Aujourd’hui comme tous les cinq ans avant chaque élection présidentielle, une part non-négligeable des débats concerne l’Union Européenne. Jugée trop technocratiques par certains qui jugent qu’elle apporte plus d’inconvénients que d’avantages à notre pays, d’autres la juge cependant indispensable.
Bref, il y a une grande variété d’opinion et chaque candidat va devoir se préparer à répondre inlassablement à la question ces prochains mois : « Et vous, si vous êtes élu président de la République, que ferez-vous vis-à-vis de l’UE ? » Faisons aujourd’hui un tour d’horizon des différentes positions des candidats à l’heure où nous parlons.
Attention : pour éviter de se disperser, nous nous sommes concentrés sur les candidats qui mi-décembre disposaient de plus de 5% d’intentions de vote dans les sondages.
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Ils sont europhiles
- Yannick Jadot (EELV) : c’est un des plus fervents défenseurs de l’Union Européenne. Il a été sans discontinuer député au parlement européen depuis 2009 (il a d’ailleurs été la tête de liste de son parti aux dernières élections européennes de 2019. Il avait voté en faveur du référendum de 2005, et souligne la nécessité de continuer le mouvement d’intégration de l’UE notamment par le biais d’une politique environnementale commune plus forte ou de la création d’une armée européenne tout en voulant intégrer de nouveaux pays à l’UE.
- Emmanuel Macron (LREM) : s’il y a bien quelqu’un qui pendant son mandat de cinq ans à la tête de la République française a bien prouvé qu’il pouvait aisément prétendre au titre d’europhile, c’est bien Emmanuel Macron. Que ce soit dans les négociations concernant les clauses du Brexit (où il a souvent su hausser la voix quand cela était nécessaire), l’afflux d’immigrés sur les côtes européennes ou face à la crise du coronavirus depuis mars 2020, le président en exercice pour au moins encore quelque moi a toujours prôné la recherche d’une solution commune aux vingt-huit membres de l’ACR la plus intégrée du monde, une volonté réitérée lors de sa conférence de deux heures à l’occasion du début de la présidence française à la tête de l’Union Européenne.
- Valérie Pécresse (LR) : même si elle « ciottise » actuellement son programme notamment du point de vue de la sécurité et du contrôle de l’immigration, la candidate nommée après le congrès des Républicains en décembre dernier reste très largement en faveur de l’Europe, voulant en renforcer l’intégration. Elle tient toutefois à ne pas céder une trop grosse part de la souveraineté française, notamment en conservant une supériorité du droit français sur le droit européen. A voir dans quel mesure la nécessité de conserver l’électorat du finaliste malheureux du Congrès LR va influer et droitiser sa politique, donc potentiellement influer sur sa position générale à l’égard de l’UE.
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L’Europe, très peu pour eux
- Jean-Luc Mélenchon (LFI) : même s’il a lui aussi été membre du parlement européen pendant huit ans entre 2009 et 2017, l’homme fort de l’extrême gauche depuis maintenant près de 12 ans est bien plus critique à l’égard de l’Union Européenne contre laquelle il a été vent debout notamment au moment de la crise grecque, avant de la juger définitivement trop ancrée dans le libéralisme à son goût. S’il arrivait au pouvoir en France, il renégocierait ou résilierait la plupart des traités européens du passé pour refonder l’Europe avec un nombre d’états réduit.
- Marine Le Pen (RN) : là on entre dans l’euroscepticisme pur et dur. En faveur d’un protectionnisme raisonné, elle s’oppose forcément au libre-échange prôné par l’Union Européenne. Contrairement à certaines idées reçues, elle n’est pas en faveur d’un Frexit mais veut néanmoins quitter la zone Euro pour revenir au franc tout en recourant à une nationalisation de la banque de France. Néanmoins, elle a prouvé en 2017 lors du débat d’entre-deux tours de l’élection présidentielle que ce projet n’était peut-être pas totalement mûr, s’emmêlant les pinceaux au moment d’expliquer la méthode de sortie de la zone euro qu’elle prônait (un comble pour celle qui fut pendant treize ans (de 2004 à 2017) député européenne.
- Éric Zemmour (Reconquête) : Pour finir, peut-être le cas le plus compliqué à gérer parmi tous les candidats pour l’instant déclaré de la prochaine élection. En effet même si il est depuis bien longtemps déjà un essayiste et chroniqueur connu de tous, il n’en reste pas moins que le tout nouveau candidat Zemmour n’a encore jamais été en campagne ! Alors que penser ? D’un côté, Éric Zemmour n’a jamais été le dernier lorsqu’il s’agissait de se montrer critique à l’égard de l’Union Européenne et de Bruxelles qu’il juge responsable d’une grande partie des maux actuels de la France. Pour autant, il reconnaissait récemment dans un débat face à Michel Onfray qu’une sortie pure et simple de l’UE pourrait avoir de graves conséquences et provoquer des dommages sur l’économie française, ce que l’ancien polémiste veut surtout éviter.
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