aujourd’hui une relation de dépendance dangereuse vis-à -vis de la conjoncture chinoise. Premier partenaire commercial du Chili et du Brésil, deuxième partenaire de nombreux pays du continent, la Chine est aujourd’hui devenue un acteur incontournable du paysage économique sud-américain. Depuis plus de 20 ans, la Chine utilise l’Amérique latine comme fournisseur de matières premières telles que le soja, la viande bovine argentine ou encore les fruits chiliens (la cerise star du nouvel an chinois est très demandée au pays du soleil levant).
Au-delà de son rôle d’importateur, la Chine est aussi à l’origine d‘investissements importants dans des secteurs stratégiques. Par exemple, l’entreprise étatique Cosco Shipping Ports a investi 3,6 milliards de dollars dans la création du futur port majeur de Chancay au Pérou (selon leur communiqué de presse). Ce port est destiné à devenir un hub majeur du commerce maritime sur le continent. Le pays investit dans des secteurs encore plus stratégiques, comme des centrales nucléaires en Argentine (en 2017 deux nouvelles centrales ont vu le jour en Argentine, avec un financement à 85% par des banques chinoises selon France Diplomatie). Via ces investissements, le pays continue d’étendre son emprise et de s’immiscer dans des domaines stratégiques pour amplifier son pouvoir de persuasion.
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Les mines et hydrocarbures : un tournant énergétique pour attirer les investissements
Depuis quelques années, les industries de matières premières connaissent une inflation sans précédent au grand bénéfice des entreprises du secteur. En effet, les investisseurs occidentaux s’intéressent de plus en plus à investir dans ces secteurs pour éviter les pénuries et pouvoir acquérir ces matières premières fondamentales à des tarifs raisonnables.
En 2022, le flux d’IDE en direction de la Colombie est passé à 17 milliards de dollars soit une augmentation de 82% dû en partie aux industries extractives de plus en plus présentes dans le pays (Banque de la République de Colombie). Ces investissements ne tendent qu’à augmenter, notamment car le sol sud-américain est très riche en lithium. En effet l’Argentine, la Bolivie et le Chili sont parmi les plus grands possesseurs mondiaux de cet “or blanc” (85% des réserves mondiales se trouveraient dans la Cordillère des Andes selon un rapport du gouvernement bolivien), nécessaire à la production de batteries de voitures électriques ou de téléphones portables. Celui-ci est un trésor important qui attire de nombreuses convoitises dans le monde et ravive les tensions au plus haut niveau en Amérique latine. La gestion future des ressources naturelles sur le continent sera un sujet important pour un continent qui doit encore choisir son modèle de croissance.
Attirer les services : un projet ambitieux mais difficile
Le 19 novembre 2023, le libertarien d’extrême droite Javier Milei accède au pouvoir en Argentine. Il promet de découper les lois “à la tronçonneuse” et libéraliser l’économie avec pour objectif d’attirer les investissements étrangers et particulièrement l’industrie tertiaire.
L’instabilité chronique en Amérique du sud est néfaste aux investissements étrangers, particulièrement dans le secteur des services qui requiert une stabilité économique pour un développement efficace. Ceci est la raison pour laquelle ces grandes entreprises étrangères du secteur tertiaire sont réticentes à venir s’installer en Amérique latine.
Pour attirer au maximum ces investissements les mots d’ordre sont : libéralisation, stabilité, développement. C’est la voie qu’essaient de suivre de nombreux pays du continent. Un point important sur ce chemin est la question de la devise. En effet, il est beaucoup plus simple d’attirer les investisseurs étrangers avec une devise stable et si possible facilement liée au dollar. C’est actuellement ce qu’est en train de faire le président argentin Javier Milei via un plan majeur de transformation de l’économie argentine, une tentative qui pour l’instant ne porte pas ses fruits.
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Perspective d’avenir et d’évolution
L’influence grandissante de la Chine pose de nombreuses questions. La crise du Covid-19 fut un signal d’alerte important, non seulement l’économie d’Amérique latine est en train de se transformer pour répondre aux besoins chinois mais elle est en train de rentrer dans une dépendance nocive. Un changement brutal de politique chinoise pourrait mettre à mal tous les plans de développements des pays latino américians.
Cependant, malgré ces avancées des défis subsistent, notamment en ce qui concerne la diversification des investissements et la création d’un environnement propice à l’attraction des entreprises du secteur tertiaire. L‘instabilité politique et économique dans certains pays d’Amérique latine constitue un frein majeur à l’essor des investissements, en particulier dans les services. Les importants changements politiques que le continent a connus, comme l’arrivée au pouvoir de Javier Milei ou la crise politique et sociale péruvienne de 2023 vont changer les plans d’actions du continent. Reste à savoir si ces changements seront au profit de la stabilité et de l’arrivée d’investisseurs.
Pour autant le ciel semble se dégager, les investissements majeurs dans de nombreuses infrastructures stratégiques vont permettre au continent de passer un cap économique et politique pour devenir un acteur important du commerce international.
