Découvrez sans plus attendre l’analyse du sujet 2 d’Histoire Géographie et Géopolitique ECRICOME 2022 ! L’épreuve de géopolitique est très importante pour les étudiants de la filière ECS.
Nous allons vous proposer une analyse dans cet article. L’objectif est de vous aider à savoir les éléments clés qu’il fallait mobiliser dans la copie mais aussi pour vous préparer aux prochaines épreuves de Géopolitique de la BCE : HGGMC ESSEC, HGGMC ESCP et HGGMC GEM.
Pour consulter les annales des dernières années, il vous suffira de cliquer ici. Vous pouvez également retrouver le KIT de Géopolitique 2022 regroupant les meilleurs articles du site.
POUR VOIR L’ANALYSE DU SUJET 1
POUR VOIR TOUS LES SUJETS ET LES ANALYSES du Concours ECRICOME 2022
L’analyse du sujet 2 de Géopolitique ECRICOME 2022
Sujet : Le Pacifique : de nouvelles réalités stratégiques
L’océan Pacifique, sujet très attendu aux concours, fait enfin son apparition comme thématique centrale alors même que la région indo-pacifique faisait la une des revues de géopolitique depuis 2020. Cet océan qualifié comme étant « l’idée de l’année » en 2021 par le géopolitologue Pierre Grasser à la suite de la signature du RCEP, partenariat économique global, entre l’Asie Orientale et l’Océanie, qui en l’occurrence est, le plus grand ACR jamais signé ! Le point de friction dans ce vaste espace est l’essence sémantique même du mot Pacifique.
Si géographiquement sa définition remonte au géopoliticien allemand Haushofer dans les années 1920 puis défini comme la partie du Rimland tel qu’il a été conçu par Spykman et a inspiré la doctrine Truman. Pourtant, il ne s’agit pas d’un concept qui va de soi, avec une réalité géographique commune, chaque pays ayant délimité « son ou ce » Pacifique en fonction de sa perception stratégique et géopolitique.
Place alors à l’analyse de ce sujet tant attendu par les candidats en 2022 !
Introduction
Accroche 1 : Dans la Nouvelle Gazette Rhénane publié en 1850, Karl Marx estime que « l’Océan Pacifique jouera à l’avenir le même rôle que l’Atlantique de nos jours et la Méditerranée dans l’Antiquité ; celui de grande voie d’eau du commerce international et l’Océan atlantique tombera au niveau d’une mer intérieure comme c’est le cas aujourd’hui de la Méditerranée »
Accroche 2 : Novembre 2020, le journal Le Monde titre : « L’Indo-Pacifique, une alliance XXL pour contrer la Chine ». Au sujet du QUAD (Dialogue quadrilatéral entre les États-Unis, l’Inde, l’Australie et le Japon), les « cartes mentales comptent », écrit Rory Medcalf, du National Security College de l’université nationale australienne. Pour l’académicien « La compétition des idées est en train de s’incarner dans la bataille opposant deux grandes propositions du moment, explique-t-il. D’un côté, les “routes de la soie” et, de l’autre, l’Indo-Pacifique voulu par le Japon, l’Inde, l’Australie, l’Indonésie, la France, les Etats-Unis… »
Si la capture des Philippines et d’Hawaï par les EU en 1898 apparaissait presque anecdotique, tout autre est la logique de coopétition acharnée entre puissances asiatiques révisionnistes et puissances occidentales qui attestent du passage de témoin du centre géopolitique mondial. Donnant alors consistance à la vision braudelienne d’une migration maritime du centre de gravité de l’économie mondiale, de l’ère d’Athènes à celle de Los Angeles.Cette prophétie hégélienne (Leçons sur la philosophie de l’histoire) serait en cours de réalisation : après un monde centré sur la Méditerranée , puis sur l’Atlantique on entrerait dans « le siècle du Pacifique » (Pierre Grasser), annoncé péremptoirement depuis les années 1980 tant cet espace est considéré comme « le lieu de basculement de l’économie mondiale » En 2005, par exemple, seuls 3 des 10 ports en eau profonde les plus fréquentés du monde se trouvaient en Chine sur sa rive Pacifique. À peine dix ans plus tard, 7 des 10 premiers ports du monde s’y situaient, et 9 d’entre eux étaient dans la région Asie-Pacifique.
Définitions des termes du sujet :
- Pacifique : Trois masses continentales – Asie, Australie et Amériques – sur une surface de 180 millions de km2, 18 fois les États-Unis, 6 fois l’ 50% du PIB mondial produits par les pays riverains mais les deux tiers proviennent des États-Unis et de la RPC ; le reste est éparpillé entre des pays parfois fort pauvres (Equateur..). Cet océan est marqué par une opposition entre le Pacifique nord patrouillé par les routes maritimes et aériennes et le Pacifique sud, quasi désert, théâtre des exploits de la course en solitaire
- Nouvelles : C’est que cet océan hautement stratégique connaît de vastes recompositions des rapports de force et de puissance, à savoir des réagencements dans la durée des composantes d’un espace et de ses acteurs.
- Réalités stratégiques : la stratégie est la combinaison d’arts et de moyens pour atteindre des objectifs, ici l’objectif est la conquête de cet océan. Celle-ci peut passer par de nouvelles alliances, de nouvelles oppositions, de nouvelles coopérations et compétions qui donnent naissance à la logique de coopétition.
Paradoxe :
Au sein de ce vaste espace, les Occidentaux veulent sécuriser les routes maritimes pour y garantir des mers « libres et ouvertes », car cette liberté est aujourd’hui entravée. Pour autant, depuis 1985 le commerce transpacifique dépasse le commerce transatlantique (essor du Japon et des NPIA dont les Provinces maritimes de la Chine, rayonnement de la Californie…). C’est donc au sein et à travers cet océan que s’effectuent le plus d’échanges rendant alors les États interdépendants. Ce qui selon le précepte de Montesquieu devrait « porter à la paix ». Or, celle-ci n’est plus garantie.
Problématique :
Le dernier livre blanc du ministère de la défense allemande décrit l’Océan Pacifique comme étant « la clé de la configuration de l’ordre international au XXIème siècle ». Est- ce nouveau, est-ce devenu progressivement le cas ?
Proposition de plan
I/ L’Océan Pacifique est au coeur des redéploiements stratégiques et géo-économiques qui en font un centre de gravité du monde.
A/ Une nouvelle réalité stratégique dans le cadre de la guerre froide..
B/.. dont la fin instaure de nouveaux rapports de force et de puissance dans un contexte de guerre économique.
C/ Le « Pivot asiatique » est alors la réponse face à la montée en puissance spectaculaire de la RPC.
II/ Cet Océan devient alors le théâtre d’affrontements stratégiques et de concurrences des grandes puissances.
A/ Pour les puissances asiatiques où la RPC est contremaître, il s’agit d’une aire d’expansion naturelle faute d’arrière-pays développés.
B/ Pour les puissances Occidentales et à leur tête les EU, le Pacifique est la réalité d’un front pionnier maritime à conquérir au risque de tomber dans le « Piège de Thucydide ».
C/ Pour le géant russe, c’est un débouché peu exploité et quasi inaccessible excepté la Sibérie orientale.
III/ Cependant, la relation des espaces riverains à l’Océan Pacifique doit être analysée à l’échelle régionale et multiscalaire pour distinguer la dépendance de la véritable capacité à projeter la puissance et ses attributs stratégiques.
A/ La réalité d’un pôle géoéconomique et géopolitique décisif mais vaste et hétérogène.
B/ Les nouvelles alliances qui s’y dessinent montrent l’ambiguïté des rapports de force dans cette région.
C/ Les nouvelles réalités stratégiques de l’Océan Pacifique s’y projettent partout mais aussi dans le monde entier.
Le commentaire de carte ECRICOME
Concernant le commentaire de carte, la double carte choisie est centrée sur le rôle de la France plus spécialement dans la zone indo-pacifique.
Il est intéressant de rappeler que la France a publié tout récemment en 2021 son premier livre blanc sur la Stratégie de la défense Française en IndoPacifique, dans lequel elle mentionne un «recours plus systématique à des moyens et des stratégies opérant sous le seuil de conflit, destinés à produire des effets d’intimidation et de contrainte par l’exercice répété de la transgression et du signalement de puissance ». Lequel recours imposerait à la France de réaffirmer à la fois son autonomie stratégique, l’importance de ses alliances et la force de son engagement pour le multilatéralisme.
Ainsi, des deux documents cartographiques présentés il fallait identifier les priorités stratégiques de la France en matière de géo-économie et de défense militaire dans cette zone à savoir :
- Défendre l’intégrité de sa souveraineté et assurer la protection de ses ressortissants, territoires et zones économiques exclusives (ZEE). Ces missions constituent le cœur de sa stratégie de défense et de sécurité nationale
- Contribuer à la sécurité des espaces régionaux autour des DROM-COM par la promotion de coopérations militaires et économiques notamment avec l’Inde et l’Australie.
- Préserver, avec ses partenaires, un accès libre et ouvert aux espaces communs et assurer la sécurité des voies de communication maritimes. Une question rebattue en mars 2021 lors de la première rencontre ministérielle qui a eu lieu en Alaska entre les EU et la Chine.
- Participer au maintien de la stabilité stratégique par une action globale fondée sur le multilatéralisme, afin de protéger les intérêts européens.
Enfin, vient la question de la prolifération nucléaire où la France est confrontée au renforcement d’une multipolarité nucléaire militaire dont le centre de gravité est situé dans l’Indopacifique. En effet, le retrait américain du traité sur les forces nucléaires intermédiaires (FNI) aura une répercussion sur l’équilibre stratégique nucléaire avec la Chine et la Corée du Nord. La sortie de ce traité contraignant peut aussi bien, pour les États-Unis, représenter une opportunité de combler un vide capacitaire que de rouvrir des négociations élargies à d’autres acteurs que la seule Russie.
Pour finir, quelques concepts et mots à employer dans ce sujet :
RCEP, QUAD, Indo-pacifique, « Piège de Thucydide »(Allison) , Act East Policy, Pivot Asiatique d’Obama, Projet OBOR, AOIP (ASEAN Outlook on the Indo Pacific), Routes de la soie, Projet BRI, « Dilemme de Malacca », Détroits et canaux stratégiques, « OTAN Asiatique », « Lac américain », « Méditerranée Asiatique » (Gipouloux), collier des perles chinois, ligne en neuf traits, ZES, Triangles de croissance, APEC, CPTTP, BAII, OTASE, ANZUS, Taiwan’s Act, « Force de Sibérie » etc