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Épicure : comment être heureux ?

Sommaire
Epicure: comment être heureux ?

Épicure est un philosophe grec, né en 342 av. J.-C. et mort en 270 av. J.-C. Il est le fondateur de l’épicurisme, l’une des plus importantes écoles philosophiques de l’Antiquité.

Nous attribuons parfois le terme Jardin à l’école d’Epicure, en raison du lieu, hors des murs d’Athènes, où il vivait avec sa famille et ses amis disciples.

Épicure défend un mélange de joie tempérée, de tranquillité et d’autosuffisance. Le plaisir est le bien. Les vertus servent d’instruments. La vie selon le plaisir est cependant une vie de prudence, de vertu et de justice.

L’épicurisme était avec le stoïcisme, la philosophie privilégiée par les élites romaines de la République et de l’Empire jusqu’au IIIe siècle. Cicéron se plaint par ailleurs que « les épicuriens occupent toute l’Italie ».

C’est essentiellement grâce à son disciple, Lucrèce, que nous connaissons la philosophie d’Épicure.

 

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Lettre à Ménécée

Cette œuvre est une lettre écrite par Épicure à son disciple Ménécée. Le texte propose une méthode pour atteindre le bonheur.

« Le plaisir est le principe et la fin de la vie heureuse ».  Mais, pour jouir sereinement de certains plaisirs, il faut d’abord la paix de l’âme, la sérénité, l’ataraxie (absence de trouble). La clef du bonheur est de connaître ses propres limites. C’est pourquoi l’excès doit être évité, car il apporte la souffrance.

La doctrine d’Épicure peut être résumée par le tetrapharmakon (quadruple remède) :

  • Les dieux ne sont pas à craindre
  • La mort n’est pas à craindre
  • Nous pouvons atteindre le bonheur
  • Nous pouvons supporter la douleur

 

Les dieux selon Épicure

Il ne faut pas avoir peur des dieux. En effet, ils sont hors du monde et ne s’occupent pas de nous. Ils n’ont ni à être priés, ni à être craints.

Épicure démythifie les dieux, les considérant comme des entités immuables et indifférentes. Des dieux sans émotions ou passions humaines. Sa critique de la religion et de la superstition trouve un écho chez Lucrèce et est saluée par Nietzsche.

 

La mort selon Épicure

Il ne faut pas avoir peur de la mort puisque qu’elle n’est rien. Elle n’est rien pour les vivants parce qu’ils sont vivants. Elle n’est rien non plus pour les morts parce qu’ils n’ont plus d’être. « Le plus effrayant des maux, la mort ne nous est rien. Quand nous sommes, la mort n’est pas là, et quand la mort est là, c’est nous qui ne sommes pas« .

 

Le plaisir selon Épicure

Le plus grand des plaisirs est la suppression de toute douleur. En conséquence, nous devons éviter certains plaisirs, et même accepter certaines douleurs. Épicure établit une distinction entre 3 types de désirs :

  • Les désirs vains : basés sur de fausses opinions. Ils ne doivent pas être satisfaits (luxure, richesse excessive, célébrité) car ils entraînent toujours de la souffrance.
  • Les désirs naturels : ils ne sont ni nécessaires ni vides, mais simplement conformes à notre nature. Il prend pour exemple, le désir sexuel, le jeu, l’art, la science. Ils peuvent ajouter du plaisir, mais ne sont pas nécessaires.
  • Les désirs naturels nécessaires : il s’agit de la faim, de la soif, mais aussi de la philosophie et de l’amitié. Ces désirs doivent être satisfaits, car ils sont nécessaires pour atteindre la plénitude. La satisfaction de ces désirs doit être dans la modération afin de ne pas produire un manque.

 

Satisfaire ses désirs signifie savoir éviter une situation de dépendance envers les plaisirs ou les désirs. Épicure parle de « calcul des plaisirs ».

Il faut savoir résister à un plaisir afin de prévenir un plus grand mal qui pourrait survenir plus tard. Le sage est capable de suivre cette direction et il évite ainsi le manque qui viendrait entraver sa vie.

 

L’amitié et l’amour selon Épicure

L’amitié est une valeur essentielle de l’épicurisme. La famille est aussi très importante. Le plaisir est un plaisir partagé. La vie bienheureuse suppose l’amitié qui est le plus grand bienfait que l’on doive à la sagesse.

Selon lui, un véritable ami est celui qui anticipe et prévient les besoins de l’autre, contribuant ainsi à l’ataraxie. L’amitié est bien supérieure à l’amour passionnel qui engendre souvent des troubles et des malheurs.

En contraste, Épicure considère l’amour comme une source de désordres inutiles, qui perturbent la tranquillité de l’âme.

L’amitié chez Épicure est paradoxale. En effet, bien que le sage se suffise à lui-même, l’amitié est néanmoins vue comme un bien en soi. Elle permet de combiner l’indépendance du sage avec le soutien et la sécurité apportés par les amis.

Selon les propres mots d’Épicure : « Avec l’ami, nous sommes comme un dieu parmi les hommes. »

 

La douleur selon Épicure

Pour Épicure, nous souffrons davantage de l’anticipation de la douleur que de la douleur elle-même. De plus, il ne faut pas craindre la douleur. Soit elle est très vive, mais rapide, ou bien peu vive et demeure, soit la douleur est chronique, auquel cas, elle devient supportable en ce que nous nous y habituons.

 

Lettre à Hérodote

Cette œuvre est un texte qu’Épicure adresse à son disciple Hérodote. Il y fait un résumé de sa physique, exposant sa conception de l’univers et de la Nature.

 

La nature selon Épicure

Selon lui, une juste compréhension de l’univers permet de mener une vie heureuse. Épicure nous invite à connaître la nature pour éviter de voir des causes magiques ou merveilleuses là où il n’y a qu’un mécanisme.

La souffrance morale viendrait ainsi du fait que nous attribuons à la nature une volonté. En jugeant son action comme volontaire, nous pensons que la nature est malveillante ou bienveillante à notre égard. C’est une interprétation anthropomorphique de la nature qu’Épicure combat.

Les limites de notre connaissance font que pour tel phénomène donné, nous ne pouvons pas trancher entre telle ou telle hypothèse explicative.

La physique d’Épicure est cohérente, car elle n’implique aucun anthropocentrisme et se passe facilement de l’existence des dieux.

 

Le monde selon Épicure

Le monde selon Épicure repose sur quelques axiomes clés :

  • Rien ne naît de rien
  • Tout ne peut naître de tout
  • Rien ne peut retourner au néant

 

La physique d’Épicure provient pour une grande part de Démocrite. Pour Épicure, l’univers est composé de deux éléments : les atomes et le vide. Les atomes sont les unités de la matière, éternelles et immuables, garantissant la permanence de l’univers. Les atomes possèdent des formes variées. Ils possèdent un poids propre et ont une taille. Tout doit son existence à la rencontre des atomes, même les dieux qui sont immortels.

Épicure soutient la thèse de la pluralité des mondes. Il y a une infinité de mondes existants, correspondant à l’infinité des combinaisons atomistiques.

L’âme est un corps composé d’atomes et est responsable de la pensée et des affections. Les atomes dans l’âme se dispersent à la mort. Il n’y a pas de vie après la mort, pas de destin, pas de finalité. L’épicurisme est un matérialisme radical. Cette conception vise à éliminer les peurs concernant la vie après la mort, promouvant ainsi le bonheur.

L’atomisme de Démocrite implique la négation du libre-arbitre. Or, bien qu’Épicure soit atomiste, il ne tient pas le déterminisme comme moralement acceptable. Il faut donc que les propriétés phénoménales et les impressions sensibles aient une réalité causale véritable, de même que le moi et la volonté.

 

Lettre à Pythoclès

Epicure consacre cette oeuvre aux phénomènes astronomiques ainsi qu’aux météores ou phénomènes naturels (cyclones, foudre). Pythoclès lui avait demandé de résumer de manière simple sa doctrine sur ces derniers.

Pour Epicure le monde est une enveloppe de ciel qui enveloppe des astres, une terre et tous les phénomènes. Si l’expérience tirée des sens permet d’appréhender les phénomènes proches et d’établir des opinions justes, nous sommes réduit aux conjectures pour les phénomènes cosmiques non accessibles aux sens. Diverses hypothèses peuvent donc être proposées, même si elles sont contradictoires.

Pour Épicure, la connaissance des météores est indispensable pour exorciser la crainte des dieux. Il montre qu’il peut exister plusieurs explications, également plausibles, des phénomènes célestes.

Il est impossible de réduire la multiplicité des phénomènes à un seul principe explicatif. Cela vient de la situation de l’être humain, auquel ces phénomènes ne sont pas directement accessibles et aux limites de son intelligence. La sagesse est de s’en tenir aux limites de l’expérience proche pour connaître et comprendre les réalités naturelles. Voici la seule manière de se prémunir contre les peurs et angoisses liées aux mythes et aux théories du surnaturel.

 

Informations complémentaires

 

La connaissance selon Épicure

Épicure propose une théorie de la connaissance basée sur les sensations. Selon lui, les sensations sont le seul moyen fiable de connaître la réalité. Il développe la théorie des prénotions, où les concepts sont formés à partir d’expériences répétées.

La fiabilité des sensations est un point central. Épicure rejette la thèse sceptique, qui affirme que toutes les sensations sont fausses. Il rejette également la thèse intermédiaire, qui soutient que certaines sensations sont vraies et d’autres fausses. Selon lui, il n’existe pas de critère supérieur aux sens pour faire cette distinction. Il conclut que toutes les sensations sont vraies, car une sensation ne peut réfuter une autre.

La canonique est la partie de la philosophie épicurienne qui traite des critères de la vérité. Épicure identifie quatre types d’évidences :

  • Plaisir et douleur sont des critères de vérité. Le plaisir indique une cause agréable et la douleur une cause pénible.
  • Les sensations, issues du contact avec les choses, révèlent la cause active et productrice. Les objets sont tels qu’ils nous apparaissent, car toutes les sensations sont vraies. Les erreurs proviennent des jugements de la raison, non des sensations elles-mêmes.
  • Les prénotions sont des conceptions générales formées par la répétition des perceptions sensibles. Elles deviennent des bases pour comprendre et nommer les objets. La prénotion est une image dérivée d’une réalité, impliquant un jugement d’existence.
  • L’intuition de la réflexion permet de concevoir l’univers dans son ensemble en dépassant l’intuition sensible. C’est la représentation d’un objet par l’appréhension de son image.

La théorie du langage

Pour Épicure, il faut se référer au sens premier d’un mot, lié à la prénotion dont il tient son sens. Cette théorie invite à décrire l’origine du langage pour mieux comprendre la connaissance humaine.

Le langage n’est pas une invention humaine. C’est l’environnement de l’homme et sa constitution physique qui sont la source des impressions qui en résultent. Le premier sens d’un mot est donc un sens naturel, mais ce sens est ensuite recouvert par les usages que les hommes en font.

 

Lire plus : Thalès : l’homme qui changea la face du monde

 

Je vous donne ci-dessous plusieurs sources que je consultais en prépa pour me cultiver en philosophie :

Les Bons Profs (chaîne YouTube)

Digischool (site Internet / chaîne YouTube)

Cyrus North (chaîne YouTube)

Le Précepteur (chaîne YouTube)

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Stéphane Westermann
Après deux années de prépa ECG au Lycée Georges de la Tour à Metz, j'ai pu intégrer Neoma avec pour objectif d'assister les étudiants dans l'excellence de leur Culture Générale et de leur langue allemande !