Voici quelques citations originales et analysées à propos du module sur la mondialisation (commerce, rivaux systémiques, institutions internationales…) qui peuvent permettre de faire la différence en copie.
Mathias Thoenig, La mondialisation est-elle un facteur de paix ? (2006)
Le commerce est le baromètre des relations géopolitiques.
Cette courte citation rappelle un principe fondamental de la géopolitique : dans la mesure où nous parlons de “guerres commerciales”, entretenir des relations commerciales témoigne de relations correctes voire bonnes (ou au moins neutres) entre plusieurs États. En effet, lors de crises ou de tensions, les frontières se referment (crise de 1929 par exemple) et des sanctions commerciales sont appliquées (par exemple entre les États Unis et la Chine depuis quelques années). Le commerce est donc un indicateur géopolitique fort.
Contrairement à l’idée reçue, Mathias Thoenig développe aussi une idée intéressante sur la mondialisation dans son livre. Celle-ci, au lieu de rapprocher les États grâce au commerce, peut fragiliser leurs liens : en multipliant les partenariats, les interdépendances se réduisent.
Bernard Ésambert, La guerre économique mondiale (1991)
La conquête des marchés et des technologies a pris la place des anciennes conquêtes territoriales et coloniales.
Bernard Esambert explique ici que la mondialisation a permis de réduire les guerres frontales : l’obtention des ressources ne se fait plus grâce aux conquêtes territoriales, mais au travers du commerce. Ce dernier pourrait donc être vu comme un facteur de paix, dans la mesure où il a largement signé l’arrêt des conflits de haute intensité ayant pour objectif l’obtention des richesses d’autrui.
Cependant, cette paix est relative. En effet, si les guerres commerciales ne sont pas directement meurtrières, elles n’en restent pas moins des conflits aux conséquences fortes : course aux ressources, sanctions économiques, embargos…
Surtout, force est de constater que la mondialisation n’empêche plus ces conflits : la guerre en Ukraine remet totalement en question la mondialisation comme facteur de paix.
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Le document de sécurité nationale stratégique des États-Unis (2022)
La Russie représente une menace immédiate pour le système international libre et ouvert, bafouant dangereusement les lois élémentaires de l’ordre international, comme l’a illustré sa guerre d’agression brutale contre l’Ukraine. La République populaire de Chine, en contraste, est le seul compétiteur qui a l’intention de reformater l’ordre international, et qui possède aussi, de plus en plus, le pouvoir économique, diplomatique, militaire et technologique pour parvenir à ses fins.
Ce passage du document de sécurité nationale stratégique d’octobre 2022, très explicite, est un bon indicateur du positionnement des Etats-Unis face à la Chine et la Russie, ses principaux rivaux systémiques (rivaux remettant en question l’ordre établi dans tous les domaines : militaire, économique, géopolitique…).
Morris Chang
La mondialisation est morte, le libre-échange est mort.
Le fondateur de TSMC a déclaré cela en décembre 2022 à l’occasion d’une visite aux Etats-Unis pour assister à l’ouverture d’une usine électronique en Arizona en compagnie de Joe Biden. Morris Chang fait ce constat dans le cadre de la guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis : Joe Biden a notamment interdit le transfert de technologies vers Pékin. Pour des acteurs comme TSMC, qui agit dans le secteur des semi-conducteurs, cette annonce est vue comme un grand coup porté au libre-échange et à la mondialisation.
Georges Bush
Nous voyons apparaitre un nouvel ordre mondial ou les Nations unies, libérées de l’impasse de la Guerre Froide, sont en mesure de réaliser la vision historique de leurs fondateurs, un monde dans lequel la liberté et les droits de l’homme seront respectés par toutes les nations.
Cette citation rappelle l’impasse dans laquelle se sont retrouvées les Nations Unies durant la Guerre Froide. Celles-ci étaient complètement bloquées par les vétos russes et américains et n’ont pas pu fédérer la communauté internationale comme espéré en 1945. La fin de la Guerre Froide était alors vue comme l’espoir de pouvoir enfin relancer les Nations unies.
Cependant, le monde est devenu multipolaire et non multilatéral : les intérêts nationaux l’emportent souvent sur les intérêts mondiaux. C’est pourquoi l’ONU (Organisation des Nations Unies) apparait aujourd’hui paralysée, tiraillée entre les intérêts de chacun et peinant à mettre en œuvre ce pour quoi elle a été créée. Cette citation permet alors de confronter l’ONU face aux trente dernières années : si de nombreux progrès ont été faits, la communauté internationale dont rêvaient les fondateurs des Nations unies n’a toujours pas vu le jour.
Michel Serres
Toutes les institutions que nous avons créées l’ont été à une époque où le monde n’était pas ce qu’il est devenu.
La majorité des institutions internationales ont été créées en 1945, à une époque et dans un monde où l’Occident et les États-Unis dominaient largement la scène internationale après la Seconde Guerre mondiale. Cependant, le monde a subi d’importantes recompositions depuis : déclassement de l’Occident, rattrapage du tiers-monde, guerres… Ces institutions ne paraissent plus adaptées au monde d’aujourd’hui, elles sont vues comme archaïques, sont contournées voire bloquées, même par ceux qu’elles avantagent : ainsi, les États-Unis de Donald Trump bloquaient le renouvellement des juges de l’ORD (Organe de Règlement des Différends de l’OMC) afin de retarder leurs sanctions.
Mais le meilleur exemple est celui du conseil de sécurité de l’ONU. Selon ses détracteurs, il n’est absolument pas représentatif du monde contemporain mais incarne un passé révolu. Beaucoup pensent, à tort ou à raison, que la France et le Royaume-Uni devrait à présent laisser leur place à l’Union Européenne et à l’Inde.
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