L’analyse du sujet 1 de géopolitique ECRICOME 2025 est désormais disponible sur Mister Prépa. Cette matière étant stratégique aux concours, il est essentiel de maîtriser les enjeux et références clés pour structurer une copie percutante.
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L’analyse du sujet 1 de géopolitique ECRICOME 2025
Le sujet était : « L’eau douce, enjeu de développement durable et de paix ? »
Le dossier était composé de deux documents : une carte intitulée « Le non-accès à l’eau » de janvier-février 2023 dans la Revue Carto n°75 et une carte intitulée « Le Mékong, un fleuve sous l’emprise de la Chine » du 10 novembre 2024 parue dans Le Monde.
Pour rappel, l’épreuve de géopolitique à Ecricome est en 2 parties :
- Une réponse à 3 questions de 2 pages maximum, des questions dont les réponses peuvent s’appuyer sur les cartes
- Une dissertation sur le sujet principal
Analyse des cartes
Carte n°1 : Une carte qui représente les pays où l’accès à l’eau est le plus difficile. Les figurés surfaciques d’une part représentent la part de la population qui n’a pas accès à l’eau et d’autre part, la taille des pays est proportionnelle au nombre de personnes n’ayant pas accès à l’eau dans leur pays. Cela explique la déformation des pays sur la carte.
La norme choisie pour définir ou non l’accès à l’eau est celle d’une source d’eau potable à moins de 200 mètres du domicile selon l’OMS
2 exemples :
- L’Ethiopie : Représentée dans la couleur rouge la plus foncée : Entre 50% et 60% de sa population n’a pas accès à l’eau en 2020. La taille du pays sur la carte suggère que la population de l’Ehtiopie n’ayant pas accès à l’eau courante est supérieure à 50 millions d’habitants
- L’Inde : moins de 10% de sa population n’a pas accès à l’eau potable. Or cela représente plus de 100 millions de personnes.
Ainsi, dans certains pays, le pourcentage de personnes n’ayant pas accès à l’eau courante peut être faible mais le nombre de personnes que cela représente est très élevé (Cf exemple de l’Inde). A l’inverse, au Zimbabwe, 30 à 49,9% de la population n’a pas accès à l’eau courante mais cela représente moins de 10 millions de personnes.
Carte n°2 : La carte représente la région de la péninsule indochinoise avec le fleuve Mékong qui la traverse. Une grande partie des infrastructures construites sur le fleuve Mékong sont représentées sur la carte comme les barrages, les ports, etc. Mais sont aussi représentées les infrastructures dépendantes du fleuve pour fonctionner comme les oléoducs et gazoducs ou encore le canal.
La carte permet de souligner le rapport de force que la Chine entretient avec les autres pays voisins du Mékong. Etant en amont, c’est elle qui a le plus de pouvoir sur le contrôle du fleuve. La carte souligne aussi que le fleuve fait partie intégrante de son projet des « Nouvelles Routes de la Soie » lancée en 2014 avec la création de ZES et d’infrastructures de transports de marchandises afin d’attirer les investissements dans la région et les entreprises étrangères.
Cependant, cela rend la région dépendante aux investissements chinois pour son développement économique. En effet, celle-ci finance une majeure partie des projets et notamment des barrages.
La carte montre aussi les pays qui font partie du groupe de coopération : « Mécanisme de coopération Lancang-Mekong Cooperation », une organisation différente de la Mekong River Commission dont la Chine ne fait pas partie. Ainsi, dans la LMC la Chine est partie prenante car c’est une initiative qu’elle a elle-même lancée.
Eléments de réponses aux questions
Quels sont les paradoxes soulevés par l’accès inégal à l’eau ?
- Pénurie et non-accès à l’eau malgré abondance de l’eau dans certaines régions. Des pays sont très riches en eau comme la République démocratique du Congo ou l’Inde grâce à de nombreux fleuves qui traversent le pays. Cependant, une mauvaise répartition de l’eau et un manque d’infrastructures pour traiter l’eau engendre un stress hydrique très important dans ces pays.
- Non-accès à l’eau dans les campagnes car accaparement par les villes : raisons économiques. En effet, les pays construisent des infrastructures pour acheminer l’eau dans les villes notamment avec les canaux au détriment des populations rurales. Ainsi, en Afrique subsaharienne, par exemple, les populations pauvres vivant notamment dans les zones rurales payent l’eau très cher à des camions citernes qui viennent leur livrer de l’eau.
- L’agriculture capte une grande partie de la consommation d’eau au détriment de la population. Certaines cultures nécessitent bcp d’eau : le riz, le soja ou encore le coton. Ce sont les cultures les plus produites en Asie du Sud-Est mais l’accès à l’eau courante est difficile pour une partie de la population de ces pays-là. L’agriculture représente 70% de la consommation d’eau mondiale
Comment les expliquer ?
- Conflits d’usage entre l’agriculture, l’industrie et les besoins de la population
- Facteurs géographiques : zones arides, désert, inondations
- Facteurs démographiques : malgré accès à l’eau, l’explosion démographique engendre une pression sur les ressources et les infrastructures
- Changement climatique aggrave les inégalités d’accès à l’eau et accentue aussi les phénomènes naturels comme les sécheresses, les inondations, etc.
Pourquoi l’exemple de l’aménagement du bassin du Mékong peut-il donner lieu à des tensions régionales ?
- Tensions entre les pays en amont et en aval. En effet, les pays en amont construisent de nombreux barrages (Chine, Laos) ce qui réduit considérablement le débit du fleuve au détriment des pays en aval comme le Cambodge ou le Vietnam. Cela a notamment un impact sur l’agriculture et la pêche. Ces pays perdent une grande partie des ressources économiques que le fleuve leur apportait depuis des siècles.
- L’eau, une ressource toujours plus utilisée. En effet, l’énergie hydroélectrique devient de plus en plus importante dans le cadre du changement climatique afin d’avoir un mix énergétique le plus vert possible. Des pays comme le Laos misent donc sur l’hydroélectricité pour développer leur pays et construisent donc de nombreux barrages au détriment de leurs voisins mais surtout des ressources du fleuve. En effet, les barrages stoppent la migration des poissons vers la mer
- Une coopération et une gouvernance régionale difficile : la Chine et la Birmanie ne sont pas membres de la Commission du fleuve Mékong / organisation parallèle avec la LMC (voir ci-dessus carte n°2). Il n’y a pas de coopération pour la gestion du fleuve.
Exemple de plan de dissertation
Quelques définitions
Eau douce : ensemble des eaux qui contiennent une faible concentration en sel (moins de 0,05%). Cela comprend les lacs, les rivières, les fleuves mais aussi les eaux souterraines avec les aquifères. L’eau douce représente seulement 2,5% de l’eau disponible sur Terre et parmi celle-ci une petite partie est accessible pour l’homme. Pourtant cette ressource est indispensable à la survie de l’homme et à pour les écosystèmes. Elle est donc une ressource rare au cœur de nombreux enjeux géopolitiques accentués par un accès limité à cette ressource due à sa mauvaise répartition notamment.
Développement durable : selon l’ONU c’est un développement qui « répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs » (Brundtland, 1987). Il repose sur 3 piliers : la viabilité économique, l’équité social et la durabilité environnementale.
Ici dans le sujet proposé, il s’agit de gérer la ressource en eau de manière à ce qu’elle soit accessible équitablement pour tous en préservant l’environnement (de la pollution des eaux, de la surexploitation de la ressource, etc.) mais aussi en anticipant les besoins des futures générations face aux conséquences du changement climatique qui réduit la disponibilité de l’eau. Le sujet nous pousse à réfléchir sur une gestion durable de l’eau
Paix : état de stabilité entre les hommes, caractérisé par l’absence de conflits armés ou de guerres. La paix est souvent associé à un état de coopération et à la gouvernance pour résoudre les conflits. Ainsi, la paix peut permettre une répartition équitable des ressources en eau. La collaboration semble nécessaire dans le cadre d’une gestion durable de l’eau.
Ainsi, l’eau douce est donc un enjeu géopolitique car elle suscite tensions et rivalités entre acteurs, notamment entre Etats ou organisations internationales en raison de son importance pour la vie humaine et les écosystèmes. Elle est aussi nécessaire au développement économique et à la sécurité alimentaire. L’accès à l’eau est donc un enjeu de pouvoir et de souveraineté car des conflits hydriques sont de plus en plus fréquents dans le contexte du changement climatique qui exacerbe les tensions.
Problématique possible
Face au changement climatique mais aussi aux inégalités d’accès, dans quelle mesure l’eau douce, étant une source croissante de tensions et de conflits, peut-elle contribuer à un développement équitable et permettre une coopération pacifique pour sa gestion ?
I – L’eau douce, une ressource vitale pour l’homme au cœur du développement durable
A – L’eau est indispensable pour la sécurité alimentaire, sanitaire et énergétique de l’homme
John Antony Allan sur l’eau virtuelle, quantité d’eau contenue dans les aliments que nous mangeons, dans les vêtements que nous produisons. C’est toute l’eau qui a servi à la production d’un objet. L’eau est partout, elle est indispensable
B – Au cœur des ODD de l’ONU : ODD n°6, l’eau est un bien commun fondamental. Inégalité d’accès à l’eau = carte n°1
Beaucoup de personnes militent pour que l’accès à l’eau soit garantie pour tous avec une eau gratuite
C – De plus en plus d’innovations pour une meilleure utilisation et gestion de l’eau dans le cadre du DD / Une ressource rare
« goutte-à-goutte » en Israël / désalinisation de l’eau de mer en Arabie Saoudite pour limiter la consommation de l’eau douce
Mais ce sont des innovations très coûteuses et difficiles à mettre en place. Elles ne sont pas forcément durables non plus.
II – L’eau est une ressource de plus en plus rare, convoitée, qui est à l’origine de tensions croissantes exacerbées par le changement climatique
Frédéric Lasserre développe le concept « hydro-politique » et celui de la géopolitique de l’eau.
A – L’eau, facteurs de tensions : accaparement de la ressource : barrages
Exemple : Barrage Renaissance en Ethiopie, tension avec l’Egypte
Frédéric Lasserre, Alexandre Brun, Le partage de l’eau. De nombreux problème de partage de l’eau dans les bassins versants conduisent à des tensions entre les populations et les Etats.
Exemple : déplacement des populations amérindiennes au Brésil à cause de la construction des barrages sur l’Amazone
Martine Droulers et Céline Broggio, « Les barrages hydroélectriques amazoniens, un enjeu de géopolitique interne au Brésil »
B – Le changement climatique exacerbe les tensions entre populations et Etats
Exemple du Sénégal et de la Mauritanie : désertification accrue du Sahel, raréfaction des points d’eau et réduction des précipitations. Eleveurs nomades mauritaniens de tradition pastorale en quête de pâturages descendent de plus en plus sur les terres d’agriculteurs sédentaires sénégalais, de l’autre côté du fleuve. Il y a alors un conflit d’usage entre ces deux acteurs et des violences peuvent éclater avec notamment des exactions (sachant que les djihadistes et les milices communautaires de la région instrumentalisent aussi ce conflit). L’Etat peine à réguler les usages de l’eau car il est très peu présent dans les zones rurales.
François Gemenne (migrations environnementales) montre le lien entre le stress hydrique qui peut être amené par le changement climatique et le déplacement forcé de population pour leur survie qui est source de tensions.
C – L’eau, outil d’asservissement d’une population et de contrôle d’une région
Exemple : Turquie (GAP), construction de barrages qui a pour conséquences une réduction du débit d’eau vers la Syrie et l’Irak ce qui a un effet sur l’agriculture de ces deux pays mais aussi le déplacement des populations kurdes. Il y a donc une instrumentalisation politique de l’eau dans le cadre de la politique intérieur d’Erdogan en Turquie
Georges Mutin, Le Tigre et l’Euphrate de la discorde
III – Mais une ressource qui peut être vecteur de coopération et de paix dans le cadre de la gouvernance mondiale et régionale afin de permettre un développement durable pour tous.
David Blanchon, Géopolitique de l’eau, entre conflits et coopérations
A – Des institutions internationales pour une gestion partagée, une gouvernance de l’eau avec des accords, des conventions. L’ONU organise notamment la Convention sur les cours d’eau internationaux en 1997 mais peu ratifiée. Déclaration de Dublin en 1992 pour souligner l’importance de l’eau. L’ONU manque d’impact et peine à faire appliquer ces recommandations
Initiatives de l’ONU et de la Banque Mondiale pour des politiques de gestion intégrée de l’eau (GIRE)
B – Mais meilleur fonctionnement des coopérations à l’échelle régionale
Commission Fleuve Sénégal : Coopération entre 4 pays (Sénégal, Mali, Mauritanie et Guinée) pour une gestion partagée du fleuve.
Une coopération efficace est aussi celle entre deux pays : exemple de l’Inde et du Pakistan qui en 1960 avec le Traité de l’Indus ont su coopérer pour la gestion du fleuve malgré les conflits entre les pays.
C – Des coopérations régionales autour de l’eau pour permettre un développement de la région
Exemple de la région du Mékong : carte n°2
Frédéric Lasserre, Eric Mottet, « L’hydro-politique environnementale du Mékong, entre intérêts nationaux et activisme international »
Cependant, cela n’empêche pas les tensions et les rapports de force entre les Etats, on l’a vu avec la domination de la Chine dans la péninsule mais cela ne débouche pas sur des conflits armés ou des guerres.