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Être à l’aise à l’oral: les conseils d’Eddy Moniot !

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Eddy Moniot est comédien et professeur d’art oratoire. Découvert en 2015 dans le documentaire A voix haute, il n’a depuis eu de cesse de partager ses apprentissages et de communiquer son savoir, tout en travaillant sur divers projets en tant qu’acteur. Ce professionnel de la parole nous délivre dans cet entretien son expérience de la parole ainsi que des conseils pour se préparer au mieux avant un entretien. Une aubaine pour les étudiants qui stressent en cette période d’oral!

 

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Bonjour Eddy ! Pouvez-vous vous présenter ? 

Je m’appelle Eddy Moniot, je suis comédien et professeur d’art oratoire.  J’ai passé un concours d’éloquence il y a presque 10 ans, et une fois que le concours s’est terminé je me suis rendu compte que j’avais vraiment adoré l’éloquence, mais que je nevoulais plus faire de concours: je voulais m’investir dans l’association dans laquelle j’étais à l’époque!  

J’ai donc suivi une nouvelle formation mais cette fois-ci non pas en tant qu’élève, mais en tant qu’assistant! J’ai appris énormément auprès d’eux, et j’ai transmis ce qui m’a été transmis car je considère qu’une connaissance est inutile si elle n’est pas transmise

Aujourd’hui ma profession c’est comédien/acteur, mais à côté de ça je donne des cours un peu partout en France, je transmet ce qui a été transmis,  et je parle beaucoup. 

Quelle est la chose la plus importante que vous ayez apprise dans la formation que vous avez suivi à l’époque? 

L’écoute. Si on fait que parler sans écouter, on fait que ressasser nos connaissances sans jamais la faire évoluer.  Au bout d’un moment, on dit des mots qui n’ont plus vraiment de sens.

Surtout on s’écoute soi. On a souvent du mal à écouter son propre corps. C’est difficile de s’écouter et de se savoir. Il y a une phrase qui dit “ils ne savaient pas que c’était impossible alors ils l’ont fait”, je pense que c’est le principe même de la vie. A partir du moment où on décide de quelque chose, ça devient réel. 

Quand on écoute son corps on se fait énormément de bien et on sait un peu plus où on va. Écouter son esprit c’est exactement la même chose. Parfois on se pose une question et on va y répondre tout de suite de manière intelligente: j’applique ce que j’ai appris. 

Sauf que notre esprit est plus qu’intelligent. Parfois il est brut. Parfois il a la bêtise d’admettre qu’il ne sait pas, et c’est parce qu’on ne sait pas qu’on va chercher la connaissance. Si je ne m’écoute pas, qu’on me pose une question et que je fais semblant de savoir, je me fais du mal parce que, parfois, admettre qu’on ne sait pas ça va nous enrichir énormément.

Si juste avant un oral je stresse énormément, et que je ne m’écoute pas, je ne sais même pas pourquoi je stresse. Peut-être que je stresse parce que justement ce qui arrive est très important et j’ai envie de le réussir. Ou justement parce que je sais que je vais le réussir et ça va peut-être m’enfermer dans une filière dans laquelle j’ai pas vraiment envie d’évoluer. C’est pour ça qu’il faut savoir ce qu’on veut vraiment, en se posant des questions. 

 

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Est-ce que tout le monde est capable de prendre la parole? 

Oui. Tout le monde le fait déjà. L’éloquence, en réalité, c’est convaincre en transmettant une émotion. Quand on a quelque chose à dire, on devient éloquent, on trouve les mots. Que ce soit pour décider ce qu’on va manger le midi entre potes, ça part en débat, en argument, en éloquence. Je pense que de base on l’est toutes et tous plus ou moins. C’est juste qu’on a institutionnalisé tout ça et on en a fait une sorte de monument qui est quasi impénétrable. Alors qu’en vrai l’éloquence ça se fait à chaque instant. 

Et pour ceux qui n’ont pas la parole et pas les mots, parfois ils peuvent être éloquent rien qu’avec un pas de danse, un regard… Il y’a des regards qui valent mille discours. Donc je pense que oui, à partir du moment où on a quelque chose à dire. 

Que dire à ceux qui ne se sentent pas légitimes, et qui se retrouvent en entretien, pour qu’ils aient confiance et réussissent cet exercice ?

L’idée déjà c’est de savoir pourquoi ils sont là. A partir du moment où on sait pourquoi on fait les choses, on trouve la force. On n’est pas là parce que quelqu’un nous l’a demandé, ni par hasard, ni par dépit. On est là pour une bonne raison. Et cette raison est bonne parce que c’est la nôtre. 

Il faut savoir de quoi on parle et avoir cette passionDans un entretien de personnalité, on va parler de quelque chose qui nous passionne puisqu’on va parler de nous. On arrivera toujours à avoir quelque chose à dire.

Un jury vous écoute et vous regarde aussi énormément. Tout ce que vous ne dites pas, va être presque plus important que tout ce que vous allez dire. Le fond ça va être important, ça va avoir du sens, mais la forme, ce petit truc magique qui fait qu’on tombe amoureux… Je dis pas qu’il faut que le jury tombe amoureux de vous… Encore que.

Il faut qu’ils se disent “Wahou, cette personne est formidable, j’ai envie d’en savoir plus”. En étant vraiment investi et passionné dans ce que vous dites, ça aide énormément. 

Pour ce qui est question de légitimité, faut pas oublier un truc c’est qu’on est tous en roue libre sur la planète terre. Personne n’a la science infuse et la réponse à tout. Les gens font semblant, les gens croient savoir. On est donc toutes et tous légitime à tout. 

Il ne faut pas oublier que c’est des êtres humains en face de vous. Vous ne parlez pas à une institution, une idée mais à des humains. C’est le moment de leur parler, d’égal à égal. Ce sont des humains qui font des erreurs, des choix, qui n’ont pas la science infuse, qui sont potentiellement à l’écoute, qui peuvent être surpris, émerveillés de tout… On est aussi légitime à ne pas savoir: ce n’est pas être bête ou avoir une lacune. C’est comme ça qu’on va chercher la connaissance. 

Afin d’être le mieux préparé, il faut donc savoir pourquoi vous êtes là, pourquoi vous allez à cet entretien. Une fois que vous le savez, vous avez un totem d’immunité. Ensuite savoir ce que vous avez envie de dire et ce qui vous passionne pour pouvoir faire des liens et montrer que vous êtes investis et pas un esprit formaté mais au contraire, vous êtes plein de ressources et qu’il y a plein de choses à l’intérieur de vous qui fourmillent. 

Oubliez cette question de légitimité parce qu’on est tous humains et égaux. Tant que vous vous exprimez, que vous êtes là pour nous parler pour de vrai, on sera toujours émerveillé par ce que vous dites. La série Petit secret entre voisins existe: on est fasciné par la vie. Votre vie est fascinante de base. Vous serez fascinant. 

Auriez vous des conseils de préparation physique, de gestion du stress pour des candidats qui en auraient besoin ? 

  • En amont, essayez de faire une prévisualisation. C’est-à-dire on se pose, on sait de quoi on veut parler, et on essaye d’imaginer, de voir comment ça va se passer. Je vais rentrer dans la salle, dire bonjour:
      • Comment ça se passe si ça se passe bien, mal?
      • Combien ils seraient?
      • Est-ce qu’ils seront bien habillés?
      • Est ce qu’il y a mon pire ennemi dans le jury?
      • Est-ce que je vais pas avoir de chaise?

On prévoit le meilleur, le pire. C’est un travail de méditation. C’est ce que fait l’inconscient quand on rêve, il nous emmène vers le pire dans les cauchemars pour nous calmer un petit peu. Là on le fait consciemment. 

  • Ensuite réussir à gérer son souffle et sa respiration, on respire par le ventre. Il vaut mieux faire ça sur plusieurs mois. On emmagasine un maximum d’air dans ses poumons, on bloque l’air, on gonfle le ventre pour que l’air descende et ensuite on relâche.

Cela permet de retrouver la respiration de base. Avec le ventre on emmagasine plus d’air, on peut parler plus longtemps et ça permet à l’esprit de se décharger d’un poids. L’esprit réfléchi mieux. Le côté de l’imagination, de l’improvisation, du répondant s’active. Ça permet au corps de ralentir le rythme cardiaque et de vous apaiser. Ça vous aide un peu.

  • Juste avant, faire travailler les lèvres, surarticuler pendant une dizaine de minutes pour vous échauffer et réveiller vos lèvres, bailler très fort et bruyamment.

Ca ouvre les cordes vocales et ça permet d’avoir moins de glaires dans la gorge, de parler plus clairement et d’être audible, de mieux faire circuler l’air et le son. Moins de mal de gorge, de toux impromptue, vous serez plus clairs et vous bégayerez moins.

  • Un truc super important pour les longues prises de paroles: attention à ce que vous mangez!

Si vous mangez trop, vous serez en pleine digestion, vous allez avoir trop d’air en vous, envie de roter ou d’aller aux toilettes. Mangez peu mais mangez bien: une barre de céréales, un fruit… Faites attention à ça. Buvez des boissons sans gaz.

  • Ayez de l’eau avec vous!

L’eau va vous permettre de prendre des pauses pendant votre prise de parole et d’agencer votre pensée. Quand vous buvez, buvez en petites lampées, pas en grandes gorgées.

  • Sur le moment, n’hésitez pas à faire des pauses, à prendre les silences.

Ça crée de la respiration pour vous et le jury: vous allez dire parfois des choses très complexes, surtout si le sujet principal c’est vous et vos connaissances, vous allez parler de choses que vous concevez, que vous avez dans votre tête, donc on a besoin justement de comprendre tout ça. Si vous parlez trop vite, ça va passer au-dessus du jury, alors que si vous prenez des pauses, ça va permettre à tout le monde de se détendre et aussi vous permettre d’être moins stressé.

 

  • Essayez aussi de regarder tout le monde.

Quand les jurys sont bien composés, ils sont au moins 2, et y’a toujours le jury qui est notre allié. Si on a pas d’allié c’est pas grave, on alterne le regard. Mais y’en a un qui peut être notre allié. Faut pas hésiter à aller vers elle si on stresse et vers l’autre quand on est sûr de soi.

  • Ne pas hésiter à dire si vous vous trompez.

Quand on prend la parole on ne peut pas rembobiner mais on peut rajouter des choses. Si on dit une énormité, on dit pas “j’efface ce que je viens de dire”, on le précise, on l’emporte, on le noie dans un amas de connaissances supplémentaires. Une erreur ça se corrige et ça nous permet d’apprendre.

  • Si vous êtes debout, essayez d’être bien ancrés dans le sol.

C’est une question de colonne d’air, de mécanique. Plus vous bougez dans tous les sens, plus vous avez du mal à respirer et vous risquez de finir essoufflé ou vous n’aurez plus de force dans votre voix. Plus vous bougez, avec des gestes “parasites” du type je joue avec mes talons, mes bras… LE cerveau ne saura plus ce qu’on fait et vous allez commencer à bafouiller etc.

  • Parlez assez fort de manière à ce que tout le monde vous entende.

Montrez que vous êtes là et que vous en voulez, la motivation se dit mais se montre surtout.

 

  • Attention aussi à comment vous vous habillez.

Si vous vous habillez avec des vêtements classes dans lesquels vous êtes pas biens, ça va se voir et ça va se sentir. C’est là où les gestes parasites vont commencer à se développer: un pantalon trop serré, un bouton mal mis, une veste trop grande… Il faut que vous ayez des vêtements dans lesquels vous vous sentez bien, dans lesquels vous vous dites “ok je veux bien être le centre de l’attention aujourd’hui”. C’est important. 

 

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Un dernier mot aux candidats ?

Le plus important en vrai quand on prend la parole c’est pas les conseils qu’on peut vous donner c’est ce que vous avez envie de faire et de dire. Le plus important c’est qui vous êtes. Vous êtes vous, rien ni personne ne pourra changer ça quand bien même on s’y évertue. Si il y a un truc à ajouter, c’est Shakespeare qui le disait: “Mais soit fidèle à toi même avant tout”. Donc quoi qu’il arrive, soyez fidèles à vous-même avant tout, et tout ira bien. Surtout si vous arrivez à ne pas oublier en passant que la vie est belle!

Rendez-vous sur Planètes Grandes Ecoles pour découvrir l’interview dans son intégralité !

Découvrez également la chaîne Youtube d’Eddy Moniot : MillEddy 

 

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Laurine Ramalho