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Panorama général du Paraguay

Le Paraguay est un pays rencontrant de nombreuses difficultés en termes de développement. Il s’agit de l’un des pays les plus pauvres d’Amérique latine. Cette pauvreté s’explique avant tout par de nombreuses faiblesses structurelles.

Il s’agit du deuxième pays le plus corrompu d’Amérique latine, d’après un classement de l’ONG Transparency International. Cette corruption empêche la redistribution des richesses et les investissements dans les domaines clé. L’Etat est donc miné par de fortes inégalités. Par exemple, 2,6% de la population est propriétaire de 85% des terres.

La vie politique au Paraguay

Le parti Colorado, un parti indétrônable ?

La vie politique dans le pays est dominée par un seul parti, le Parti Colorado. Il a une orientation conservatrice. Depuis 1947, il a été élu à chaque fois, excepté durant la période entre 2008 et 2013.

Entre 1946 et 1962, il a été le seul parti politique autorisé. Son influence est donc particulièrement importante.

Le pays a été marqué par une dictature militaire entre 1954 et 1989. A sa tête se trouvait Alfredo Stroessner. Afin de se maintenir au pouvoir, le parti organisait des élections frauduleuses tous les 5 ans. Les opposants politiques étaient détenus et la liberté politique très réduite. On estime que durant cette période, environ 19 000 personnes ont été torturées et 58 ont été exécutées pour des raisons politiques.

La présidence de Fernando Lugo (2008-2012) : un changement de bord politique

Après la chute de la dictature, le parti est divisé et les tensions internes grandissent. En 2008, les élections donnent un résultat inédit. C’est Fernando Lugo qui remporte la majorité des voix. Ce dernier est membre d’une coalition de partis d’opposition de gauche : l’Alliance patriotique pour le changement.

Cependant, ce changement de bord politique n’est pas gage de stabilité. Les années 2008-2012 sont marquées par des tentatives répétées de putsch par l’armée. Fernando Lugo finit par être destitué en 2012. En 2013 de nouvelles élections ont lieu et le parti Colorado récupère le pouvoir. Horacio Cartes devient président d’un Etat affaibli sur la scène internationale. En effet, la destitution de Lugo est jugée illégitime par les pays de la région, comme l’Equateur ou l’Argentine. De plus, le Paraguay se retrouve exclu temporairement d’un certain nombre d’organisations, tels le Mercosur ou encore l’Unasur.

La présidence de Horacio Cartes (2013-2018) : des inégalités grandissantes

Le retour au pouvoir du parti Colorado n’améliore pas la situation du pays. En effet, des enquêtes des autorités américaines ont révélé qu’Horacio Cartes aurait des liens avec un certain nombre d’activités criminelles. Il serait impliqué dans des faits de blanchiment d’argent et de trafic de drogues à la frontière commune avec l’Uruguay et le Brésil.

Depuis la chute de la dictature, la réélection était interdite. En 2017, Cartes a donc tenté de faire approuver une réforme de la Constitution afin de se présenter de nouveau. Cependant, cette initiative a conduit à de nombreuses manifestations, conduites en grande majorité par l’opposition libérale. La modification de la Constitution prévue n’a donc pas été menée à bout, et Cartes démissionne en 2018.

Concernant le bilan économique de cette période, il est assez positif, mais il a mené au renforcement d’inégalités. Horacio Cartes avait encouragé la venue massive d’investisseurs étrangers. Le pays est spécialisé dans la production de soja. Avec cette ouverture à l’étranger, la croissance économique est de 4% par an. Cependant, cette croissance ne bénéficie qu’à une petite partie de la population. La pauvreté reste très élevée, avec un taux avoisinant les 26%. De plus, de nombreuses populations indigènes ont été expulsées de leur terre pour l’exploitation de soja.

La présidence de Santiago Peña : la prolongation de la tradition conservatrice (2023-)

En 2023, de nouvelles élections ont eu lieu. Le parti Colorado les a encore une fois remportées et c’est Santiago Peña qui est devenu président. Son slogan de campagne était : “Paraguay va a estar mejor” (le Paraguay va aller mieux). Une mesure phare de son programme est de maintenir les “traditions”. Il s’oppose entre autres à l’avortement et à la légalisation du mariage homosexuel. Au niveau international, il souhaite renouer des relations avec le Venezuela et maintenir des liens avec Taïwan.

Cependant, la question environnementale est mise de côté. Le Paraguay est particulièrement touché par la déforestation, notamment à cause des cultures intensives de soja. On estime que 4,7 millions d’hectares de forêts ont été perdus entre 2004 et 2021. Malgré ces chiffres alarmants, très peu de politiques de protection des espaces naturels sont mises en place par le gouvernement.