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Lionel Fontagné : La feuille de paye et le caddie

Sommaire

En 2021, Lionel Fontagné, économiste français et membre du Cercle des économistes, publie l’ouvrage La feuille de paie et le caddie. L’objectif de ce livre et de mettre en exergue les réelles conséquences de la mondialisation sur le pouvoir d’achat des consommateurs, mais aussi sur l’emploi et les salaires. À travers sa métaphore de la feuille de paye et du caddie, celui-ci parvient à expliquer le rapport ambigu qu’entretiennent les individus avec ce phénomène. Faire référence à ce livre peut donc s’avérer utile si vous tombez sur un sujet portant sur les avantages mais aussi les défauts de la mondialisation, le pouvoir d’achat ou encore le chômage.


La mondialisation, mère de tous les maux ?

Lionel Fontagné débute son livre en soulignant les opinions contrastées qui existent vis-à-vis de la mondialisation pour les européens. En effet, selon un sondage datant de 2017 (Eurobarometer), plus de la moitié (54%) considère la mondialisation comme étant un facteur positif pour leur pays. Toutefois, c’est 64% des européens qui considèrent ce processus d’ouverture des économies et d’interdépendance comme vecteur de hausse des inégalités sociales. En France, les craintes concernant la mondialisation sont bien plus marquées. En effet, à peine 42% des Français trouvent que la mondialisation est positive tandis que 75% la jugent responsable de la hausse des inégalités.


Les deux faces de la mondialisation

Lionel Fontagné distingue deux faces de la mondialisation. D’un côté nous avons le « caddie ».


Le caddie…

Cela correspond au montant des dépenses en biens, en alimentation etc dont les ménages peuvent profiter. De ce côté là, la mondialisation apparaît comme ayant des effets heureux pour l’ensemble des consommateurs. En effet, non seulement la mondialisation permet de varier les produits présents dans le caddie, mais elle favorise aussi la concurrence entre les différentes entreprises puisqu’elle augmente la taille du marché. Dès lors, les prix des biens exportables tendent à baisser, ce qui est bénéfique pour l’ensemble des consommateurs. Cela est d’autant plus vrai pour les ménages à bas revenus dont la majorité des achats portent sur des biens importés dont le prix est moins élevé. Cette hausse du pouvoir d’achat pour les ménages, générée par la mondialisation, peut aussi se traduire par une demande solvable, ce qui entraîne donc la création d’emplois.

Au contraire, un retour à l’autarcie aurait pour conséquence de faire grimper les prix, au grand dam des populations aux revenus modestes. Lionel Fontagné estime en effet que la mondialisation permet un gain de 3% de PIB par rapport à une situation d’autarcie.


…et la feuille de paye

La seconde face de la mondialisation est la dimension de la « feuille de paye ». La mondialisation entraîne nécessairement une modification de la structure de l’emploi dans les pays qui subissent de nombreuses délocalisations. Cela a le plus souvent pour conséquence de détruire des emplois dans le secteur industriel et d’en créer dans le secteur tertiaire. Une étude de Dvorkin montre notamment que sur la période 2000-2007, un sixième du chômage industriel s’explique par le choc chinois et ces emplois détruits se compensent par des créations dans les services, mais pas au même endroit. Toutefois, cette transition du secteur primaire au secteur tertiaire entraîne bien souvent une baisse de salaire réelle. Ainsi, pour ces ouvriers qui souffrent de ce déclassement social causé par la mondialisation, la hausse de leur pouvoir d’achat ne permet pas de compenser cette perte de revenus.


Qui sont alors les gagnants et les perdants de la mondialisation ?

On peut distinguer des gagnants et des perdants de cette théorie de Lionel Fontagné.


Les gagnants

L’âge, le niveau d’éducation, la catégorie socioprofessionnelle… etc sont autant de paramètres qui déterminent pour Lionel Fontagné notre rapport à la mondialisation. En effet, toujours selon un sondage de l’Eurobarometer (2019), alors que 3 Français sur 5 affirment tirer avantage du commerce international, ces derniers semblent converger vers un « portrait type ». Jeunes, éduqués, venant d’une catégorie socio-professionnelle mieux rémunérée, vivant en ville, voilà à quoi ressemblent les gagnants de la mondialisation. Ces personnes bénéficient donc à la fois de l’aspect « fiche de paye », mais aussi du « caddie ».


Les perdants

Les perdants de la mondialisation , quant à eux,  correspondent aux salariés qui additionnent à la fois un niveau de qualification faible dans des emplois facilement délocalisables ou robotisables, dans des bassins d’emplois où la majorité de la main-d’œuvre est non-qualifiée. Ainsi, on voit à quel point la mondialisation met en évidence les inégalités territoriales.


Conclusion

Alors que la mondialisation permet des gains de pouvoir d’achat pour l’ensemble des consommateurs, seulement une partie souffre des pertes de revenus et du chômage lié à ce phénomène. Lionel Fontagné donne ainsi une explication à ce mécontentement, cette crainte croissante des citoyens – notamment français – envers la mondialisation. Toutefois, il souligne aussi l’échec des politiques publiques à atténuer les effets nocifs de la mondialisation pour les individus ne bénéficiant pas des formations et des compétences nécessaires pour s’insérer plus aisément dans la mondialisation.

Lire plus : Les ouvrages pour faire la différence en ESH #04 La mondialisation


Des sujets où cette référence serait utile : 

  • Mondialisation: opportunité ou menace ?
  • Comment expliquer le chômage des PDEM ?
  • La mondialisation est-elle allée trop loin ?
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Laura Bertal
Actuellement étudiante en 1ère année à l'ESSEC et après deux années de classe préparatoire au lycée Ampère à Lyon en ECE, j'espère pouvoir contribuer à votre réussite !