Tout d’abord, il faut replacer le contexte politique, économique et social en Argentine pour bien comprendre les enjeux de l’élection de Milei et surtout, les manifestations qui en découlent.
Contexte politique, social et économique
Javier Milei, candidat du parti La Liberté Avance (Libertad Avanza), a été élu président de l’Argentine lors du second tour de l’élection présidentielle le 19 novembre 2023. Le libertarien a obtenu 55,7 % des voix, un résultat historique qui représente plus de 14 millions de votes ( total le plus élevé jamais enregistré en Argentine). Cette victoire a été interprétée comme un rejet massif du système politique traditionnel plutôt qu’un soutien unanime à ses idées radicales… On a ici une première explication des manifestations qui suivent son élection.
De plus, l’Argentine fait face à une inflation dépassant 140 %, une montée de la pauvreté et un pouvoir d’achat en chute libre. Ces problèmes ont favorisé le discours populiste et « anti-establishment” de Milei, souvent comparé à celui de Donald Trump ou Jair Bolsonaro, dans la région.
Rapidement, la société argentine se polarise face à son nouveau chef et les manifestations grandissant à l’encontre du pouvoir. En effet, le programme économique radical de Milei, ses prises de position polarisantes et les inquiétudes sociales de la population n’ont fait qu’aviver les tensions dans le pays.
La politique radicale de Milei ne satisfait pas les Argentins
Réformes économiques drastiques
- Milei prévoit de réduire drastiquement le rôle de l’État en supprimant des ministères entiers, comme ceux de l’Éducation, de la Santé, de la Culture et celui de la Femme, du genre et de la diversité. Ces mesures inquiètent une grande partie de la population, notamment les travailleurs du secteur public, les enseignants, et les bénéficiaires des aides sociales, qui craignent un appauvrissement supplémentaire.
- Son projet de dollarisation de l’économie pour combattre l’hyperinflation est également controversé.
Division sociale et politique
- Milei adopte un discours anti-establishment et anti-gauche qui divise profondément. Il a notamment qualifié les adversaires politiques de « parasites » et « voleurs », un ton qui alimente la polarisation.
- Les syndicats, les mouvements sociaux et les étudiants, historiquement très puissants en Argentine, rejettent son programme qu’ils perçoivent comme une menace pour les droits sociaux acquis.
- Un point majeur de son programme vise à menacer les droits des femmes acquis au préalable. Milei s’est déclaré farouchement opposé à la légalisation de l’avortement, bien qu’il ait été légalisé en Argentine en 2020. Il qualifie l’avortement de « meurtre » et souligne que la vie commence à la conception.
Contexte socio-économique
- L’Argentine traverse une crise économique grave (comme nous l’avons présenté lors de l’exposition du contexte), et une partie de la population considère les propositions de Milei comme une escalade des problèmes plutôt qu’une solution.
- Les Argentins ont peur du changement brutal, en particulier dans un pays où les crises répétées ont renforcé la méfiance envers les réformes radicales.
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Quelles sont les conséquences de ces manifestations et de l’instabilité politique en Argentine ?
Instabilité politique
Les manifestations reflètent une opposition large aux réformes radicales que nous avons évoquées.
Ces contestations affaiblissent la légitimité de Milei et compliquent la mise en œuvre de son programme. Les grèves générales et blocages perturbent le fonctionnement des institutions. À long terme, cette instabilité pourrait précipiter des démissions au sein de son gouvernement, rappelant la crise politique argentine de 2001.
Pressions économiques
Les grèves affectent les secteurs clés, comme les transports et l’agriculture, entraînant des pertes économiques.
La défiance des investisseurs étrangers et locaux face aux troubles sociaux alourdit une dette déjà massive et ralentit les réformes économiques promises, notamment la lutte contre l’inflation et la dollarisation.
Polarisation sociale
La confrontation entre partisans de Milei, souvent issus des classes moyennes supérieures en quête de changement, et ses opposants (syndicats, étudiants, classes populaires) renforce les tensions sociales.
Cette polarisation alimente donc un climat de confrontation, avec un risque de violences lors des manifestations ou entre factions opposées.
Conséquences internationales
L’instabilité pourrait ternir l’image de l’Argentine comme partenaire fiable, notamment pour des accords commerciaux ou financiers.
Certains pays ou institutions (FMI par exemple) pourraient reconsidérer leur soutien financier si la situation ne se stabilise pas, aggravant la crise économique.
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En résumé, ces manifestations témoignent d’un rejet massif des mesures de Milei mais aussi d’un contexte sociopolitique argentin particulièrement inflammable, avec des conséquences potentielles à long terme sur la gouvernance et l’économie du pays.
