Après la seconde guerre mondiale, l’image du Japon était ternie. Le pays avait commis de nombreux méfaits durant cette période, et devait ainsi se relever.
Nous aurions pu imaginer que le Japon garderait cette image de monstre sanguinaire qu’il a porté durant la seconde guerre mondiale, pour autant, les choses ne se sont pas passées comme cela. Le Japon a su utiliser son soft power pour sortir de cette période difficile et redevenir une puissance phare de nos jours. Nous pouvons alors nous demander si le soft power japonais est optimisé par le pays.
Le Japon a un soft power efficace
Quand on parle de Japon aujourd’hui, les premières images qui viennent à l’esprit sont celles des mangas, des animes, de leurs jeux-vidéos, de leur musique etc… Le Japon est ainsi parvenu à associer son nom à une image très positive grâce à la mise en valeur de sa culture, et au développement de ce qu’on a appelé le « Cool Japan ».
Pour autant, cette vision que vous pouvez avoir du Japon n’est pas la seule que le pays s’est créé. En effet, avant de développer cette idée du « Cool Japan », le pays était vu comme très traditionaliste, ce qui représentait aussi un atout de soft power pour le pays. Le Japon a ainsi su faire évoluer l’image qu’il renvoyait pour correspondre plus à ce qui plaisait à l’échelle mondiale, et a grâce à cela développé un soft power des plus puissants.
Le Japon a ainsi su développer son soft power à une époque où l’Asie n’y pensait même pas. Le seul pays asiatique qui cherchait alors à développer son soft power était la Chine. Ce soft power était, selon Joseph Nye, basé sur les pandas, ce que le théoricien considère comme un peu léger. Le Japon est ainsi le seul pays asiatique à avoir su développer un soft power digne de ce nom !
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Le Japon utilise ce soft power
Dans un premier temps, nous pouvions voir que le soft power japonais s’est développé tout seul, sans réelle initiative du gouvernement japonais. Douglas McGray était ainsi le premier à parler de ce soft power en 2002, et c’est lui qui a créé le principe de « Cool Japan ». Le gouvernement Japonais a ensuite pris plus d’initiatives au sujet de la mise en avant du soft power japonais, en reprenant l’expression de Douglas McGray. C’est à partir de là que cet outil fut utilisé par le gouvernement japonais.
Le soft power est alors devenu un point clef dans les initiatives du ministère japonais des affaires étrangères. En effet, le ministre de ce domaine en 2007, Taro Aso, déclarait « plus ce type d’images positives apparaissent dans la tête des gens, plus il sera facile pour le Japon de faire entendre son point de vue sur le long terme ». Le ministre déclarait ainsi ouvertement que le soft power Japonais devait devenir un point clef de la stratégie internationale du pays.
Cette idée n’est pas restée au stade de la théorie, puisque le gouvernement japonais a ensuite mis en place ce qu’on a appelé la « New Growth Strategy ». Cette résolution du gouvernement incluait ainsi, parmi ses nombreuses décisions, que le Japon se fixait pour objectif de multiplier par 4 le nombre de visiteurs sur l’archipel entre 2012 et 2020. Le Japon a donc voulu surfer sur la vague de sa popularité pour engendrer du profit économique. Nous pouvons d’ailleurs constater que cette stratégie a globalement marché, puisque les villes de Kuki et de Nanto ont ainsi reçu un nombre conséquent de touristes, simplement parce qu’elles sont les lieux où se sont déroulés les animés Lucky Star et True tears.
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Le Japon perd de sa superbe
Rappelons tout de même que, comme nous le disions plus haut, le Japon a commis de graves méfaits durant la seconde guerre mondiale en Asie. Ainsi, si ces problèmes ont majoritairement été oubliés en Occident, les autres pays asiatiques n’ont pas perdu cette image du Japon colonisateur. Le soft power japonais doit donc se débattre avec ce passé difficile.
Le Japon a tout de même bien profité de sa situation de seule puissance asiatique à jouer sur son soft power durant trente ans. Pour autant, depuis quelques temps, une deuxième puissance asiatique arrive sur la scène du soft power, à savoir, la Corée. Le pays a su en effet développer le domaine de la K-pop par exemple, qui a été capable de dépasser la popularité de la J-pop japonaise. La Corée représente ainsi un adversaire de taille pour le Japon et son soft power.
La pop-culture coréenne a en effet su se rendre plus participative que celle de son voisin. De fait, là où la pop culture japonaise est une culture faite par des Japonais pour des Japonais et à laquelle l’Occident s’est intéressé, celle coréenne est bien plus participative. Ainsi n’importe qui, coréen ou non, peut publier une histoire sur Webtoon. La Corée propose donc une nouvelle forme de soft power qui défie la japonaise.