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ESH ECRICOME 2025 – Analyse du sujet 1

Sommaire
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L’analyse du sujet 1 d’ESH ECRICOME 2025 est désormais disponible sur Mister Prépa. Que vous souhaitiez vérifier la pertinence de vos arguments ou mieux comprendre les enjeux du sujet, cette analyse vous apportera des éclairages essentiels.

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LES SUJETS D’ESH ECRICOME 2025

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L’analyse du sujet 1 d’ESH ECRICOME 2025

Dans le cadre du premier sujet d’économie, sociologie et histoire proposé cette année par les concepteurs de l’épreuve ECRICOME, on retrouve un sujet d’actualité qui est à cheval sur le programme des deux années. En effet, le sujet « Pouvoir d’achat : objectif ou instrument ? » implique de pouvoir définir le pouvoir d’achat ce qui peut renvoyer au module « 1.1.1. Acteurs et grandes fonctions de l’économie ». En outre, le module 4 du programme fait la part belle aux politiques économiques. Finalement, ce sujet offrait une vision transversale du programme dans la mesure où certains éléments de la croissance économique, du développement, du chapitre sur la mondialisation, du cours sur la concurrence pouvaient être utilisés pour répondre à la question posée. Même si le sujet peut faire peur dans la mesure où il est toujours compliqué de définir le pouvoir d’achat, il semble tout de même que ce sujet était le plus facile des deux à traiter. Cela ne veut pas pour autant dire que ce sera le sujet le plus choisi par les candidats. En effet, le terme « responsabilité des entreprises » a aussi pu rassurer certains candidats qui se sont précipités sur ce sujet afin de réciter leur cours sur la responsabilité sociale et environnementale des entreprises…

Dans l’ensemble le sujet proposé permettait de se questionner sur la place du pouvoir d’achat au sein de nos sociétés et des politiques économiques mises en place par les gouvernements. Ici, il fallait d’abord voir que le sujet était en lien avec la notion de projet de société et de pouvoir politique. En effet, est-ce que le pouvoir d’achat est un objectif de notre contrat social, si oui est-ce qu’il est un objectif au cœur de nos politiques publiques ? Ainsi, il fallait se poser la question suivante : est-ce que les politiques économiques se servent du pouvoir d’achat pour atteindre d’autres objectifs : emploi, croissance économique… Ou alors, est-ce que les politiques économiques ont pour objectif d’accroître le pouvoir d’achat lui-même. Globalement, une problématique possible ici serait : Le pouvoir d’achat est-il une fin ou un moyen pour l’ensemble des politiques budgétaires, monétaires structurelles et conjoncturelles qui font partie des politiques économiques ?

Pour ceux qui le souhaitent, nous continuons cette analyse avec un plan détaillé sur le sujet n°1 d’ECRICOME 2025. Nous vous rappelons ici que ce n’est qu’une proposition de plan qui n’est en rien la réponse et solution unique au sujet. L’exercice de dissertation permet en effet de développer une pluralité de points de vue ! Ainsi, si votre développement ne reprend pas exactement les éléments de ce corrigé, il ne faut pas vous inquiéter. De même, la qualité du développement faisant partie intégrante de la notation, ce n’est pas parce que vous avez un plan similaire à ce corrigé que vous aurez la note maximale !

 

Analyse du sujet

  • Accroche : Dans « L’économie française 2023 » publié fin 2022, M. Plane et al. se questionnent sur « l’évolution du pouvoir d’achat lors du premier mandat d’E. Macron ». Les auteurs montrent au sein de cette partie qu’entre 2015 et 2021, le pouvoir d’achat (revenu disponible brut réel par unité de consommation) a augmenté d’environ 1,1% par an, trajectoire haussière qui balance la stagnation (-0,1%) du pouvoir d’achat lors de la période des Subprimes et crise des dettes souveraines (2008-2014). Cette augmentation ne semble pas suffire aux français dans la mesure où ces derniers ont placé le pouvoir d’achat comme enjeu principale des dernières élections présidentielles, européennes et législatives loin devant d’autres thématiques comme l’immigration ou l’environnement (IFOP). La campagne législative de 2024 a ainsi montré au grand public que l’augmentation du pouvoir d’achat demeurait (de manière rhétorique en tout cas) l’objectif principal des différentes politiques économiques dans tous les camps : Renaissance, La France insoumise ou le Rassemblement National.
  • Pouvoir d’achat : Le pouvoir d’achat se définit comme la quantité de biens et de services qu’un agent économique peut s’offrir avec son revenu. Ainsi, le pouvoir d’achat est fonction de deux variables économiques : le revenu de l’agent et le niveau des prix. Plus exactement, le revenu de l’agent est apprécié par le calcul revenu disponible brut d’un ménage (RDB)/unités de consommation du ménage (UC). Le revenu disponible brut correspond à l’ensemble des revenus (travail, propriété, prestations sociales) desquels on retire les impôts et prestations sociales. Les unités de consommation (1 pour le premier adulte puis 0,5 pour une personne supplémentaire de -15ans et 0,3 pour un enfant de – 15ans) permettent d’intégrer la structure d’un ménage. En effet, à revenu égal, un couple sans enfants n’a pas le même pouvoir d’achat qu’une famille nombreuse… Le niveau de prix est généralement mesuré par l’indice des prix à la consommation (IPC).
  • Objectif : L’objectif peut se définir comme une cible, un but à atteindre. Si le pouvoir d’achat est l’objectif des politiques publiques alors cela veut dire que les politiques économiques vont mettre en œuvre des moyens dans le but d’augmenter le pouvoir d’achat des ménages.
  • Instrument : A l’inverse, si le pouvoir d’achat est un instrument cela veut dire que ce dernier est une variable. Jouer sur le pouvoir d’achat (à la baisse comme à la hausse) n’est pas un objectif en soi mais permet justement d’atteindre d’autres buts. Les objectifs des politiques économiques sont généralement synthétisés dans le carré magique de Kaldor : croissance, chômage faible, inflation modérée et équilibre commercial.

 

Problématique : Le pouvoir d’achat est-il la finalité des politiques publiques ? N’est-il pas plutôt un moyen permettant de « gérer finement » les grandes variables macroéconomiques ?

 

I. Le pouvoir d’achat est un objectif fort des politiques publiques depuis la première Révolution Industrielle


A. Le pouvoir d’achat est au cœur du contrat social d’une société capitaliste de consommation

  • Le pouvoir d’achat est ainsi la capacité d’un individu à consommer. Or la consommation est l’objectif de toute société capitaliste. W. Rostow dans « Les étapes de la croissance économique » (1960) montre en effet que le stade ultime du capitalisme demeure la société de consommation. Ainsi, toute société capitaliste se caractérisait à long-terme par une société de consommation, celle-ci demeure l’objectif de tout développement économique. 
  • B. Heilbrunn dans « Ce que nous cache le mythe du pouvoir d’achat » (2024) montre ainsi que dans notre société actuelle, le pouvoir d’achat est synonyme du pouvoir de vivre. Cette critique de la société de consommation esquissait par J. Baudrillard dans les années 1970 est réactualisée par Heilbrunn. Les désirs deviennent de plus en plus grands, la société de consommation influence les individus en rendant les termes « acheter » et « vivre » synonymes (ce qui arrange en grande partie les acteurs de l’industrie agro-alimentaire qui jouent sur ce mythe du pouvoir d’achat tel Leclerc).
  • Heilbrunn montre ainsi que dans notre société actuelle où le pouvoir d’achat est sacralisé, les consommateurs sont vus comme des victimes du système de prix. Les pouvoirs publics s’inscrivent comme défenseurs du pouvoir d’achat puisque l’augmentation de ce dernier est finalement l’implicite du contrat social croissantiste.

 

B. Le pouvoir d’achat est ainsi un objectif des politiques économiques dans un objectif de réélection

  • On comprend aisément que si les politiques économiques visent l’augmentation du pouvoir d’achat ce n’est pas à des fins de philanthropie. Ainsi comme le rappelle W. Nordhaus dans « Le cycle politico-électoral » (1975), le décideur politique est un Homo-Oeconomicus qui souhaite maximiser son utilité (ses chances de réélection). Puisque le pouvoir d’achat est la principale préoccupation des français, il est logique que les dirigeants politiques s’emparent du pouvoir d’achat comme objectif des politiques économiques qu’ils proposent.
  • Prime d’activité sous E. Macron permet de calmer la colère sociale exprimée par les Gilets Jaunes.
  • De ce point de vue, certaines politiques budgétaires conjoncturelles sont proposées afin de maintenir le pouvoir d’achat dans un cadre inflationniste qui érode le pouvoir d’achat (COVID + crise russe). On retrouve par exemple la volonté chez La France Insoumise de bloquer temporairement les prix des denrées alimentaires (graphique du prix plafond) alors que le Rassemblement National souhaitait supprimer la TVA sur l’essence (le concept d’incidence fiscale a, semble-t-il, été oublié).
  • Certaines politiques conjoncturelles sont ainsi adoptées afin de défendre le pouvoir d’achat et se rendre plus sympathique auprès de l’électorat : les différents boucliers tarifaires (prix de l’essence, électricité) ainsi que les chèques inflation d’E. Macron permettaient une défense du pouvoir d’achat en utilisant la politique budgétaire. Selon un rapport de la DGT datant de 2022 « Répartition des pertes due à la dégradation des termes de l’échange énergétique ». Le bouclier qui a couté 40 milliards d’euros en 2022 a permis de préserver le pouvoir d’achat des ménages, ce qui était l’objectif !
  • Ce débat « politique » pose la question de la généralité de l’objectif du pouvoir d’achat. Certains partis voient l’augmentation du pouvoir d’achat des plus pauvres au centre de la société (la gauche qui souhaite taxer les plus riches afin de financer l’augmentation du pouvoir d’achat des plus pauvres). A l’inverse, le parti présidentiel fait plutôt le choix d’une unicité de l’objectif de pouvoir d’achat (suppression de l’ISF et développement de la prime d’activité).

 

II. On constate d’ailleurs que les politiques structurelles ont la capacité d’agir positivement sur le pouvoir d’achat (les politiques structurelles peuvent viser et visent le pouvoir d’achat)

 

A. Les politiques structurelles permettent d’accroître le revenu des agents économiques

  • Les économistes défendent l’idée qu’à long-terme les revenus des individus sont surtout fonction du niveau de productivité du travail. C’est la thèse de G. Becker dans « Human capital » (1964) selon laquelle un travailleur est payé en fonction de sa productivité marginale. C’est dans ce cadre théorique que s’inscrit Emmanuel Combe lorsqu’il montre dans l’Opinion que « le pouvoir d’achat passe par l’éducation » (2022), l’éducation permet de trouver plus facilement un emploi (taux de chômage croit en sens inverse du niveau d’étude) et d’augmenter son niveau de productivité et donc son salaire. Ainsi, la politique éducative qui est une politique de croissance endogène au sens de R. Lucas (1988) est une politique qui vise l’accroissement des revenus et par là du pouvoir d’achat des ménages (ce qui renforce la croissance…).
  • En outre, la politique industrielle permet aussi d’accroître le pouvoir d’achat. Ce n’est pas l’objectif primaire de cette politique mais en permettant l’innovation et la construction d’entreprises à la frontière technologique celle-ci permet d’atteindre une augmentation structurelle du pouvoir d’achat. En effet, selon P. Aghion, « Le pouvoir de la destruction créatrice » (2021), il existe un fort effet entreprise dans les inégalités de revenus dans la mesure où celles qui innovent le plus sont celle qui paient le mieux. Une politique industrielle visant à créer des champions nationaux contribue de fait à l’objectif d’une hausse du pouvoir d’achat.
  • Les politiques de redistribution permettent aussi d’accroître le pouvoir d’achat des ménages via la fourniture de prestations sociales qui font partie du RDB.

 

B. Tout en maintenant les prix à un niveau faible (libre-échange, concurrence et politique monétaire)

  • Il est aussi possible de dire que les politiques structurelles permettent de maintenir les prix à un niveau faible et stable, ce qui n’érode ainsi pas le pouvoir d’achat des ménages. La justification de ces politiques se trouvent généralement dans la défense du pouvoir d’achat du consommateur. Parmi ces politiques permettant des prix bas, on retrouve notamment :
  • Politique de la concurrence : Celle-ci permet d’éviter les ententes, la création de monopole price-maker et abus de position dominante. Cette politique a ainsi pour but de défendre le surplus du consommateur (graphique, équilibre du monopole avec Harberger). C’est ainsi que T. Philippon montre dans « The great reversal » (2019) que la politique de la concurrence européenne est efficace en permettant par exemple aux européens de payer un forfait de téléphone deux fois moins cher en moyenne qu’aux USA. L’objectif assumé de la politique de concurrence est donc le pouvoir d’achat.
  • Politique commerciale : la politique de libre-échange permet de diminuer le niveau des prix en conduisant à de forts gains de productivité par effet de spécialisation et d’avantages comparatifs (D. Ricardo, 1817). Le libre-échange est ainsi une politique qui permet au consommateur de plus consommer et de consommer différemment. E. Combe dans « Pouvoir d’achat : restons ouverts » (2022) montre que le libre-échange (baisse des droits de douane de 2% aux USA) permettrait aux américains de gagner 800 euros de pouvoir d’achat.
  • Politique monétaire : Enfin, la politique monétaire dispose d’un objectif de stabilité des prix de l’ordre de 2% dans les pays développés (voire 4% dans des analyses plus modernes notamment celle d’O. Blanchard). La Banque de France rappelle dans « La mesure du pouvoir d’achat » (2025) que la BCE et l’Eurosystème contribuent à la préservation du pouvoir d’achat de l’euro (inflation stable). Par-là, la BCE contribue donc à une stabilité du pouvoir d’achat des consommateurs européens (notamment à l’étranger).

 

III. Pour autant, certaines politiques (conjoncturelles généralement) font du pouvoir d’achat un instrument, il peut dès lors exister certaines contradictions entre le pouvoir d’achat comme instrument et comme objectif

 

A. La politique conjoncturelle utilise le pouvoir d’achat comme un moyen de stabiliser l’économie

  • R. Musgrave dans « Théorie des finances publiques » (1959) montre qu’une des trois fonctions de l’État est la régulation du cycle en période de crise. Les politiques économiques doivent ainsi être contracycliques.
  • Cette idée rejoint celle de J-M. Keynes qui montrait en 1936 dans « la théorie générale » que « le malade n’a pas besoin de repos mais d’exercice ». Cette métaphore justifie les politiques de relance keynésienne que l’on peut schématiser avec un modèle IS-LM (Hicks, 1937). Ici, les politiques de relance visent à augmenter le revenu courant des agents afin qu’ils consomment davantage. Se faisant, l’emploi se relancera selon le mécanisme de demande anticipée et la production repartira. Par le biais du pouvoir d’achat, l’État remplit ses objectifs macroéconomiques : baisse du chômage, hausse de la croissance et stabilisation du niveau des prix (éviter la déflation) 🡪 New Deal de Roosevelt (1933).
  • La logique du multiplicateur keynésien montre ainsi qu’une hausse de l’investissement public permet une hausse plus que proportionnelle du revenu courant, ce qui va se traduire par une demande anticipée forte et donc un investissement important des entreprises (accélérateur de la demande). Grâce au pouvoir d’achat, l’État atteint son objectif de régulation du cycle.

 

B. Finalement, il s’avère que dans certains cas, l’utilisation du pouvoir d’achat comme instrument des politiques économiques aille à l’encontre de l’objectif de long-terme d’accroître le pouvoir d’achat

  • En effet, une économie qui se caractérise par une inflation et un déficit commercial semble se caractériser par un revenu courant supérieur au revenu de plein-emploi. L’économie semble alors en surchauffe et en manque de compétitivité. Cela signifie ici que l’Output Gap théorisé par A. Okun est positif dans la mesure où la production réelle est supérieure au potentiel de l’économie. Dans ce cas, les objectifs macroéconomiques peuvent primer sur le pouvoir d’achat. 
  • Les politiques économiques ont donc un choix à faire : se servir du pouvoir d’achat comme instrument (baisse du PA) et donc entrer en contradiction avec l’objectif de long-terme d’augmentation du pouvoir d’achat. 
  • Les politiques d’austérité budgétaire (action sur IS) et monétaire (action sur LM) permettent ainsi de résorber le déficit commercial en jouant sur le multiplicateur keynésien en économie ouverte (introduction de la propension marginale à importer) ainsi que sur le taux d’intérêt (lorsqu’il augmente le pouvoir d’achat global ainsi qu’immobilier chute drastiquement).
  • Modèle ISLMBP : si IS et LM vont vers la gauche, le pouvoir d’achat va diminuer mais le nouvel équilibre est à gauche de BP (donc plutôt excédentaire). 

 

Conclusion

Le pouvoir d’achat semble être un objectif central d’une société capitaliste fondée sur le désir. En effet, désir d’achat sans pouvoir d’achat ne peut assurer la survie du capitalisme. C’est pourquoi les politiques économiques ont ce pouvoir d’achat comme objectif et tentent d’agir en faveur de sa préservation ou de son augmentation par des actions conjoncturelles et surtout structurelles. Cet objectif ne rentre pas directement en confrontation avec l’utilisation du pouvoir d’achat comme instrument de relance. En effet, relancer le pouvoir d’achat à des fins macroéconomiques respectent l’objectif fixé par la société capitaliste. Pour autant, nous avons pu constater que ces deux visions du pouvoir d’achat pouvaient s’opposer. L’usage du pouvoir d’achat pouvait aller à l’encontre de l’objectif de son augmentation. Ainsi, il semble que le pouvoir d’achat soit en dernier ressort un objectif de long-terme des politiques économiques actuelles.

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Léo Bedenc
Diplômé emlyon et SciencesPo Lyon après une prépa ECE à Bordeaux, je suis également agrégé en S.E.S et j'interviens régulièrement sur Mister Prépa en ESH.