Après 16 ans au pouvoir, Angela Merkel a marqué les esprits. Depuis le 8 décembre 2021, Olaf Scholz, né le 14 juin 1958 à Osnabrück est le nouveau chancelier allemand. Moins connu, il faut pourtant qu’il trouve sa place sur la scène européenne et internationale. Cet article permettra donc d’en savoir un peu plus sur cet homme dont le rôle est désormais majeur dans les relations internationales. En effet, il sera primordial pour les oraux comme pour les écrits de connaître les grandes lignes de sa politique et de son parcours !
Parcours dans la politique allemande
Olaf Scholz fait partie du SPD, le parti social-démocrate allemand depuis 1975. Pourtant, sa vision est plus extrême, et il critique même le chancelier Helmut Schmidt, issu de son propre parti. Il devient vice-président de la Communauté de travail des jeunes socialistes au sein du SPD (Arbeitsgemeinschaft der Jungsozialistinnen und Jungsozialisten in der SPD) en 1982, puis vice-président de l’Union internationale de la jeunesse socialiste (IUSY : International Union of Socialist Youth).
Après avoir été président de la section SPD du quartier d’Altona (à Hambourg) où il a grandi, il est élu député fédéral au Bundestag en 1998 (et réélu en 2002). En 2000 il devient ensuite président du SPD de Hambourg, puis sénateur à l’Intérieur de Hambourg l’année suivante. En 2002, il est élu secrétaire général du SPD sous proposition du chancelier Gerhard Schröder, puis réélu l’année suivante. En 2007, il est nommé ministre du Travail et des Affaires sociales sous la Große Koalition, la Grande Coalition (CDU/CSU + SPD). Il reprend ensuite sa place de président du SPD à Hambourg et obtient la majorité en 2010, devenant le premier bourgmestre de Hambourg. Il est donc maire de la ville de 2011 à 2018. Cela constitue une victoire de taille face au CDU (l’Union chrétienne-démocrate) qui était au pouvoir depuis plus de dix ans. En 2015 il devient plénipotentiaire de la République fédérale d’Allemagne (agent diplomatique qui a pleins pouvoirs pour l’accomplissement d’une mission) chargé des relations culturelles franco-allemandes, il lance notamment un projet de création d’un lycée franco-allemand à Hambourg (une anecdote intéressante pour un sujet portant sur les relations franco-allemandes par exemple !). En 2018, il devient ministre des Finances et vice-chancelier sous Angela Merkel.
À l’occasion des élections fédérales de 2021, pour succéder à Angela Merkel, Olaf Scholz devient candidat du SPD à la chancellerie (Parteivorsitzende). Finalement, il devient le nouveau chancelier fédéral le 8 décembre 2021, succédant à Angela Merkel avec 395 voix.
Un homme politique critiqué
Bien qu’il ait été à l’extrême gauche de l’échiquier politique durant sa jeunesse, Olaf Scholz est souvent critiqué au sein du SPD, jugé « trop centriste – voire trop à droite » (d’après Euronews), étant favorable à l’Agenda 2010, ainsi qu’à des réformes d’inspiration libérale du marché du travail. Ces positions le marginalisent de son parti, mais il parvient à rebondir grâce à ses mesures concernant la pandémie.
Il est aussi moqué par les médias pour son allure austère et ses discours au ton automatique : cela lui a valu le surnom de « Scholzomat » (Scholz/Automat). Le Spiegel l’attaque même en affirmant : « Olaf Scholz est l’incarnation de l’ennui en politique. ».
Globalement, le peuple allemand juge Olaf Scholz encore trop « timide » et sur la réserve, et en attend davantage pour les années à venir. Pas facile cependant de prendre la suite d’une personnalité qui a marqué les esprits comme Angela Merkel… il joue d’ailleurs avec les comparaisons que l’on fait de lui et de celle que l’on surnommait « Mutti », en adoptant ses fameuses mains en forme de losange.
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Politique actuelle
Son gouvernement est « pour la première fois presque paritaire » (selon Die Rheinische Post), avec neuf hommes et huit femmes.
Il arrive au pouvoir dans un contexte de crise géopolitique en Europe, avec les vives tensions entre l’OTAN et la Russie de Vladimir Poutine. Suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022, il annonce un investissement inédit de 100 milliards d’euros dans la Bundeswehr. Cela représente un tournant majeur dans la politique de défense allemande, et permet à l’Allemagne de réaffirmer sa place d’allié international solide au sein l’OTAN. C’est à ce jour la mesure la plus importante prise par la coalition tricolore (Ampelkoalition).
Quelques mesures sont également à noter : rigueur budgétaire, transports ferroviaires à 9 € par mois, promesse d’une hausse du salaire minimum horaire…
Actualité
Dans le contexte de la crise ukrainienne, les enjeux énergétiques sont majeurs pour l’Allemagne. En effet, le pays dépend du gaz russe à travers les accords bilatéraux Nord Stream I et II, mais en raison de la crise actuelle, l’Allemagne a décidé de stopper l’accord Nord Stream II. Pour l’Allemagne, qui avait annoncé la sortie du nucléaire pour la fin de l’année 2022, il s’agit désormais de trouver des solutions efficaces pour pallier ces problèmes qui pourraient déboucher sur des risques de pénuries de gaz l’hiver prochain. Il est encore trop tôt pour savoir si la sortie du nucléaire sera ou non remise en question avant la fin de l’année, mais une chose est sûre : c’est un défi majeur à relever pour le chancelier Olaf Scholz, qui est attendu au tournant.
Le vendredi 19 août 2022, Olaf Scholz a été auditionné dans le cadre d’une affaire de fraude fiscale : c’est le scandale « Cum-ex Files ». Ce scandale révélé en 2018 porte sur un dispositif ingénieux d’optimisation fiscale mis en place par des banques permettant à des investisseurs étrangers d’alléger leurs impôts. La banque Warburg d’Hambourg a été incriminée dans l’affaire et aurait dû rembourser 47 millions d’euros à la ville, mais la municipalité, avec à sa tête Olaf Scholz y avait renoncé en 2016. Même s’il affirme n’avoir aucune responsabilité dans cette affaire, ce scandale est un risque de fragilisation pour le gouvernement allemand.
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