Tout d’abord, la Bolivie est selon la Banque mondiale, une économie à revenu intermédiaire inférieur classée 11ème en Amérique Latine.
Cet article revient sur l’essentiel de la vie d’Evo Morales. Il met en lumière son engagement pour les droits des peuples indigènes, son rôle clé dans le mouvement syndical et les défis politiques qui ont marqué sa longévité au pouvoir de la Bolivie. Les données offrent une perspective de l’évolution socio-économique du pays sous sa présidence.
Situation de la Bolivie
La Bolivie est peuplée de 12 millions d’habitants. Ceux-ci sont répartis sur plus d’un million de km² et le pays dispose d’importantes ressources minières, agricoles et d’hydrocarbures. La Bolivie exporte de l’or, de l’argent, du zinc, du plomb et détient des ressources en lithium, encore très peu exploitées. De plus, le gaz naturel, principalement exporté vers l’Argentine et le Brésil, a joué un rôle prépondérant dans l’économie bolivienne. L’exportation de gaz naturel constitue environ 21% du total des exportations du pays. Par ailleurs, la zone agricole du pays permet une production agricole importante (soja, noix et viande).
Également, le taux de pauvreté a fortement reculé au cours de la dernière décennie sous l’égide du président Evo Morales. Cependant, il est encore élevé : passant de 43% en 2016 à 36% en 2021 (et de 19% à 11% pour l’extrême pauvreté). L’indice de GINI des revenus est, quant à lui, tombé de 0,60 à 0,42 entre 2005 et 2021. L’économie informelle représente environ 62% de l’activité économique (FMI, étude de 2018) puis entre 60 et 80% de l’emploi (estimation variable selon les sources).
Evo Morales est une figure emblématique de la Bolivie contemporaine
Evo Morales, né dans la pauvreté à Oruro en 1959, incarne le renouveau amérindien en Bolivie. De même, il représente une figure complexe de la politique sud-américaine. Son parcours personnel est marqué par l’engagement social.
Originaire d’un village de l’Altiplano bolivien, Evo Morales a quitté l’école jeune pour aider sa famille de paysans amérindiens. Sa jeunesse difficile, telle que dépeinte dans le documentaire “Cocalero” sorti en 2007, révèle un parcours atypique. Il a été berger de lamas, maçon, trompettiste ou encore boulanger. Sa première candidature présidentielle en 2001, avec la wiphala (1) en étendard, est alimentée par cette expérience personnelle difficile.
Sa victoire en 2006 marque un tournant dans l’histoire bolivienne. Il est propulsé au statut de premier président indigène du pays. Arborant la wiphala lors de son investiture, Evo Morales insuffle un sentiment de fierté à la population amérindienne : 62% des 11,3 millions de Boliviens sont concernés. Cette présidence symbolise un renouveau identitaire et culturel dans le pays.
Son élection marque une transition politique à gauche et une présidence axée sur le social.
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Parcours syndical et engagements politiques
Très jeune, Evo Morales arrive dans les plaines tropicales de Chapare et plonge dans la culture de la coca. Celle-ci est la principale source de revenus pour de nombreuses familles boliviennes. Son engagement syndical se cristallise lorsqu’il devient le leader des producteurs de coca de la région de Cochabamba. Les manifestations et la résistance à la politique d’éradication financée par les États-Unis en 1994 renforcent sa notoriété régionale puis nationale.
En 2006, Evo Morales s’inscrit dans le mouvement de la “vague rose” sud-américaine en accédant à la présidence. Il initie une série de nationalisations dans le secteur des hydrocarbures. Il décide également de réduire drastiquement les salaires au sein de son propre gouvernement : 50% en moyenne. Les revenus du gaz et du pétrole alimentent des programmes sociaux, réduisant la pauvreté de 36% en 2006 à 17% en 2018.
Défis démocratiques liés à sa longue investiture présidentielle
Réélu en 2009 et en 2014 avec des scores élevés, Evo Morales atteint son apogée politique. En outre, la tentative de modification constitutionnelle pour briguer un quatrième mandat en 2019 suscite des manifestations et des accusations de corruption dans le pays. Malgré un déclin politique, sa longévité inédite est interrompue en 2019 par des allégations de fraude électorale.
Encore en décembre 2023, la Cour constitutionnelle interdit à Evo Morales de se présenter à l’élection présidentielle de 2025. Cette décision est contraire à sa prise de position de 2017 considérant la réélection comme un “droit de l’Homme”. Celui-ci dénonce la décision comme politique et liée à des conspirations. Cette interdiction soulève des questions sur l’État de droit en Bolivie et suscite des débats sur l’équilibre entre la stabilité politique et la démocratie. De 1825 à 1985, la Bolivie a connu pas moins de 190 coups d’Etat.
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Pour conclure, Evo Morales, de l’enfance modeste à la présidence, a marqué de manière indélébile l’histoire de la Bolivie. Son héritage est complexe, entre réussites sociales et controverses politiques. La récente interdiction constitutionnelle souligne les défis persistants de la démocratie en Bolivie. Prochainement, quel sera le rôle d’Evo Morales dans le paysage politique sud-américain ?
(1) La Wiphala est un drapeau multicolore qui représente les peuples autochtones andins en Amérique du Sud