Le 25 octobre dernier, le Nigéria, première puissance économique du continent africain, dévoilait une version numérique de sa monnaie : le eNaira. Cette démarche s’inscrit dans un contexte où les banques centrales du monde entier cherchent à créer des versions numériques de leurs monnaies du fait d’une croissance sans précédent des paiements en ligne et des crypto monnaies qui échappent à tout contrôle de l’État et des régulateurs financiers mondiaux.
Le Nigeria : premier pays africain à lancer sa propre monnaie
En effet, les Nigérians pourront payer en monnaie numérique et alimenter leurs portefeuilles numériques en utilisant leurs comptes bancaires existants. Cette révolution place le Nigéria comme pionnier sur le continent avec le Ghana qui teste depuis la rentrée, sa nouvelle monnaie numérique, le e-Cedi, comme nouveau moyen d’effectuer des transactions.
De plus, selon Statista, le colosse africain est le troisième pays après les États-Unis et la Russie à utiliser des monnaies virtuelles.
Le eNaira : un remède à la dépréciation du Naira
L’utilisation des monnaies numériques permettent en réalité aux Nigérians d’échapper à la dépréciation de la monnaie traditionnelle : le Naira. De surcroit, ce nouveau moyen d’échange permet de recevoir plus aisément l’argent envoyé par la diaspora. Il faut noter que la crise liée au coronavirus n’a fait qu’augmenter ce phénomène. La jeunesse nigériane cherche de plus en plus à sécuriser ses économies et veut générer de nouvelles sources de revenus alors que le chômage et l’inflation la frappent très durement. On compte plus de 400 millions de dollars qui ont été échangés en cryptomonnaies au Nigéria en 2020. Un chiffre conséquent qui fait du bitcoin une monnaie refuge et incontournable au Nigéria.
C’est pour contrer ce mouvement que la Banque centrale du Nigeria (CBN) a dans un premier temps interdit à toute banque locale les opérations sur devises virtuelles, provoquant une levée de boucliers de sa jeunesse. La Banque centrale du Nigeria met régulièrement en garde les usagers de bitcoins de sa volatilité, elle a gelé des comptes approvisionnés en bitcoins, accusés de financer des flots d’argent illicite, des arnaques en ligne ou le blanchiment d’argent dans ce pays gangrené par la corruption.
Dans un deuxième temps, la CBN vient d’annoncer le lancement d’une version numérique de sa monnaie, l’eNaira, cherchant à se positionner face à la popularité croissante des cryptoactifs. Les monnaies virtuelles créées et régulées par les banques centrales sont appelées CBDC, tandis que les cryptomonnaies échappent, elles, à tout contrôle des gouvernements.