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Le premier ministre britannique accusé de greenwashing ?

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Rishi Sunak, ministre britannique, accusé de greenwashing

Cet été, Rishi Sunak, premier ministre britannique, s’est engagé à accorder une centaine de nouveaux permis d’exploration et d’exploitation de gaz et de pétrole en mer du Nord, en mettant en avant sa volonté d’agir de manière « pragmatique et proportionnée » face au réchauffement climatique dans un contexte inflationniste. Dans le même temps, il défend l’intérêt de ce projet pour l’indépendance de son pays et la sécurité de ses approvisionnements, eu égard de l’« hostilité » Russe.

Dans une interview accordée à The Sun, il défend que la production d’énergies fossiles en mer du Nord serait même une aubaine pour l’environnement, car cela éviterait l’importation de gaz et de pétrole provenant de « l’autre bout du monde ». Aidant ainsi le pays à atteindre son objectif de neutralité carbone prévu pour 2050.

De ce fait, le gouvernement britannique croule sous les accusations, notamment Greenpeace Royaume-Uni, qui rétorque que  « les carburants fossiles ne sont pas nationalisés au Royaume-Uni », ils appartiennent aux entreprises qui les extraient « et seront vendues aux plus offrants sur les marchés internationaux ».

 

Introspection des politiques vertes britanniques

En pleine remise en question des politiques en faveur de la lutte contre le réchauffement climatique, cet accord vient totalement contrecarrer le projet des travaillistes, donnés en tête des futures élections générales, qui souhaitent abolir l’exploitation pétrolière et gazière en mer du Nord. En cause le coût supporté par les Britanniques des mesures écologistes qui s’ajoutent en pleine crise inflationniste.

 

(Sources : Royaume-Uni: on vous explique le recul des conservateurs sur le climat)

 

Pour le parti conservateur à la tête de Rishi Sunak, les évènements récents à la suite de la guerre en Ukraine montrent la nécessité de s’assurer une indépendance énergétique : « Nous avons tous été témoins de la manière dont [le président russe Vladimir] Poutine a instrumentalisé l’énergie, perturbant les approvisionnements et faisant caller la croissance dans les pays du monde entier […] Maintenant plus que jamais, il est vital que nous renforcions notre sécurité énergétique et capitalisions sur cette indépendance pour procurer de l’énergie plus abordable et propre aux foyers et entreprises britanniques ».

 

Lire plus : 6 conséquences de la guerre en Ukraine mobilisables dans vos copies

 

Or, d’après Mike Childs, des Amis de la Terre Royaume-Uni, cela n’a aucun sens et ne fera que « mettre de l’huile sur le feu climatique » : non loin d’améliorer l’indépendance énergétique du pays, l’acheminement de ces énergies fossiles sera entièrement géré par les entreprises extractrices qui les vendront « sur des marchés internationaux, et non réservé à un usage britannique », rétorque-il.

  

Impassibilité pour le climat

Alors que le GIEC donne des rapports toujours plus alarmants, ce projet qui vise l’indépendance énergétique du pays vient encore plus mettre en danger le futur de la planète. L’Agence internationale de l’énergie lançait déjà la sonnette d’alarme en 2021 : si l’on continue à développer et exploiter des structures gazières et pétrolières, l’objectif de sobriété énergétique ne pourra pas être atteint en 2050.

Cependant Downing Street se dédouane en affirmant vouloir créer simultanément deux sites de captures de CO2 au large de l’Ecosse permettant ainsi de soutenir 50 000 emplois. Or selon Lorette Philippot, des Amis de la Terre France, ces technologies ne sont pas encore matures et surtout très coûteuses.

Accusés d’être très souvent utilisés comme « greenwashing » par les géants pétroliers, ces centres de capture de CO2 « détournent des véritables solutions pour le climat et l’indépendance énergétique : le développement des renouvelables, la rénovation thermique des bâtiments, la sobriété… » déplore-elle.

Ajoutant à cela une certaine apathie pour le climat de la population, qui souffre en partie de l’inflation. En effet, selon un sondage mené par YouGov, 65% des Britanniques se sentent inquiets des conséquences du réchauffement climatique, mais n’adhèrent pas pour autant aux politiques vertes qui leur demanderaient un effort personnel.

 

Perspectives énergétiques en Europe

Pourtant pionnier en matière d’écologie, le Royaume-Uni semble faire machine arrière, d’après le directeur du Think tank européen Strategic Perspectives, Neil Makaroff, renvoyant ainsi un signal négatif dans le monde, à l’image de ses voisins européens.

En effet, plusieurs pays de l’Est de l’Europe, tels que la Pologne, la Croatie ou la Bulgarie sont sur le point d’investir plusieurs centaines de millions d’euros dans de nouvelles structures gazières, d’après les dernières études de Bankwatch.

Dans un même souci de recherche d’indépendance énergétique, la France, en collaboration avec Total Énergies devrait importer environ 3,9 millions de tonnes de GNL (Gaz Naturel Liquéfié) par an, des États-Unis, du Qatar et d’Afrique, selon les Échos. Au même titre que l’Allemagne qui s’apprête à ouvrir de nouveaux terminaux pour importer du gaz liquéfié.

Ainsi, le développement de ces infrastructures « émet des signaux très négatifs » déplore Neil Makaroff : ils risquent d’alimenter « un discours politique néfaste contre la transition écologique ». Mais étant la solution la moins coûteuse et la plus efficace pour assurer l’indépendance énergétique, « si l’on veut vraiment être indépendant, il n’y a pas grand-chose de mieux à faire. », regrette-il.

 

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Morgane Masfrand
Après deux ans de prépa ECG, j'ai à coeur de partager mon savoir et mes acquis de cette expérience enrichissante au sein de Msiter Prépa, en parallèle de mon admission à Rennes School of Business.