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Actualité : les élections au Vénézuela

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Le Venezuela, autrefois la nation la plus prospère d’Amérique du Sud, fait désormais face à une profonde crise politique, économique et humanitaire. En dix ans, son PIB a chuté de 80 %, tandis que plus de sept millions de Vénézuéliens ont quitté le pays. Après 25 ans de chavisme, dont 11 sous la présidence de Nicolas Maduro, une grande partie de la population aspire au changement. La course à la présidence oppose actuellement Nicolas Maduro à Edmundo Gonzalez Urrutia, avec des sondages qui donnent un avantage considérable à l’opposition. Néanmoins, avant même le début des élections, l’opposition et la communauté internationale ont craint qu’elles ne se déroulent pas de manière démocratique.

 

Gonzalez Urrutia, candidat inattendu de l’opposition.

L’opposition a rencontré plusieurs obstacles dans la sélection de son candidat face à Nicolas Maduro. Corina Machado, initialement désignée pour représenter le parti de l’opposition, a été déclarée inéligible par la justice en raison de soupçons de corruption. Sa remplaçante, Corina Yoris, n’a pas réussi à s’inscrire dans les délais requis. C’est dans ce contexte que Gonzalez Urrutia est devenu le candidat de l’opposition. Il a 74 ans et il est écrivain et professeur. Après ses études, il a exercé des fonctions diplomatiques pour le Venezuela, occupant notamment plusieurs postes aux États-Unis, au Salvador, en Belgique et au Royaume-Uni. Il promet de réunir les Vénézuéliens et de mettre un terme à l’exode migratoire.

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Maduro déclaré vainqueur : l’opposition conteste les résultats et des manifestations éclatent

Le 28 juillet, Nicolas Maduro a été déclaré vainqueur avec 52 % des voix, mais l’opposition vénézuélienne refuse de reconnaître la défaite. María Corina Machado a contesté les résultats annoncés par le CNE, affirmant que ses propres chiffres montrent une victoire d’Edmundo González Urrutia. Elle soutient avoir des preuves, notamment les procès verbaux. Au Venezuela, bien que le vote soit électronique, une impression papier est également générée et déposée dans l’urne. À la fin du scrutin, chaque centre de vote imprime les résultats, ce qui permet de vérifier les chiffres.

L’opposition a mobilisé des milliers de militants pour surveiller le bon déroulement des élections et affirme avoir obtenu près de 80 % du résultat du scrutin. De plus, plusieurs enquêtes prédisaient un avantage de 12 à 25 points pour González Urrutia sur Maduro.

Suite à ces allégations de fraude, des manifestations ont éclaté, faisant au moins 16 morts et plus de 1000 blessés. Outre l’opposition, des pays comme le Pérou et les États-Unis ont exprimé des doutes sur les résultats. Le président chilien, Gabriel Boric, a déclaré : « Le régime de Maduro doit comprendre que les résultats publiés sont difficiles à croire », tandis que l’Argentin Javier Milei a qualifié Maduro de « dictateur » et a réclamé son départ.

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Controverse autour de la réélection de Maduro : fraude, tensions internationales et répression interne

La Cour suprême du Venezuela a validé la réélection de Nicolás Maduro, malgré les allégations de fraude portées par l’opposition. Cette décision est controversée, car les procès-verbaux transmis par le pouvoir n’ont pas été rendus publics. Fin août, dix pays, dont l’Argentine, le Chili, le Pérou et les États-Unis, ont rejeté cette réélection. Le président brésilien Lula da Silva a proposé de nouvelles élections, mais Maduro s’y oppose fermement. L’Espagne, quant à elle, ne reconnaîtra le résultat qu’à la condition que tous les procès-verbaux des bureaux de vote soient publiés.

L’opposition accuse le gouvernement de manipuler ces documents pour éviter de révéler le véritable décompte des voix. Selon les procès-verbaux recueillis par ses observateurs, Edmundo González Urrutia aurait remporté l’élection avec plus de 60 % des suffrages.

Le chef de l’opposition, aujourd’hui contraint à la clandestinité, fait l’objet d’une enquête pour “incitation à la désobéissance aux lois”. Le Parlement, contrôlé par le régime, a voté une loi restreignant fortement les activités des ONG, qui doivent désormais justifier de leurs financements. Une autre loi, visant à interdire certains partis politiques, devait également être examinée, mais son adoption a été reportée.

Face à cette situation, Maduro pourrait renforce l’autoritarisme dans le pays pour conserver le pouvoir, tandis que la population vénézuélienne continue de subir l’aggravation de la violence et de la pauvreté.

 

Une transition politique est-elle possible ?

L’opposition mise sur une possible rupture interne au sein du gouvernement, qui pourrait forcer Nicolás Maduro à quitter le pouvoir. Cependant, un tel scénario semble improbable pour le moment, sauf si des mouvements sociaux de grande ampleur, similaires au Caracazo de 1989, venaient à émerger. En effet, les manifestations du Caracazo de 1989, provoquées par des mesures économiques impopulaires, ont entraîné une violente répression qui a fait des centaines de morts. Cet événement a exacerbé la méfiance envers le gouvernement, semant les graines de l’instabilité politique qui a finalement conduit à l’émergence d’Hugo Chávez et à des transformations profondes dans le pays

 

vocabulaire :

  • procès verbaux : actas de escrutinio
  • bulletin de vote : papeleta electoral
  • exode : éxodo
  • éclat social, manifestation massive : estallido
  • suffrage : sufragio
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Piotr Sienicki