Inflation, croissance, taux d’intérêt, politiques monétaires… Voilà des grandes thématiques dans l’air du temps que l’on retrouve souvent en ESH. Plein de sujets invitent à traiter ces thématiques et les attentes des jurys d’ESH sont claire : les représentations graphiques et mathématiques sont de plus en plus demandées. Je vous propose dans cet article de s’intéresser à une équation qui cible ces parties du programme, quoi de mieux pour se démarquer que de maîtriser la règle de Taylor.
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La représentation mathématique de la règle de Taylor (1993)
It = r + πt + α(πt-π*) + β(yt-y*)
Il est important lors de l’utilisation d’une équation en dissertation d’ESH de bien expliquer ce que signifie chaque variable :
- It = taux d’intérêt nominal à l’instant t
- r = le taux d’intérêt réel de long terme
- πt = le taux d’inflation à l’instant t
- π* = le taux d’inflation cible pour la banque centrale
- α = coefficient de pondération d’inflation
- β = coefficient de pondération de croissance
- yt = le taux de croissance à l’instant t
- y* = le taux de croissance cible
A savoir que α et β sont positifs avec α + β = 1
Comprendre le fonctionnement et savoir expliquer la règle de Taylor
Pour commencer, il faut comprendre que la règle de Taylor permet d’orienter le choix de la politique de la banque centrale, cette équation explique que It est défini en fonction de l’inflation et de la croissance. Taylor explique qu’il faut faire un arbitrage entre inflation et croissance. Il faut donc prendre en compte les caractéristiques d’une banque centrale pour voir comment cette règle permet d’aiguiller sa politique. Comprenons d’abord l’effet stabilisateur de la règle de Taylor :
- Lorsque πτ < π* et que yt < y* cela signifie que le taux d’inflation est plus faible que le taux d’inflation souhaité et que le taux de croissance est lui aussi inférieur au taux de croissance souhaité. Dans ce cas, la banque centrale pourrait diminuer les taux ce qui permettrait de relancer en partie l’activité notamment par le crédit qui deviendrait plus abordable et d’autre part, une baisse des taux d’intérêt favorise l’inflation.
- Lorsque πt > π* cela signifie que le taux d’inflation observé est supérieur au taux d’inflation cible. Dans ce cas, la banque centrale est invitée à augmenter les taux d’intérêt puisque par mécanisme, la hausse des taux d’intérêt permet de lutter contre l’inflation.
Voilà deux exemples pour bien comprendre le fonctionnement de cette équation en fonction des caractéristiques que possède une banque centrale :
- Prenons le cas particulier de la BCE, elle a pour objectif de réguler l’inflation et de la stabiliser à 2% dans la zone euro. Dès lors, le coefficient β est nulle puisqu’elle agit seulement sur le niveau d’inflation.
- La FED quant à elle, prend aussi bien en compte l’inflation que d’autres variables telles que l’emploi et les taux d’intérêts réels. Par conséquent, elle peut à la fois jouer sur le coefficient de pondération α et sur le coefficient de pondération β, dont les valeurs respectives résultent d’un choix en fonction de l’importance qu’a la lutte contre l’inflation et de l’effort pour maintenir la croissance. Le fait de pouvoir agir sur les deux coefficients de pondération permet alors à la FED d’orienter sa politique de cette manière :
- Si l’inflation est trop forte alors la FED aura tendance à diminuer le coefficient α
- Si la croissance n’est pas suffisante alors la FED aura tendance à augmenter le coefficient β
En 1993, quand Taylor publia la règle, il avait choisi les valeurs α= 0,5 et β= 0,5.
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L’actualité de la règle de Taylor : que pouvons-nous en faire ?
Comme mentionné dans le titre de la première partie la règle de Taylor date de 1993. On peut alors s’interroger sur son efficacité aujourd’hui, si elle est dépassée ou bien obsolète. Les avis divergent, mais des économistes tels que J. Couppey-Soubeyran propose une relecture de cette règle pour le remettre au goût du jour. A mon sens, ce qui est important de comprendre à propos de cette règle pour les concours, c’est cette notion d’arbitrage qui aiguille la politique de la FED. La règle de Taylor elle-même peut faire l’objet d’un sujet de dissertation le jour du concours. En effet, il est déjà arrivé qu’un sujet de dissertation au concours soit inspiré d’une courbe vue en ESH, l’intitulé du sujet d’ESH pour HEC 2016 était : Les Etats ont-ils encore à arbitrer entre le chômage et l’inflation ? on retrouve au cœur du sujet cet arbitrage entre inflation et chômage qu’on retrouve également dans la courbe de Philips. Un sujet similaire pourrait vous demander de traiter sans que ce soit dit explicitement l’arbitrage mis en exergue par cette règle qui prend en compte la croissance et l’inflation.
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